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NB Cet article a été d'abord publié par "DILATO CORDE", la revue du "Dialogue Inter-religieux Monastique" (Cf. "DIMMID.org").

NB bis Une version plus complête et donc plus compliquée de cet article est disponible sur le même site. Il est conseillé de commencer par cette version synthétique.

 

COMPASSION CHRÉTIENNE ET COMPASSION BOUDDHISTE

Abstract: la compassion, qui, à sa racine, est non morale et "passive", invite à une réaction qui n'est pas exactement la même dans le Christianisme et dans le Bouddhisme. Cette différence ne réduit pas les possibilités de Dialogues entre ces religions mais, au contraire, permet d'approfondir les performances spirituelles de toutes les deux!

Le Bouddhisme et le Christianisme font grand cas de la compassion. Mais est-ce exactement la même chose que chacune de ces religions recouvre par ce mot? Il y a de solides arguments qui nous affirment le contraire.

Est-ce aux philologues d'élucider les similitudes et les différences de sens dans l'usage biculturel d'un tel mot? Les avis des philologues sont évidemment très précieux mais je voudrais montrer qu'il serait opportun de remonter parfois en amont des langages, des conventions culturelles, là où se découpent des symboles élémentaires dans la vie spirituelle indifférenciée du nouveau-né. On constatera alors, hélas ou tant mieux, qu'il n'y a aucune chance d'épuiser les malentendus par une étude strictement philologique… Dictionnaires des langues et des cultures, sciences religieuses et histoire, étymologie… rien, absolument rien de cet ordre ne pourra nous aider…

Il serait naïf de croire que l'observation du terrain réconciliera de toute façon les deux clans parce que les réalités de la souffrance sont universelles. C'est justement l'observation de ce qui se passe sur le terrain qui, la première, me mit en garde contre un problème d'homonymie et cette confusion me semble trop peu dénoncée par les traducteurs, moralistes, philologues et autres théologiens.

Commençons donc par le début et laissons quelques instants, voulez-vous, les sages et les savants de côté. Allons sur un champ de bataille où Bouddhistes et Chrétiens de bonne volonté se retrouvent. Nous reviendrons à la sémantique et à l'éthique plus tard.

 

Le champ de bataille

J'ai passé six ans à soigner dans des conditions précaires des mourants du SIDA que le corps médical thaïlandais ne voulait plus prendre en charge. J'avais en moyenne un à deux morts par jour. Le mouroir était aussi un monastère du Bouddhisme Théravada... Le charismatique supérieur de ce monastère, à la fois pour attirer l'argent nécessaire au financement de son oeuvre (pas de financement étatique) et par souci de combattre l'épidémie du SIDA, avait donc aussi fait de son monastère un haut lieu d'information et d'éducation.

Il passait chaque semaine non pas des dizaines mais des centaines voire des milliers de visiteurs dans les deux salles d'agonisants où je sévissais: des bataillons militaires, des écoles, des touristes, des guérisseurs, des bonzes, des pèlerins, des prêtres, des journalistes, des communautés religieuses, des sectes...

J'ai été là le témoin privilégié de la rencontre tout à fait exceptionnelle (non seulement par sa brutalité mais aussi par sa rareté) entre la souffrance de mourants et les réactions compassionnelles de divers groupes culturels.

Tous ou quasi tous ces visiteurs éprouvaient un grand malaise en face de ces agonisants, très jeunes pour la plupart, et dont les symptômes pouvaient en l'occurrence prendre des tournures très spectaculaires (Cf. Aids Hospice et, par exemple, le très court VDO "Spouse ").

J'ai pu remarquer quelques différences récurrentes dans les manières de réagir au spectacle de la souffrance. Les origines culturelles de ces visiteurs indiquaient clairement quelque chose.

La différence de comportement entre les visiteurs issus de l'Occident et les visiteurs venus de Thaïlande criait aux yeux.

Pour faire court, je dirais qu'en face des souffrants, le «maternage» semblait le premier devoir ressenti par les Occidentaux alors que la «générosité» semblait le premier devoir des Thaïlandais.

J'entends ici par «maternage» un désir de chérir l'agonisant et d'amortir ses souffrances… Les Occidentaux se focalisaient donc beaucoup plus que les Thaïlandais sur des questions d'accompagnement, de nursing, de psychologie et de médecine (analgésie!).

J'entends ici par «générosité» ce que l'on en dit en Occident: un certain rapport entre l'avoir et le partage… l'inverse de l'avarice. Les visiteurs Thaïlandais venaient quasi toujours avec des cadeaux. Ils apportaient de la très bonne nourriture, des fleurs, des cercueils (!)... Ils glissaient un billet de banque entre les doigts des mourants sans négliger ceux qui n'étaient déjà plus conscients… En sortant du mouroir, il n'était pas rare que les plus pauvres y laissent la moitié de leur salaire…

Les Occidentaux, pourtant bien plus riches, en général ne laissaient qu'un billet de 20 ou 100 euros qu'ils remettaient avec des consignes d'usage (insupportablement précises) au personnel déjà surchargé de tâches.

À l'époque, avec mes idées très simples, je pensais donc que les Thaïlandais étaient curieusement dépourvus de compassion alors que les Occidentaux étaient vraiment très peu généreux... Mon analyse était grossière mais j'avais au moins déjà pressenti qu'il existe un réel décalage culturel dans les manières de réagir au spectacle de la douleur et de la mort.

Le langage n'entre même pas en ligne de compte ici car, pour diverses raisons (dont la timidité et les angoisses de contagiosité n'étaient pas les moindres), il était le plus souvent impossible à ces gens de rentrer en communication verbale avec les agonisants. J'observais bien des attitudes, pas des mots, pas des pétitions de principes.

Le supérieur du monastère-hospice ne faisait pas exception à la règle. Il passait une à deux fois par mois dans les salles d'agonies. Il savait que je manquais de morphine mais en six ans, il ne vint jamais en mettre à ma disposition. Il avait pourtant dans son pays une carrure charismatique suffisante pour en obtenir même gratuitement et avec très peu d'efforts. En fait, le vrai problème n'était ni juridique ni logistique ; surtout et avant tout, ce bonze ne se sentait pas vraiment concerné par la question de réduire la douleur éprouvée par ses protégés.

550 morts par an… Pas de morphine… Chez nous, il y aurait eu un scandale d'ampleur nationale en moins d'une semaine!

La seule source de morphiniques dont je pus finalement faire profiter mes malades étaient les Occidentaux les plus courageux qui, au nom de la compassion justement, décidaient de prendre des risques énormes en franchissant les frontières avec de la morphine dans leurs bagages. (Ils avaient organisé des récoltes de morphine sur les tables de chevet des morts d'Europe, de Hollande principalement où semble-t-il on meurt encore souvent à domicile).

Le bonze le savait et en souriait sans y déceler plus qu'une fantaisie d'Occidental. L'Occident, ce moine bouddhiste le trouvait d'ailleurs résolument trop émotifs en présence de douleurs…

Les médecins, les professeurs d'université, les hommes d'affaires et autres puissants de la Thaïlande contemporaine qui sont passé pour une raison ou l'autre dans le mouroir ces années-là, à quelques rares exceptions près, semblaient tous penser les priorités morales exactement comme le Bonze

 

Ébauche d'analyse.

Pendant des années, je ne voyais derrière le mot «compassion» qu'une action charitable produite en faveur des malheureux. Plus tard, lorsque mes outils d'introspection se sont améliorés, la compassion est devenue pour moi quelque chose de plus complexe puisque j'y repérais d'une part une perception purement sensorielle (un malaise passivement ressenti lorsqu'une douleur est observée) et d'autre part, la réaction à ce malaise.

C'est la réaction au malaise suscité par le spectacle de la douleur qui donne à la compassion sa dimension morale. Comme la manière de produire une valeur morale peut varier considérablement non seulement en fonction de la maturité et de l'expérience mais aussi en fonction de la culture, c'est toute la compassion qui va prendre des caractéristiques culturelles.

Alors que dans telle culture le spectacle de la douleur et les tendances morale inclinent à un style de comportement, dans telle autre culture, le même spectacle inclinera peut-être à d'autres attitudes...

C'est bien ce que j'observais sur le champ de bataille!

Au fur et à mesure que ma perception des différences culturelles s'étoffait, la gestion du mot «compassion» se compliquait. En théorie au moins, je pouvais déjà concevoir des situations où l'attitude compatissante de l'un serait jugée non compatissante par l'autre. D'une manière plus générale, donc pas spécifiquement en connexion avec la compassion, je devinais que ce type de malentendus pouvait susciter bien des guéguerres religieuses ou politiques en dehors des mouroirs… Il y a toujours moyen d'éviter les guéguerres en commençant par essayer de mieux nous comprendre les uns les autres bien sûr. Mais cela exige un travail sur des homonymies pas toujours très visibles et qui subrepticement pervertissent le Dialogue interreligieux.

Pour en revenir plus strictement à la compassion, la modernité qui fait trop peu cas des différences spirituelles, pour éviter ce genre de malentendus, a tendance à vider le contenu symbolique spécifique de ce que chaque culture appelle «compassion» pour n'y laisser que le dénominateur commun, c'est-à-dire cette sensation particulière qui nous fait vibrer lorsqu'on observe la douleur d'un autre.

C'est, me semble-t-il, ce que, subrepticement, le langage de tous les jours tend à faire en Occident et en Orient. Peu de croyants s'effarouchent des quelques contradictions éthiques que cela induit par rapport aux anciennes Traditions spirituelles.

Voilà donc que monsieur Untel, qui vient de suivre le compte rendu d'une catastrophe à la télévision, tend à croire qu'il est «compatissant» parce qu'il est sensible à la douleur des malchanceux qu'il vient de voir. Dans un même temps, le vieux sage chrétien dira plutôt que monsieur Untel est moins compatissant que jamais puisqu'il n'agit pas alors qu'il ressent très bien ce que ces malchanceux vivent comme épreuves!

La sphère médiatique gagne sa croûte en laissant ses clients se gargariser de cette pseudo-compassion en veux-tu en voilà…

Je ne pense pas que monsieur Untel reste inactif parce qu'il sait que son gouvernement va agir en son nom! Je pense pas plus que monsieur Untel reste inactif parce qu'il n'y a rien qu'il puisse faire. À de très rares exceptions près, ces excuses ne résistent pas à l'analyse que je n'aurai pas la faiblesse de développer ici par crainte de trop me dévêtir moi-même! Monsieur Untel ne fait rien, pas même un versement électronique, parce que monsieur Untel n'a souvent pas beaucoup de compassion dans le sens religieux du mot…

En fait, cette espèce de pseudo compassion que ressent ce monsieur Untel scotché au JT est aussi perverse que celle de Mr. Y qui va voir une exécution capitale sur youtube ou ailleurs. Ce n'est pas par compassion envers les victimes du criminel ou du criminel lui-même que monsieur va au spectacle! Ce qui l'amène au pied de l'échafaud, ce n'est pas de la compassion pour qui que ce soit mais une pulsion sado-masochiste mal conscientisée ou mal gérée.

Chaque spiritualité utilise le mot «compassion» dans un sens qui a toujours été saturé de connotations éthiques très précises et spécifiques. Un bon Chrétien ou un bon Bouddhiste ne pourra jamais se considérer comme compatissant simplement parce que ses neurones s'agitent lorsqu'il regarde des gens souffrir. Ne doit-on pas alors craindre un effet pernicieux indirect de la nouvelle sphère médiatique sur l'interprétation des grandes Traditions spirituelles? Si le mot «compassion» est laissé à sa dérive sémantique sur laquelle il est en train de glisser, la consultation des Traditions spirituelles exigera un effort de réinterprétation de plus en plus conséquent…

Une fois n'est pas coutume, sur cette question sémantique, soyons donc un peu conservateur.

Les déconstructions mentales que fait l'acteur du Dialogue Interreligieux l'entraîne immanquablement dans des territoires symboliques plus compliqués. À lui, d'assumer et de faire assumer (autant que faire se peut) les quelques ambiguïtés linguistiques que cette complexité entraîne.

La compassion des Bouddhiste n'est PAS identifiable à la compassion des Chrétiens ni à celle des Musulmans, ni à celle des Chamanistes, ni à celle des Marxistes, etc.

En fait, pour le mot «compassion», l'homonymie que va découvrir celui qui compare les religions ne porte pas à lourdes conséquences. La compassion des Bouddhistes par exemple n'est pas franchement incompatible avec la compassion des Chrétiens, ni avec celle de la laïcité matérialiste (qui fonctionnent souvent avec une éthique chrétienne), ni avec celles des divers animismes, etc.

Tout le monde admettra qu'en dehors de quelques rares questions précises comme celles de l'euthanasie et des traitements par euphorisants majeurs, les diverses formes de compassions ne s'excluent pas les unes des autres… De ce côté-là, sur le terrain, pas ou peu de guéguerres en perspective (sauf pour le microcosme des médecins).

Par ailleurs, ces variations sur le sens des mots cruciaux en fonction de l'appartenance religieuse ne peuvent être sources de confusions que pour ceux qui travaillent aux périphéries de leur propre culture religieuse, là où des cultures religieuses différentes se touchent. (Les Chrétiens qui travaillent depuis peu chez les Bouddhistes par exemple auront effectivement plus que les autres l'envie de dire que les Bouddhistes ne sont pas compatissant et que leur usage de ce mot est hypocrite…).

D'aucun répondra que les différentes cultures religieuses, aujourd'hui, sont en contact absolument partout et que ce genre d'ambiguïtés langagières empoisonne donc aux racines la coexistence pacifique des diverses confessions dans quasi toutes les grandes villes contemporaines. Il ajoutera que s'il est vrai que l'ambiguïté du mot «compassion» ne conduit probablement pas souvent à de lourdes conséquences, qu'en sera-t-il pour d'autres mots comme «universalité», «impureté», «fidélité», «fraternité»…

Cette objection est exacte, mais l'argument n'est pas fort assez pour nous incliner à condamner ce «conservatisme» sémantique évoqué plus haut; il faut résoudre ces confusions mais pas les dissoudre subrepticement comme le fait la sphère médiatique. Il faut démystifier des algorithmes de passage d'une culture à l'autre. La solution ne doit pas être un appauvrissement sémantique.

C'est de bon droit que toutes les spiritualités accordent de l'importance aux commentaires spirituels de leurs anciens adeptes (la «Traditions» avec un grand «T»). Dans toutes ces spiritualités, quelques maîtres ont rejoint les plus hautes sphères de la subtilité spirituelle, de l'humanisme et du mérite en grimpant sur les épaules de leurs prédécesseurs qui eux-mêmes montaient déjà sur les épaules de leurs prédécesseurs… Que ferait-on d'une telle pyramide si en cours d'ascension un mot comme «compassion» dont ils usent et abusent venait à signifier quelque chose de neuf? Dans le monde chrétien par exemple, pour ne pas compromettre la fermeté de l'assise évangélique, ne serions nous pas alors obligés de changer les mots du Christ, et puis ceux de saint Paul, et puis ceux d'Augustin… Bref tout recommencer à zéro? Dans quels labyrinthes s'engagerait-on alors qu'il y a déjà tant à faire pour déconstruire les autres effets pernicieux de l'histoire si l'on veut retrouver le sens original des textes!

Tous ceux qui ont fréquenté de près les cultures étrangères sentent que le carrelage symbolique sur lequel danse le langage est bien plus que le langage lui-même au cœur des différences spirituelles. Pour un Chrétien, bien comprendre le Bouddhisme, ce n'est pas être capable de lire Bouddha en faisant un bon usage du dictionnaire pali/français ou sanscrit/français. Manifestement, la maîtrise des langues vivantes n'est pas non plus d'un énorme secours. Il est à parier que le mot «compassion» restera traduit par «compassion» longtemps encore par les plus éminents philologues… Il n'y a pas de meilleure traduction à proposer!

En dépit de ce que j'ai écris plus haut, il ne nous est pas permis de traduire le mot «compassion» lorsqu'il est utilisé dans le Bouddhisme Théravada par celui de «générosité». Il y a pour cela de multiples raisons dont la principale est évidement que la «générosité» n'implique pas nécessairement le malaise ressentit lors du spectacle de la souffrance… De même, pour des raisons encore plus évidentes, il ne sera jamais question de substituer le mot «compassion» par celui de «maternage» dans la sphère chrétienne…

Pour comprendre Bouddha, ou Jésus, le philologue doit donc céder sa place à l'herméneute. Le dialogue interreligieux doit s'enraciner en amont des études linguistiques. Nous parlerions tous le même langage que nous devrions encore et toujours travailler à démystifier nos différences.

Manifestement les Bouddhistes n'ont pas divisé le cosmos spirituel comme nous l'avons divisé en Occident; aucune des entités élémentaires qui composent le sens de leurs mots n'a des frontières parfaitement identifiables aux entités élémentaires que nos propres langages manipulent. Sans l'herméneutique qui, j'en conviens complique fameusement les choses, il n'y a pas moyen de dépasser les ambiguïtés des mots importants porteurs d'homonymies.

Pour être clair, prenons un autre mot; ce que les Bouddhistes désignent par exemple par le mot «pardon» est un ensemble d'entités élémentaires qui ne correspond pas non plus et ne correspondra jamais à ce que les chrétiens désignent par ce même mot. L'herméneutique montre l'impasse d'une manière irréfutable. Je pourrais aussi parler du mot «désir», du mot «volonté», etc.

Il n'y a pas de place pour le pardon chrétien dans une législation karmique… Dans le Christianisme, un enchaînement d'attitude «A+B+C» peut devenir «A+C» par le pur miracle de l'intervention supra-temporelle d'un Dieu bon. Mais dans l'empire du karma ou rien ne s'efface, pour obtenir a peu près le même mérite, il faudra passer de «A+B+C» à «A+B+C+D» où «D» est un nouvel acte vaguement égal à «-B» mais que le Bouddhiste doit faire. Il n'y a rien à faire pour obtenir la Rédemption. La grâce des Chrétiens est donnée ou n'est pas donnée mais elle ne dépend pas de nous. L'amour chrétien n'est pas conditionné par le temps. Dans le puzzle spirituel Bouddhiste, pas de chiffon pour effacer l'ardoise du temps. Dans les «Productions Conditionnées» de Bouddha (Cf. le «Paticcasamuppada»), la science se sentira probablement à l'aise mais pas de place pour une grâce; la balance et rien d'autre! La matière spirituelle nécessaire à la représentation d'un Dieu Rédempteur ou du pardon chrétien est déjà mobilisée ailleurs dans la sphère bouddhiste. C'est dire aussi que dans le meilleur des cas, l'éthique chrétienne ne ressemble que très vaguement à l'éthique bouddhiste. Sur le terrain, la différence se paye cash! Le Karma donne aux douleurs et à la mort des colorations culturelles qui laissent le Chrétien parfois purement et simplement sidéré…

S'il y a une intelligence de la différence religieuse, pour y accéder, il faudra donc d'abord et avant tout bien dissocier la strate linguistique de la strate symbolique. L'ordre des mots n'est pas l'ordre des symboles que ces mots remuent. Lapalisse en aurait dit autant, mais Lapalisse n'aurait peut-être pas antant que nous devrions le faire focalisé son attention sur la possibilité ou non de briser les symboles en nouveaux symboles élémentaires plus petits devenus ainsi susceptibles de servir comme des nouvelles variables dans la démystification des nuances culturelle les plus subtiles.

Il fallait par exemple que je divise mentalement la compassion en une composante passive (le malaise premier) et une composante active (la réaction influencée par la morale) pour être en mesure de trouver un pont fiable pour passer de la compassion chrétienne et la compassion bouddhiste lors des discussions du Dialogue.

Le travail sur ce que j'ai appelé ici «symbole», contrairement au travail du philologue, n'est pas un travail sur des conventions linguistiques mais il est tout de même vaguement influencé par l'environnement culturel et la fréquentation des sciences.

La misère d'une telle entreprise de déconstruction qui est pourtant de la plus haute utilité pour le Dialogue interreligieux et l'histoire comparée des religions, c'est bien de ne pouvoir se proclamer qu'à travers le langage qui est par essence truffé de conventions…

Ce sujet-là je ne vais pas le développer ici car il demanderait beaucoup plus de place que ce qu'un simple article peut offrir. (Vous pourrez trouver plus d'information à ce propos en consultant d'autres titre dans la section de ce site dédiée au Dialogue Christiannisme/Bouddhisme. Ces articles sont évidemment tous en perpétuelle ré-écriture puisque ce site est un écho de mes recherches actuelles)

 

 

paul yves wery - Chiangmay, juin 2011 (publié par "Dilato Corde" en Juillet)

 

 

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