Le Vipassana et les cadavres
Dans le Maha-Satipatthana-Sutta, la dernière partie du chapitre consacré à la 'contemplation du corps est étonnante: Bouddha propose à ses moines d'observer attentivement des cadavres en décomposition dans les fosses communes.
Cette approche du texte n'est pas fausse mais incomplète. Il faut rester conscient de l'intention principale de l'exercice. Malgré quelques trompes l'oeil, il me semble que ce qui est important ici, ce n'est pas tant la mort elle-même que l'impact qu'un cadavre peut avoir sur notre vie biologique actuelle. Puisque cet exercice est proposé dans le chapitre dédié à la contemplation de notre corps, soyons attentifs à toute la corporéité des révulsions, corporéité de l'étonnement, corporéité de l'angoisse... Essayons de déconstruire les germes du malaise, la source de la sueur froide... Analysons les prodromes physiques de l'agacement, de l'amusement, de l'exaltation éthiques ou métaphysiques. Bouddha semble se délecter de réciter les détails piquants d'un cadavre en putréfaction pour exacerber ces réactions viscérales (corporelles)! L'impression de n'être qu'une bulle passagère dans la grande savonnée cosmique peut être profitable au méditant, mais cette impression est déjà une interprétation d'une autre chose qui est plus directement sensorielle et il est utile de n'en pas être dupe. C'est certainement un des buts de cet exercice. Évitons aussi la dérive "moralisatrice" classique qui invite au mépris du corps. Bouddha n'est pas un grand contempteur du corps. Le Bouddhisme Théravada ne demande à ses moines ni d'être dégoûté par ce qu'ils observent, ni par leur propre nature charnelle vouée à la décomposition. Voir de vrais cadavres est devenu plutôt rare. Je propose donc maintenant à mon lecteur d'en voir quelques-uns dans divers états de décomposition. Mon lecteur n'aura pas à aller jusqu'à un charnier ou un gibet; il lui suffira de cliquer. Je lui épargne les miasmes et les mouches... Bouddha ne lui aurait pas épargné cela, mais qu'importe.
Il n'y a aucune raison de se refuser à cet exercice si l'on prétend s'intéresser au Vipassana et je m'étonne d'ailleurs de n'avoir jamais vu de telles photos dans les centres de méditation.
paul yves wery - Chiangmai, Septembre 2009
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