Dans le Bouddhisme la pensée est un sens au même titre que le toucher ou l'ouïe par exemple*. Par contre, la «Vision Intérieure» n'est pas une perception sensorielle. Elle surgit d'un certain traitement méditatif des perceptions sensorielles. La «Vision Intérieure» n'est pas une expérience comparable à la chute d'une pomme mais elle n'est pas plus la réflexion que Newton tire de la chute des pommes. Chute des corps et théories physiques sont deux perspectives différentes d'une même illusion. La «Vision Intérieure» serait plutôt l'assise de toutes les expériences et théories possibles. Toutes les expériences ne seraient que des accidents de cette vérité.

La "Vision Intérieure", pour un non-Bouddhiste est un dogme, un acte de foi, comme toujours dès qu'on affirme une vérité finale. (Les théories physiques par contre ne sont pas des dogmes puisqu'elles se fondent sur des axiomes reconnus comme tels et qui ne peuvent donc prétendre épuiser la connaissance de la réalité.)

Si pour beaucoup de Bouddhistes la "Vision Intérieure" ne passe pas spontanément pour un dogme mais pour une fatalité expériementale, c'est me semble-t-il parce que le Bouddhisme n'intègre pas dans son ordre symbolique le mystère comme l'Occident l'intègre. La fameuse 'Vacuité' des Bouddhistes par exemple n'est pas un mystère dans le sens que nous accordons en Occident à ce mot. Le contenu du mystère est et reste bel et bien circonscrit dans la sphère de la dualité! Il n'est pas inéffable, il est inépuisable, ce qui n'est pas la même chose. Au contraire la Vacuité Bouddhiste est le mot qui recouvre une réalité ineffable parce que non duelle et la "voie du milieux" la démystifierait totalement (cf. théologie de Nagarjuna par exemple qui fait bien valoir les implications critiques de la non-dualité dans les leçons de Bouddha) .

 

 

* Vous pouvez lire en traductions comparées ce que Bouddha dit des six sens dans le Maha-Satipatthana-Sutta en cliquant ici.