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« ...ne protège plus. »

Les religions furent, presque autant que la cupidité, des causes d'invasions violentes, de destructions massives et d'autodafés. Il est pourtant indéniable que le sacré (dont le champ du religieux fut quasi systématiquement recouvert jusqu'à ces derniers siècles) protégea de l'anéantissement non seulement des sagesses mais aussi d'autres formes de connaissances dont les clercs s'étaient éventuellement entichés. En Occident, aux époques où l'intelligence ne donnait pas des armes efficaces contre les gueux en colère, la sacralité des clercs leurs permettaient d'être nourris et bien traités et de recevoir de quoi recopier les références du Christianisme (et même, parfois, des auteurs païens).

In fine, c'est bien au sentiment du sacré que nous devons par exemple ce véritable miracle qu'est la préservation quasi parfaite du texte biblique. Les débris des manuscrits déterrés ici et là nous montrent que malgré les totalitarismes et les vagues de barbarisme, les textes sacrés n'ont été trafiqués ni par les puissants ni par les clercs qui avaient pourtant souvent intérêt à le faire. Les mésaventures de tous les corpus littéraires (y compris la philosophie grecque) qui ne furent que tardivement aimés et pris en charge par des religieux, laissent entendre que sans le sacré, ni la sagesse, ni les sages, ni même le beau ne sont protégés.

La modernité, par les techniques d'imprimerie et d'archivage pérennise plus efficacement les productions culturelles et les transmissions de savoirs. Sur ce point au moins, la sacralité est devenue de moins en moins nécessaire. Peu à peu, c'est sa toxicité seule qui prédomine (cfr. le comportement des extrémismes religieux -en ce inclus des dérives «religieuses» du matérialistes du XXeme siècle). Le sacré n'est plus le "moindre mal" qu'il avait été...

 

paul yves wery - Chiangmai - Novembre 2007