Je touche la chair spirituelle de l'objet ou du sujet par la contemplation. Je délimite les frontières de l'objet ou du sujet contemplé par la méditation. Il y a une dialectique entre la contemplation et la méditation. La contemplation est affaire d'amour, d'être, de compassion... La méditation est affaire de raison, de lucidité, de déconstruction, de percept, d'épistémologie, de décantation, de distinction entre symbiose et parasitisme, de...

Dans l'ordre symbolique des Bouddhistes, au bout de l'activité méditative il y a la dissolution pure et simple de toutes les frontières, ce qui donne à la contemplation finale la couleur du nirvana...

Dans mon ordre symbolique, celui que j'appelle Dieu à cause de mon formatage linguistique chrétien, me demande d'aller toujours plus avant dans ce jeu dialectique pour que "je" puisse me rapprocher toujours un peu plus du sens "de tout" et "du Tout".

La substance spirituelle qui remplit l'objet ou le sujet se raisonne mal, elle se contemple. Mais méditer les frontières de l'objet ou du sujet c'est aussi le contempler... L'un ne va pas sans l'autre. Ce travail double qui forge la lucidité est inhérent à la maturation spirituelle parce que ce que ma lucidité ainsi acquise change, ma manière de contempler et de méditer. Je m'aperçois très vite dès le début de ma vie spirituelle que toute confusion de frontières mène au gaspillage de ma durée et de mes ressources. Je dois arriver à appeler un chat «un chat». Je ne voudrais pas me croire plus charitable parce que je prie pour les nécessiteux... Je ne voudrais pas me croire plus humble parce qu'un prêtre marquer mon front d'une croix de cendres... Je dois impérativement conscientiser précisément les limites symboliques des entités que mon cerveau utilise pour pouvoir contempler. Un mystère n'est pas une énigme, une identité n'est pas un corps, le désir n'est pas la volonté, la sympathie n'est pas le désir...

Je dois utiliser la raison critique, la mathématique, la philosophie, le vipassana, la neurologie... C'est le prix de la distinction de l'activité spirituelle des autres formes d'activités mentales. Il m'est extrêmement profitable d'arriver à distinguer la spiritualité de la magie, de la science, de la morale, de la culture... Le travail n'est pas fini. Il faut encore mieux conscientiser les frontières entre la spiritualité et la psychologie, entre la spiritualité et la métaphysique, entre la spiritualité et l'éthique...

Le refoulement des frontières du spirituel ne réduit aucun territoire, ni le mien ni celui de la spiritualité. C'est l'inverse plutôt; c'est le mélange des catégories qui m'emprisonne et qui bâillonne la contemplation de ce qui me libère réellement.

Description d'une technique de méditation: le Vipassana