Impératifs incompatibles dans la cité Si je n'ai la liberté que de désobéir aux consignes de ma conscience, il n'y a aucune chance de pouvoir cohabiter avec des hommes dont la morale fonctionne différemment sans qu'il soit nécessaire, parfois, de sacrifier l'un ou l'autre impératif des parties en présence. Confrontée à cette difficulté, la cité cosmopolite cherchera un compromis par l'imposition d'une éthique utilitariste dont les conséquences morales pour certains de ses citoyens de bonne volonté pourront être désastreuses. Certains citoyens en effet se retrouveront au pire éliminés et au mieux privés de liberté de conscience. L'atmosphère de la cité cosmopolite sera inévitablement électrisée par des conflits de conscience inhérents à son administration. Les autres citoyens, les chanceux (ou les vainqueurs!), ceux qui dans cette cité ne seront ni éliminés ni même privés de leur liberté de conscience par une heureuse coïncidence entre l'éthique utilitariste de la cité et leur morale personnelle, risquent malgré tout de ressentir parfois un inconfort: s'ils condamnent un concitoyen ayant manifestement une "autre bonne volonté", ils sauront qu'ils jugent non pas au nom d'une vérité mais au nom d'une pseudo "certitude" toujours discutable. Cette inconfortable soupçon est peut-être ce qui préside la volonté des hommes dignes de ce nom lorsqu'ils s'acharnent à rendre les prisons les plus décentes possible et à dissocier le concept d'isolement de celui de punition. Lorsqu'un tel homme acquiert la perception de la contingence de son principe de conscience (quatrième stade de la maturité), sa manière de produire des valeurs, des remords et des regrets ne sera pas pour autant totalement transformée. Une option eschatologique n'est pas nécessairement invalidée par sa simple mise en perspective critique. (Pour plus de détails, voir l'analyse du quatrième stade de la maturation morale)
********************* ********************* |