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"Contemplation", "Méditation", "Clôture", "Silence", "Ascèse", "Solitude", "Gentillesse"

" 7 mots-clés pour une vie contemplative"

Abstract: Un choix de priorités pour entrer dans une vie contemplative...

Pour le moment, sept mots-clés pour ma vie contemplative. Sept mots qui appartiennent d'une manière ou l'autre à quasi toutes les traditions contemplatives (chrétiennes ou non). Il y a d'autres mots mais qu'importe puisque ceux-ci me suffisent déjà.

 

Contemplation.

La raison d'être, la justification de tout. Entendre le vieil arbre et le silence qui me parlent d'être. Entendre Dieu dans la voix du vieil arbre et du silence.

Échange; une complicité surnaturelle me relie à tout.

Un brin d'herbe me dit sa difficulté d'être et l'humilité de sa quête coincée entre deux dalles de pierre.

Le temps se fait matière précieuse et se débarbouille de tout attribut délétère: Il n'y a plus ni perte, ni mort, ni décompte.

La contemplation comme conscience d'autres consciences.

La contemplation c'est la jouissance contagieuse de Dieu.

 

Méditation.

Travail sur les frontières du moi, de l'autre, de l'autre en moi, du Tout Autre.

Travail de lucidité sur l'illusion et l'incontournable, sur le moi et l'impermanence, sur le divin et le profane, sur le duel et l'indicible, sur l'intransmissible et la relation.

La méditation, long travail de discernement, pour clarifier la conscience.

 

Clôture:

Une clôture à la mesure de ma limite; pas tout, pas trop et du repos parfois. Je ne suis pas tenu à l'impossible. Mon domaine volontairement rétréci comme allégeance honorable à cet impossible...

Quelques pierres, un arbre, la pluie et le vent... Cela suffit. Réduire la surface pour étendre la profondeur. Peu importe ce que je perds; je ne connaîtrais bien qu'une seule chose hors de moi que je connaîtrais tout.

Ce n'est pas de pauvreté dont il est question ici, sinon peut-être de la pauvreté de mes moyens. Pas tout, pas trop; juste un tout petit peu plus que ce dont je suis capable pour gagner une perspective et pouvoir mieux gérer mes frontières.

La clôture à la mesure de l'humilité donc (pas l'humilité qui naîtrait de l'éthique mais celle qui naît de la lucidité). La clôture pour me sauver de la distraction, de la dispersion des ressources.

La clôture comme image de la fidélité conjugale ou vice-versa: Le signe et le moyen de l'ampleur d'une relation.

 

Silence:

C'est la première pierre de la clôture.

Le silence comme langage. Le Verbe enfin, qui s'engouffre en moi. Il fallait ce vide pour lui donner place.

Pour le novice, c'est ici que tout commence. Lorsque le bruit cesse, l'harmonie naît. L'altérité devient possible.

Plus tard peut-être, le silence même dans le tumulte.

 

Ascèse.

C'est la deuxième pierre de la clôture. Ascèse asservie aux exigences de la méditation. Ascèse aussi distante de l'éthique que le jour de la nuit.

C'est le bistouri pour m'extraire de la bogue, la plus subtile des prisons. Ascèse comme matrice de la liberté.

Ascèse comme alambic spirituel parce que je ne m'identifie pas à mes désirs, parce que des désirs me séparent de moi.

Désagréable par définition, mais incontournable tant qu'un désir fera obstacle à ma contemplation.

 

Solitude.

C'est la troisième pierre de la clôture.

Elle n'est pas bonne, elle est nécessaire. Solitude comme préparation à toute relation contemplative.

Mon semblable n'est pas Dieu. Mon semblable Lui ressemble trop. Il me possède plus que Dieu. Il est au coeur de presque tous les désirs qui me séparent de Dieu.

Solitude comme traitement de ces concupiscences qui pourraient me distraire de l'être: le paraître, le jeu, la dominance, la richesse.

Solitude toujours provisoire, jamais absolue. Solitude à combattre même, dès qu'elle serait un signe de la peur.

 

Gentillesse:

La gentillesse comme signe de la reconnaissance joyeuse de ma limite, comme jouissance de l'altérité. Gentillesse vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de mes semblables, des animaux, des plantes, des pierres et de moi-même. Gentillesse dans mes prières, dans mes textes, dans mes chants. Gentillesse comme style, comme moyen, comme intention des relations. Agapê!

 

Chiangmay, mars 2008.