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Le père J. B., moine trappiste.

Le père J. B.s'est fait trappiste à l'âge de 42 ans... C'est à lui qu'il faut penser lorsqu'on cherche à casser les idées toutes faites sur les bons pères de la Trappe... S'il accepta à 42 ans à se lever à l'heure où autrefois il envisageait seulement d'aller se coucher, c'est parce qu'il n'avait plus la liberté de tergiverser avec le Bon Dieu. Cela faisait déjà de longues années qu'il fréquentait la Trappe de temps à autre mais les plaisirs du monde étaient forts... très forts...

Voilà bien un moine dont personne n'osera dire qu'il s'est fait moine parce qu'il n'a pas osé connaître le monde ou parce qu'il n'a pas pu s'y adapter! Il est plutôt beau gosse. Il semble qu'il l'ait su dès sa jeunesse et il n'a pas manqué d'en tirer quelques profits. Le père J.B. n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler un idéaliste, ni un puceau, ni un enfant-modèle... Il a clairement été l'esclave de valeurs futiles telles que la fortune, la mode, le prestige et cela se sent encore aujourd'hui! Il n'a pas manqué d'argent ni de relations prestigieuses. Dans ses amis qui viennent encore parfois lui rendre visite à la Trappe, on trouve aussi bien des collectionneurs de netsukes, que des drogués de la jet-set, des orphèvres, des fils à papa...

Le père J.B. a gardé du monde le goût des belles montres et des belles voitures. Mais il n'est pas chiche et accepte les fausse Patek Philip achetées pour cent dollars à Bangkok parce que je n'ai pas les moyens de lui offrir une vraie. Pour me montrer son plaisir il la porta ostensiblement et il m'offrit un bon vieux Wisky de vingt ans d'âge!

Un de ses bons amis vint un jour lui rendre visite en Porsche. Il ne refusa pas au moine le plaisir d'essayer le bolide. Le père J.B. constata qu'elle était automatique. Pas habitué à ce genre de conduite, ce qui ne devait pas arriver, arriva: Un accident spectaculaire avec un livreur de pains.Tout le chargement du boulanger répandu sur la chaussée... Le livreur enragé resta ,éanmoins bouche bée lorqu'il vit un moine sortir de la carcasse fumante... Le bon père devait maintenant annoncer tout cela à son ami et au Père Abbé! Je ne vous dis pas...
Réaction merveilleuse du Père Abbé, surtout intéressé par l'état de son frère: "Vous n'ètes pas blessé?... Mon Dieu ,mon Dieu... Allez, remplacez cette malheureuse voiture au plus vite!". Ceci simplifia considérablement l'annonce du crash à l'ami éberlué...

J'en passe des vertes et des pas mûres... D'un tel prélat, vous attendriez peut-être des sermons en forme de roquettes ou de lettres persanes. Eh bien non! Ses sermons sont très très classiques, très très "enfant sage"... Jugez-en plutôt...

 

 

Table de sermons du père J.

Année A

 

Année B

 

Année C

 

En guise de Testament spirituel.

 

 

 

 

 

ANNEE A

 

 

La Transfiguration - Mt17, 1-9

Le récit de la Transfiguration du Seigneur est rempli de réminiscences bibliques. Il nous rappelle ce que Mathieu veut mettre en lumière dans son Evangile, à savoir : que Jésus refait et cette fois pour le réussir, le même itinéraire que le peuple élu. Je pense en effet que le long passage au désert avait pour but de préparer ce qui se réalise aujourd'hui dans le Fils bien-aimé du Père.

L'infidélité des hommes , pourtant élus, n'a pu faire échouer le plan de Dieu.

Quelle constatation réconfortante pour nous, mes frères !

Personne n'est exclu de ce mystère de gloire anticipant la Résurrection  : Moïse et Elie, c'est-à-dire, la loi et les prophètes qui représentent le premier peuple de Dieu. Pierre, Jacques et Jean, les prémices du second.

La nuée lumineuse qui avait accompagné les Hébreux dans leur marche vers la terre promise est là, elle aussi... mais arrêtons-nous un instant sur cette nuée, voulez-vous !

NUEE LUMINEUSE, cela ne vous étonne pas?

Le propre d'une nuée c'est quand même bien d'être obscure, non !

N'avons-nous pas ici un symbole très parlant de la Foi? Qu'est-ce donc que la foi sinon une nuit éclairant néanmoins notre vie présente qui , elle, malgré les apparences est si souvent , pour nous une sorte de « jour obscur » .Oui symbole de la foi, la nuée nous permet de voir et de contempler ce que nos yeux de chair ne peuvent voir, c'est de la nuée que sortent les paroles de vie qui nous accompagnent si nous sommes à l'écoute, lorsque nous devons, comme les apôtres redescendre dans la plaine morne de notre quotidien pas toujours festif.

Frères et soeurs, n'est-ce pas en ces moments , quand elle vient nous épauler que la foi est en même temps , nuée obscure et lumineuse, par excellence ?

Même si nous cheminons dans la plaine, il est quelque chose en nous qui demeure sur la montagne de la Transfiguration , c'est notre foi, colonne porteuse de notre espérance d'enfants de Dieu, appelés nous aussi à être transfigurés .

Amen.

Père J.

Retout à la table des sermons

 

 

Les jeunes filles écervelées - Mt. 25,1-13

Retout à la table des sermons

Rassurez-vous, je serai bref!

Ces dix jeunes filles invitées à des noces m'ont toujours fait sourire, le portrait qu'on en fait, une lampe à la main est un rien « guimauve », pas du tout l'image de la femme que nous connaissons aujourd'hui. Je ne doute aucunement qu'elles aient été mignonnes, aussi charmantes que la parabole qui les met en scène ce matin, mais à première vue, elles m'étonnent.

D'accord, le décor est bien planté: dix filles parées pour la noce, une lampe à la main, une nuit qui tombe lentement, une férie de couleurs qui s'éteignent remplacées une à une par les astres de la nuit si brillants qu'ils paraissent tout proches.. Et c'est la nuit.

Cet époux qui semble n'avoir pas d'épouse, qui s'attarde mystérieusement et toutes ces belles s'endorment.

Etonnant d'ailleurs , cet époux sans épouse et ces filles qui l'attendent, la coutume veut qu'elles soient associées à la suite de l'épouse, des garçons accompagnant l'époux , et puis cette fameuse « huile » qu'on court acheter chez le marchand, pensez donc. à minuit.

Où allons-nous, que retenir ?

Il faudra, comme d'habitude recourir à d'autres paraboles ou paroles de l'Ecriture pour décrypter le message. Il y a peu, j'ai cru découvrir un indice de relecture en chantant le psaume118 (Nun-105)

Ta parole est une lampe sur mes pas,

Une lumière sur ma route.

Les lampes dans les mains des jeunes filles, voilà qui éclaire tout le récit.

L'époux c'est le Christ lui-même.

La lumière de la lampe: Sa Parole

L'huile qui l'alimente, ce sont les Ecritures. Elles conduisent toutes au Christ, sans elles on ne peut entrer en relation avec lui, ni comprendre son message.(Pourquoi l'huile sinon pour la flamme qu'elle donne?)

Les marchands seraient Moïse et les prophètes qui nous introduisent à L'Evangile. (Ceux-ci, toujours présents, jours et nuit pour nous livrer l'huile des Ecritures)

Que nous reste-t-il à faire sinon, accueillir la Parole dans sa seule perspective valable: Jésus! Faute de quoi nous irions rejoindre les jeunes filles écervelées au dehors et manquerions la rencontre quand le Christ passera dans nos vies.

 

Amen

Père J.

 

Retout à la table des sermons

 

 

St Benoît - Mat. 19,27-29

Retout à la table des sermons

Déjà prédestiné par son Nom «Benedictus» qui signifie: "béni par la grâce", Père des moines d'Occident et puis désigné par l'Eglise comme Patron de l'Europe... n'en jetez plus c'est trop pour un seul homme, Benoît que nous fêtons aujourd'hui.

Pour vous, mes soeurs et pour moi aussi d'ailleurs oserions-nous dire que cela nous impressionne? Non, nous avons mieux encore, une relation privilégiée de Père à enfants avec ce saint qui nous a laissé, selon ses propres termes «une petite règle pour débutants» où il est question d'aller à la vitesse du plus faible, modèle de discrétion, de finesse spirituelle, elle réussit admirablement à créer une souple fermeté. On milite sous le règle de St Benoît, le terme est militaire, le moine continue le combat spirituel dans le camp qu'et le monastère où il s'aguerrit par l'obéissance à un maître et dans la joie de la stabilité.

Benoît n'est pas le premier moine d'Occident, mais son autorité va devenir indiscutable dans la vie monastique occidentale à laquelle il apporte d'ailleurs nombre d'éléments venus d'Orient. Sa postérité va rapidement se déployer à travers les très nombreuses lectures de Sa règle et par le rayonnement des monastères qui l'adoptent la civilisation va largement se répandre en Occident. De nos jours, rares sont les routes de vacances qui ne passent pas devant une abbaye encore habitée des filles ou des fils du saint, qu'ils portent la coule noire des bénédictins ou la coule blanche des cisterciens (Cîteaux).

Vous qui êtes des habitués de ce monastères, qui en fréquentez peut-être d'autres, en venant partager notre prière tout vous parle de stabilité, parfois d'immobilisme: les lieux bien protégés, les bâtiments imposants , la vie qui s'écoule calme et paisible feraient penser à un chêne solidement enraciné. Et bien, je vais vous surprendre, détrompez-vous. La spiritualité proposée par St Benoît est une spiritualité d'exode, nous sommes invités au voyage, mieux à nous hâter vers la patrie céleste, ce sont ses propres mots, ailleurs il dira «on court», c'est donc littéralement une fuite en avant, d'où l'obligation de se faire légers, de se détacher, de renoncer à tout. La règle trace le chemin de cet exode et les deux lectures que noue venons de lire nous le confirme, le livre des Proverbes nous exhorte à «écouter», on se croirait danslire les premiers mots du prologue: «Ecoute mon fils, prête l'oreille de ton cour»

La page étonnante de l'Evangile de ce matin sur le détachement n'aura jamais fini de nous heurter, tellement contraire à nos aspirations légitimes. «Renoncer à tout», encore une belle formule? Attention, pour St Benoît cela va jusqu'à renoncer à sa volonté propre.

Nous savons cependant par expérience, qu'il faut vouloir, avoir des projets ; que la richesse est signe de réussite, que la misère est engendrée par la pauvreté. Plus inacceptable encore quand il est question du détachement dans les liens familiaux. Bien sûr la famille est précieuse, les liens familiaux, le lieu privilégié où on apprend à aimer, cependant déjà dans l'A.T.nous lisons «Honore ton père et ta mère» .mais aussi L'homme quittera son père et sa mère». Alors que faut-il retenir de tout ceci?

Ce qui importe désormais ce n'est plus le succès, la réussite, les satisfactions égoïstes mais la radicale liberté grâce à laquelle on peut s'engager, léger, à la suite de Jésus. C'est le programme de tout vrai disciple.

Le détachement à cause du Christ, (et nous en parlons d'expérience pour essayer de la vivre jour après jour), ce détachement n'a rien à voir avec l'indifférence, c'est une distance qui unit et rapproche, un amour qui se purifie, s'approfondit, en réalité un amour de soi camouflé qui s'ouvre à l'amour authentique de Dieu et des frères.

En cette solennité joyeuse, prêtons l'oreille au message de Jésus le même que celui de St Benoît: «Ecoute mon fils, l'enseignement du maître et prête l'oreille de ton cour, si tu veux la vie. 

 

Père J.

Retout à la table des sermons

 

 

XXIe dim.Ord./ A/ Mt16,13-20

Retout à la table des sermons

Si quelqu'un a cherché à comprendre la pensée de Dieu,c'est bien Paul !

Sa conclusion, il nous la donne ce matin.Ce n'est pas «Eureka» (j'ai trouvé !) , mais bien l'adoration devant le mystère insondable. Non, les voies du Seigneur ne sont pas nos voies, ni ses pensées nos pensées. Ce mystère est entier dès la création .

Comment Dieu a-t-il créé de l'être avec du néant et pourquoi?

Quelle est sa pensée sur l'histoire humaine et son déroulement dans le temps?

Souvent nous interrogeons avec perplexité, sinon angoisse, sur notre propre histoire qui débouche parfois sur des situations inextricables, sans que nous soyons forcément coupables. Dieu pourrait les débloquer en un instant, pourquoi ne fait-il rien ?

Dans le psaume 34, il est dit en parlant de Dieu: «pourquoi dors-tu? Réveille-Toi enfin.»

Et c'est bien Lui qui suggère cette parole, puisqu'il s'agit d'un teste inspiré.

Et que dire alors du mystère de la Rédemption , «scandale pour les uns, folie pour les autres» s'écriera ailleurs St Paul.

Dans le passage d'Evangile que nous avons lu aujourd'hui, Jésus pose une question-piège: «qui suis-je?». Tous ceux qui l'identifient à un personnage historique tombent dans le piège. Pierre ,inspiré par l'Esprit-Saint, y échappe par sa confession de Foi: «Tu es le Messie, le fils du Dieu vivant». Frères et soeurs, à coup sûr, nous connaissons assez le Pierre pour affirmer qu'il ne savait pas ce qu'il disait, quand on songe à tout ce que cela signifie.

Je dirais volontiers que c'est encore une manière d'avouer notre incapacité à comprendre la pensée du Seigneur.

Mystérieux dans ses voies Dieu l'est aussi et bien plus encore dans sa façon de guider son Eglise. Comme dans le récit d'Isaïe où Dieu affirme son droit sur le peuple de l'alliance en donnant le pouvoir à un prince de son choix, de même Jésus en fondant son Eglise choisit celui à qui Il la confiera. Choix imprévisible, car enfin Jean semblait être plus proche du Maître, et Saul e juif de Tarse qui deviendra St Paul, l'apôtre des nations, avec sa culture et sa formation hellénique n'était-il pas tout désigné pour assumer une charge aussi lourde ? Et bien non ! Ici précisément , Jésus pourrait nous poser une nouvelle question-piège: « pour vous qu'est-ce que l'Eglise?»

Un organisme comme il y en a tant?

Une administration hiérarchisée à outrance?

Une collection de documents précieux à conserver?

Les voyages du Pape, que ce soit Pie, Jean-Paul ou Benoît?

Oui, sans doute, mais travers tout cela, c'est le cheminement mystérieux du Seigneur Dieu, mort et ressuscité, toujours vivant parmi nous , aujourd'hui le 24 Août 2008

 

Père J.

 

Retout à la table des sermons

 

XIX dim. Ord./ A/ Tempête de Mt 14

Retout à la table des sermons

Généralement le texte de l'A.T. et celui de l'Evangile sont choisis en fonction l'un de l'autre. A première vue ce n'est pas le cas en ce 19e Dimanche. Nous ne pouvons découvrir leur rapport qu'en faisant appel aux symboles; ce qui ne signifie pas d'en faire une lecture artificielle, encore moins superficielle puisque le symbolisme est le langage essentiel de la liturgie.

Pour Elie comme pour les apôtres il s'agit de la rencontre de Dieu dans des circonstances bien différentes, d'un Dieu caché, ce qui suppose une recherche habitée par la foi.

Entre ce Dieu caché qui passe près du prophète et le regard de celui-ci, il y a une sérieuse épaisseur, celle de son manteau dont il a recouvert son visage, comme pour se protéger. Seule sa foi permet de la traverser.

Entre le Dieu de l'Evangile et les Douze, nous pouvons aussi bien dire, et chacun d'entre nous, il y a Jésus de Nazareth, un homme comme nous. Ici, bien sûr, il paraît en transparence, grâce au prodige «Il marche sur les eaux», et les témoins s'écrient : «vraiment, Tu es le Fils de Dieu», mais le déroulement ultérieur de l'aventure humaine du Christ fera bien souvent chanceler cette certitude chez ses disciples.

Dans les deux textes nous trouvons aussi tout un préalable à la rencontre avec le divin. Cet ouragan qui va jusqu'à briser les montagnes, ce tremblement de terre, ce feu qui dévore, n'ont-ils pas pour but de détruire en nous ce qui nous empêche d'être des pauvres devant Dieu, absolument vides, capables d'accueillir Sa présence?

Cette mer houleuse qui secoue les apôtres n'a-t-elle pas cette même fonction?

Frères et soeurs, nos certitudes tranquilles et naïves ne sont pas le moindre obstacle sur le chemin de la rencontre et il faut bien souvent que l'échec ou l'épreuve interviennent pour enraciner notre foi .

Enfin ces deux lectures se terminent d'une manière identique: une brise légère d'une part, un grand calme d'autre part. Comment mieux dire, en images, ce que sera la grande rencontre avec Dieu caché ici-bas , quand Il se révélera sans voile?

 

Ces textes nous rappellent une vérité que le temps banalise, mais que nous devrions toujours découvrir neuve : Dieu qui est amour travaille sans cesse et de bien des manières à la désertification de nos vies, pour les remplir ensuite de sa propre plénitude, comme le disait Osée que nous lisions hier en faisant mémoire de Thérèse Benedicte (Edith Stein). En parlant d'Israël, son épouse infidèle: «Je vais la reconquérir et la reconduire au désert»

Dieu nous aime, Il nous veut tout à Lui.

Laissons-nous aimer!

 

 

Amen

 

Père J.

 

Retout à la table des sermons

 

XI dim Ord. / A/ Mt.9,36 -1O,8

Retout à la table des sermons

 

Comment ne pas vivre douloureusement le désarroi de nos contemporains, la misère matérielle de milliards d'hommes, de femmes et d'enfants qui souffrent de la faim, de l'oppression; détresse morale de tous ceux qui se sentent exclus, ne connaissent que la dureté, la méfiance et le rejet.

A travers le coeur de Jésus qui s'émeut à la vue des foules épuisées, c'est le cour de Dieu qui est touché par la faiblesse de l'humanité, elle ressemble pour lui à une immense moisson dorée à point qui attendrait en vain les moissonneurs. «Et Il eu pitié». Pitié, le mot n'est guère à la mode, il traîne un relent de paternalisme et cependant il y a une pitié aimante que nous pratiquons à l'occasion, une tendresse de coeur qui nous fait trouver les gestes gratuits, peut-être modestes mais toujours efficaces pour une entraide fraternelle à l'image de celle du Christ, sa vie entière, son comportement quotidien jusque dans sa mort fut le signe éclatant de la gratuité.

Notre Dieu a un cour de berger, devant la détresse de son peuple abattu Il envoie des bergers aussi dissemblables que pouvaient l'être les disciples de Jésus; Pierre, le généreux impulsif qui tombera dans la peur et la lâcheté -Jacques et Jean surnommés «fils du tonnerre», l'un sera le premier apôtre martyr, l'autre, Jean , le disciple préféré qui nous laissera un admirable Evangile imprégné de l'amour du maître -Thomas, rationaliste et prudent -Mathieu, l'homme d'argent converti à la pauvreté évangélique -Philippe qui était peut-être une grec et enfin le traître. A eux devait se joindre Saul, le persécuteur qui deviendra Paul, l'apôtre par excellence.

Les voilà donc tous très différents travaillant ensemble, chacun selon sa grâce, sous la motion de l'Esprit Saint qui n'a supprimé ni leur différences, ni leurs oppositions. Il me semble qu'aujourd'hui nous en sommes au même point! Après avoir été camouflées par des institutions rigides, les différences éclatent au grand jour. Nous ne devons pas nous le cacher, l'Eglise en mutation cherche son nouveau visage, bien des ouvriers s'affirment, à chacun sa personnalité et ses charismes.

Le moule du bon curé tel que le XIXe S. nous en avait laissé le modèle est bien fêlé. Beaucoup de prêtres cherchent comment répondre aux appels du Seigneur. Cela doit-il nous inquiéter?

Pour ma part, je préfère m'en réjouir, malgré les échecs et dérapages , je suis tout autant heureux que tel curé continue la tradition de sainteté d'un curé d'Ars, que de voir de jeunes prêtres partager généreusement la vie des plus pauvres. Quelles que soient les formes actuelles et futures du sacerdoce (et il est bien évident qu'elles changeront encore), l'essentiel c'est que les ouvriers de la moisson restent fidèles à l'annonce du Royaume et à cette compassion gratuite semblable à celle du Christ, ils sont faciles à reconnaître car ils portent en eux ce qui est proprement la marque de Dieu: la gratuité de l'amour.

C'était la dernière injonction de Jésus à ses disciples en les envoyant en mission, plus importante encore que de chasser les démons ou de guérir les malades: «Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.»

 

Fr. J.

 

Retout à la table des sermons

Ier Dim.de l'Avent/A/Mt.24,37-44

Retout à la table des sermons

Frères et Soeurs,

LE TEMPS!

Voilà bien une réalité qui nous échappe et cependant qui est le tissu même de nos vies.

Au seuil d'une nouvelle année liturgique Jésus tente de nous apprendre à vivre dans le temps, sans le gaspiller.

L'effet d'étonnement est complet, voilà t-il pas que nous sommes renvoyés à l'époque de Noé. Cela nous paraît si loin, tout a tellement changé depuis!

Mais en réfléchissant bien, est-ce tellement inactuel ? Comme au temps de Noé: on mange, on boit on dort et on se marie. Cependant le cycle liturgique qui recommence aujourd'hui nous rappelle que nous ne sommes plus au temps de Noé, mais à celui de Jésus -Christ dont le jour éclaire notre existence terrestre d'une lumière nouvelle. Toujours aussi obscure dans sa banalité souvent éprouvante, dans son déroulement qui nous échappe elle est devenue intensément lumineuse, de l'intérieur.

Aujourd'hui encore la tentation est bien réelle de dire: «Après nous, le déluge!» 

C'est oublier que le TEMPS nous fait participer, que nous le voulions ou non, à la grande aventure de la création et de l'histoire humaine, dans laquelle nous avons notre part de responsabilité et justement, veiller, c'est prouver que nous en sommes conscients. Cela va se traduire par une attitude pleine de respect et d'attention pour ce qui nous entoure, pour ce qui engage l'avenir.

A l'intérieur de la grande histoire, du temps qui court, il y a notre temps personnel qui nous apparaît si insignifiant, tissé d'activités répétitives tellement banales.

Et bien non, Jésus nous en révèle la valeur d'éternité: chaque instant est digne d'attention, car Lui, le Seigneur nous rejoint quand Il le veut et comme Il le veut. Aussi, veiller, se tenir prêt, c'est apprendre à vivre n'importe quel évènement en sachant que nous sommes là pour l'accueillir.

Si Jésus évoque Noé et le déluge qui a tout fait perdre à ceux qui l'ont vu venir, ce n'est pas pour nous terroriser à l'annonce de malheurs à venir, c'es pour nous secouer, une bonne fois, sachons-le bien: tout ce que nous possédons , qui nous tient tant à cour, que nous avons gagné péniblement, toutes nos petites richesses nous pouvons les perdre en un clin d'oeil, absolument tout sauf de nous savoir aimés

Père J.

 

 

ANNEE B

 

 

Retout à la table des sermons

XIIe dim. Ord. /B /Tempête - Mc 4, 35-41.

Retout à la table des sermons

Toujours, le Seigneur est celui, qui du milieu de la tempête, retient la vague en lui disant: «tu n'iras pas plus loin!»

Notre brave Job tourmenté par son mal n'y comprend plus rien, qu'ai-je fait? Il n'a pu se retenir d'interroger Dieu: «pourquoi donc suis-je né?» Quel est le sens de ce qui m'arrive?

Les disciples eux ne comprennent pas non plus, les vagues se jettent sur la barque qui se remplit d'eau et Jésus dort sur le coussin arrière!

Aujourd'hui aussi, nous reprocherions facilement à Dieu, de dormir alors que nous sommes en une réelle tempête. Sa réponse est la même qu'il fit et à Job et aux disciples «Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi, oubliez-vous qui Je suis et qui vous êtes?».

Celui qui arrête les eaux, commande à la mer, arrête aussi le mal. Il l'a fait disparaître dans le Christ, vainqueur du mal et de la mort, comme le dit St Paul; «le Christ est mort pour tous afin que les vivants n'aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur Lui qui est mort et ressuscité pour eux.»

Ainsi le mystère pascal est maintenant dans le monde et c'est lui qui nous fait passer du monde ancien au monde nouveau. Certes Jésus semble toujours et encore dormir sur le coussin arrière, malgré la tempête qui fait rage dans une société où les exclus se multiplient, le chômage augmente, où la crise mondiale vient s'ajouter aux catastrophes naturelles. Et Dieu reste silencieux.

Certains s'en effraient et disent: «où allons-nous?»

Jésus nous répond: «pourquoi avoir peur?» Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi?

Il y a des périodes de mutation où tout bouge, tout est en mouvement, ce n'est jamais que le signe qu'un monde ancien s'en va et que le monde nouveau est déjà là. Frères et soeurs, aujourd'hui Dieu nous donne une bien meilleure réponse qu'à Job en s'adressant à nous par le Christ Jésus qui est parmi nous, dans son eucharistie et dit à chacun de nous qui allons recevoir son pain: «pourquoi as-tu peur, je suis ici avec toi?»

 

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

XVIIe dim. Ord. B Jn. 6,1-15

Retout à la table des sermons

Dimanche dernier nous avons vu le Christ pris de pitié pour une foule sans bergers! Ce matin nous constatons que sa parole n'a rien de commun avec une émotion superficielle, sans suites, ni effets pratiques.

Non, Celui qui a rappelé à Satan que «l'homme ne vit pas seulement de pain» ne nous invite pas pour autant à nous en passer. Dieu fait homme a le sens des réalités, aussi se trouve-t-il quasi obligé de multiplier pain et poisson. Rien de plus facile pour Lui objecterons-nous, cela ne lui coûtait guère. Faire un miracle c'est passer d'un coup d'aile en contournant l'effort. C'est vrai et faux à la fois.

Tous les miracles et spécialement celui que nous appelons le sacrement (signe) de son amour, l'eucharistie préfigurée ici, tous les miracles sont le fruit d'un engagement dans réserve dans l'histoire humaine, engagement qui l'a mené jusqu'au calvaire. Ainsi Jésus a payé chèrement tous les dons gratuits qu'Il nous a fait.

Les foules sont bien loin d'avoir compris la portée de ce geste mais ne doutons pas que Jésus connaissait ce qui allait suivre: voilà qu'ils veulent s'emparer de Lui (par force) pour le proclamer roi, il n'y a qu'une seule issue: la fuite dans la montagne. Les foules vénèrent avant tout la puissance spectaculaire, alors qu'Il les appelle à la conversion du cour et au don de soi.

Voilà l'ambiguïté permanente du message chrétien. Il doit être vérifié et authentifié par des signes et ceux-ci peuvent être mal traduits.

L'Eglise n'est pas crédible si elle ne multiplie pas, non seulement les pains, mais aussi tout ce qui fait grandir l'homme. Qu'elle en fasse de trop et elle restera emprisonnée dans la carapace de ses ouvres qui masquera ce qu'elles doivent révéler: «la présence réelle et indicible de Dieu parmi nous, et le don de son Esprit qui transforme nos cours.»

 

 

Amen

Père J.

Retout à la table des sermons

2e dim. Carême/B - Mc. 9,2-10

Retout à la table des sermons

Le désert, la montagne, des lieux fascinants et terribles à la fois. On y écoute le vent, on y goûte le silence. Ecrasés par l'espace infini, loin de l'agitation habituelle, dépouillés de tout, c'est le moment où les questions les plus radicales surgissent dans un éprouvant face à face avec soi-même.

Ce sont les endroits de toutes les tentations, de tous les doutes mais aussi des révélations fulgurantes. L'itinéraire du peuple élu est passé par là, c'est au désert que Dieu s'est révélé à lui. C'est aussi au désert qu'Il a donné rendez-vous à Jésus avant sa mission, c'était l'évangile de dimanche dernier.

Dans la Transfiguration Jésus refait le même itinéraire, pour le réussir cette fois, car l'infidélité des hommes ne pouvait faire échouer le plan de Dieu.

Ce matin Jésus emmène ses trois disciples sur une haute montagne pour y être transfiguré et c'est l'occasion pour nous de faire la plus réconfortante des constatations ; à savoir que personne n'est exclu de ce mystère de gloire anticipant la résurrection. Il y a Moïse et Elie qui représentent la loi et les prophètes, le premier peuple de Dieu. Il y a aussi Pierre, Jacques et Jean, le second peuple dont nous sommes. La nuée lumineuse qui avait accompagné les Hébreux dans leur marche vers la terre promise est aussi présente. «Nuée lumineuse», étrange expression! Le propre de la nuée n'est-ce pas d'être obscure?

N'aurions-nous pas là une image très parlante de la Foi , car enfin qu'est-elle sinon une nuit éclairant notre vie présente, qui malgré les apparences n'est jamais qu'un jour obscur? La nuée en question nous permet de voir ce que nos yeux de chair ne peuvent voir et c'est d'elle que sortent les paroles de vie qui nous accompagne quand comme les apôtres, nous devons redescendre dans la plaine.

Si le Christ ne nous donne plus de signe aussi extraordinaire que celui de la Transfiguration , sans cesse Il nous fait signe , à l'improviste pour que sa présence éclaire nos journées. Le temps du carême nous invite à rejoindre Jésus au désert, non pas en un lieu, mais en une rencontre réelle, possible par la conversion du cœur toujours à approfondir.

Fortifiés par la lumière de la Transfiguration , avec les apôtres suivons fidèlement le Christ au quotidien, traversant avec Lui les petits déserts que Dieu a préparé pour nous, en vue de nous transfigurer à l'image de Son fils.

 

Amen

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

3e dim. Carême /B/Jn 2, 13-25

Retout à la table des sermons

Ce récit de l'expulsion des vendeurs du temple semble avoir été écrit pour notre époque, tant il nous plaît, comme s'il rencontrait en chacun de nous une secrète complicité. Comme si cette contestation spectaculaire rejoignait notre soif d'authenticité, de vérité et de justice. C'est bien dans nos goûts actuels alors que nous respirons un air chargé de remises en question, de contestations, depuis l'école maternelle jusqu'à la bienheureuse pension.

Mais Jésus, même s'Il s'est toujours opposé vigoureusement aux défauts des pharisiens, n'a jamais pris la tête d'un mouvement contestataire, on ne peut donc pas voir ici, la réaction semi-inconsciente d'un homme excédé, poussé à une sainte colère, soucieux de jouer les redresseurs de torts.

Non, il s'agit d'un geste fort pour nous faire comprendre une toute autre expulsion, beaucoup plus profonde, plus subtile et bien plus dérangeante car nous y sommes tous mêlés.

Les Hébreux avaient fait de Dieu le partenaire d'un marché régi par la loi du «donnant-donnant». En s'acquittant des obligations cultuelles, on s'achetait et de la fidélité et de la bonne conscience, nous pourrions dire qu'on mettait Dieu en poche. Précisément c'est ce marchandage qui est intolérable et qui doit cesser maintenant. Les spectateurs de la scène l'ont bien compris, ils demandent un signe: "Quel signe nous donnes-tu?" comme s'ils reconnaissaient là un acte prophétique et souhaitaient s'en assurer en l'authentifiant.

Jésus leur donne ce signe, mais ils ne le comprirent pas. Il en serait de même pour nous si Jean ne nous l'avait pas expliqué, «le temple dont Il parlait c'était son corps» Ce sera le signe de sa puissance et surtout de la bousculade fondamentale qui fera exploser les conventions les plus solides: en transformant la folie en sagesse, la faiblesse en force, comme ledit St Paul dans son Epître.

L'homme ne s'y retrouve guère, tantôt nous en réclamons des signes comme les Juifs, tantôt nous aspirons à une sagesse rassurante pour mener notre vie avec une sérénité paisible. C'est justement tout cela que Jésus veut faire éclater. Voilà le grand nettoyage du temple, ce bouleversement qui provoquera et sa passion et sa résurrection toutes proches maintenant.

Alors, oui, vraiment les mots changent de sens : où est la sagesse, où est la force? St Paul semble jongler avec tout cela et pourtant, soyons-en certains, il ne vise pas un jeu de mots facile, mais il veut nous indiquer la démarche de tout croyant : « qu'il se méfie de ce qui lui paraît spontanément fort, efficace et sage, car le visage de Dieu révélé en Jésus est un visage d'amour miséricordieux, tellement fort qu'il en devient faible en mendiant volontairement notre réponse d'amour.

 

 

Amen

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

ANNEE C

 

 

 

1e dim. Avent/C/2009 - Lc21,25-28 & Lc21,34-36

Retout à la table des sermons

Frères et Soeurs,

Très heureux d'être une fois de plus parmi vous en ce début d'une nouvelle année liturgique. Nous allons démarrer sur les chapeaux de roues avec trois textes proposés à notre réflexion, trois textes situés différemment dans le temps. Serait-ce pour nous rappeler que l'évènement qui a transformé nos vies doit être reçu comme une richesse jaillissant à la fois, du passé, du présent, et de l'avenir.

Dieu est présent à tous les âges du monde donc, le Christ, notre Rédempteur échappe à l'emprise de la durée.

Aussi bien la prophétie de Jérémie n'est pas un texte mort, enseveli dans la nuit des temps dont les échos nous arriveraient, fatigués d'avoir traversé les siècles. Non , au contraire, elle est parole toujours jeune et vivante et elle nous atteint directement ce matin pour réaliser la promesse de Dieu.

Chacun de nous, en tant que membres de l'Eglise est en fait cette maison d'Israël dans laquelle a été déposé le germe dont parle le prophète, sans pouvoir lui donner un nom, le nom au-dessus de tout nom que nous lui connaissons : Jésus-Christ.

De même les évènements relatés par St Luc ne relèvent pas purement et simplement d'anticipation destinée à nous faire dresser les cheveux sur la tête. Ces images terribles ne font que symboliser les réalités que nous ne voulons pas voir, mais qui nous entourent, et en même temps elles reflètent nos drames les plus intimes.

Quand Jésus nous dit ; "Relevez la tête" c'est pour nous inviter à vivre nos épreuves dans la foi, avec la certitude qu'elles ont valeur d'éternité, qu'elles contribuent à l'enfantement du monde nouveau.

Vivre dans le temps, d'une manière chrétienne, spécialement durant l'Avent,cest utiliser au maximum les richesses que Dieu nous offre par l'intermédiaire des auteurs inspirés, dans le passé et l'avenir pour reemplir le présent de tout ce dont parle St Paul et qu'il résume : »désir intense et débordant d'aimer .

Le dernier mot reviendra à Jésus, comme il se doit, pour définir l'attitude du Chrétien vivant: "se tenir debout", position normale de l'être humain que le péché ne tient plus courbé, aplati sur la terre.

Amen

Père J.

 

 

 

Retout à la table des sermons

2e Dim. Avent/C. Lc. 3,1-6

Retout à la table des sermons

Nous avons droit aujourd'hui à un thème biblique de grande importance développé dans les trois lectures: «le chemin».

On peut dire que jusqu'à la prédication du Baptiste, les hommes ne voyaient pas très bien quel chemin suivre, quelle direction prendre. Avec la venue de Jésus-Christ nous savons désormais où nous allons.

Il nous a ouvert une unique voie qui nous est présentée comme « le chemin du Seigneur».

Mais encore, cette expression est riche d'interprétations diverses et complémentaires. Cela vaut la peine de s'y arrêter un instant.

Le Chemin du Seigneur.

C'est la route que le Seigneur emprunte pour venir jusqu'à nous. De nombreuses images le suggèrent, entre autres : dans l'antiquité on réparait les voies d'accès aux villes lors de la venue d'un souverain, on remplissait les ornières et aplanissait les buttes. Pour Dieu, le roi des rois, on va jusqu'à abaisser les montagnes, à combler les vallées profondes.

Le Chemin du Seigneur.

C'est aussi la route que le Seigneur nous prépare pour que nous allions vers Lui, sans trébucher. Dans notre monde énigmatique, où aucun chemin ne semble déboucher vers une réponse satisfaisante à nos grandes interrogations voilà que Dieu fait mieux que de tracer un sentier. Avec la naissance de son Fils à Bethléem, Il ouvre une voie aussi large que possible, c'est ce que veulent balbutier les images prophétiques qui se bousculent, joyeuses, sous la plume de notre ami Baruk.

Cette voie à quatre bandes a cependant une particularité et c'est son accès très étroit, autrement dit: la Foi vivante.

 

Amen

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

2e Ord./C/2010 - "Les Noces de Cana" (Jn2,1-11)

Retout à la table des sermons

Frères et Sœurs,

Invités à une noce de village toute simple nous allons assister au premier miracle de Jésus aussi inattendu que possible, et qui confirme bien l'humour caché présent dans tout l'Evangile. Voici Marie qui intercède en insistant auprès de son fils, pour quelle raison?... pour gagner quelle cause?... pour des affamés, des grands malades, des sans-abris? comme nous le ferions.

Rien de tel, mais bien pour des gens qui font la fête, les convives d'une noce qui chantent, s'égayent, se saoulent très probablement, pour des buveurs de vin, mais voilà

« ...Ils n'ont plus de vin... »

La belle affaire, qu'ils boivent de l'eau, mieux, une bonne bière, ils s'en porteront bien. Mais non, Marie demande et sans avoir l'air de rien elle se fait pressante, il faut faire vite ils sont nombreux, 120 (plus rien à boire). «...Ils n'ont plus de vin!...»

Marie se devait d'être associée étroitement à ce premier signe de son Fils, en tant que mère du sauveur, mais plus encore en tant que femme! Femme qui se met à la place de l'hôtesse, comprend son angoisse et sa honte si les invités viennent à manquer de vin.

C'est ainsi que Jésus lui répond: « Femme que me veux-tu, mon heure n'est pas venue!»

Frères et Sœurs, tendons l'oreille, la réponse de Marie s'adresse aussi à nous. Aux serviteurs elle dit: «Faites tout ce qu'Il vous dira.» Chez elle, pas l'ombre d'un doute et finalement c'est sa foi qui provoquera le miracle, malgré les réserves du Seigneur. Elle connaît le cœur de son fils et nous entraîne à la confiance, l'abandon total entre ses mains.

L'humour de Dieu dépasse totalement nos vues si étroites et tous nos calculs. Nous avons si souvent la tentation d'imposer notre volonté à Dieu, d'organiser notre vie pour ne pas être pris au dépourvu, ne manquer de rien… peine perdue.

A la dernière page de l'Evangile, alors que le Christ est venu faire la volonté de son Père, il meurt crucifié, c'est bien la fin, l'échec flagrant. Non, par routine un soldat perce le flanc du supplicié et de son corps jaillit de l'eau et du sang. De la mort s'écoule la Vie en abondance, comme de l'eau qui stagne dans les jarres de Cana jaillit le meilleur vin, comme d'un cœur qui s'offre à la Parole surgit la Puissance même de l'Esprit qui va purifier tous ses besoins, ses désirs pour que Dieu puisse enfin changer notre eau en vin en déversant les dons que St Paul énumérait dans sa lettre aux Corinthiens.

En un mot, accomplir en nous l'impossible, faire de nous des instruments dociles au service de son dessein d'amour.

 

 

Amen

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

2e Dim Pâques /C/2010 - Jn 20,19-31

Retout à la table des sermons

 

Frères et Sœurs,

Nous sommes bien d'accord, Jésus a bien affirmé qu'il serait toujours là. Nous lisons en St Mathieu(28,20), «Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde».

Dès ce second dimanche, le lectures veulent nous montrer qu'Il tient sa promesse. Oui Jésus est ressuscité, mais sa présence maintenant auprès du Père ne sera pas une absence d'auprès des hommes; son absence d'ici-bas est une présence «autrement». Nous venons de le lire «Il était là, au milieu d'eux».

Mais où, quand, comment est-il présent? Voilà ce qu'il faut chercher et découvrir à travers les textes, afin d'être mieux en mesure de ne pas manquer ses rendez-vous; ce qui arriverait évidemment si nous n'étions pas là, mais également si notre réponse à sa présence était sans profondeur.

De même que son absence est une présence autrement, notre présence est trop souvent une absence autrement. Frères et Sœurs ne nous leurrons pas plus longtemps, le critère d'une présence authentique, c'est la charité.

Dans le christianisme, être présent et aimer sont des expressions synonymes. Le livre des Actes nous montre Jésus Christ présent dans la communauté des croyants, pourquoi? Parce qu'ils n'ont qu'un cœur: le sien. Il est présent dans l'apôtre Pierre parce que celui-ci aspire à l'imiter en faisant le bien; il se cache pour ainsi dire dans son ombre, c'est pourquoi celle-ci , en passant sur les malades, les guérit.

Nous devrions tous pouvoir reprendre cette image à notre compte: Si je suis vraiment là pour les autres, Jésus est là pour eux... (en St Mathieu,18,20 –«Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, Je suis au milieu d'eux».

St Jean nous dit du Christ qu'Il est présent dans la vision consignée dans le livre, c'est donc aussi dans la lecture de l'Ecriture que Jésus nous donne rendez-vous. Il est présent aux Eglises, au début comme à la fin de l'histoire, dans la vie qu'Il donne comme dans le séjour des morts dont il détient la clef après en être revenu...

Enfin, la scène de l'incrédulité de Thomas nous montre la présence de Jésus au cœur de nos peurs, de nos doutes, de nos manques de foi, où Il pénètre sans effort, même quand les portes sont verrouillées, nos cœurs fermés et oµ Il apporte néanmoins la mystérieuse paix du ciel.

Frères et soeurs, la béatitude de Jésus à Thomas, ce matin s'adresse à nous. La joie pascale c'est la joie de la foi qui n'a pas grand-chose à voir avec le sentiment que nous nommons habituellement «joie». Elle est plus proche de cette paix que le Christ souhaite à ses disciples au début de cet évangile ; cette tranquillité profonde, cette conviction inébranlable qui sont la source de notre équilibre chrétien et aussi humain. Cette paix qui nous conduit à poser sur les autres, sur la vie et sur nous-mêmes, un regard de plus en plus miséricordieux.

Amen

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

3eme Dimanche de pâques/2009 - Lc. 24, 35-48

Retout à la table des sermons

Nous venons de chanter: «montre-nous ton visage de gloire»

Il est bien vrai que depuis Pâques nous ne cessons de regarder Jésus ressuscité, nous voudrions tant voir le visage de celui qui est le centre de notre foi.

St Pierre, dans son discours au peuple, loin de détourner notre regard, élargit encore notre champ de vision en nous rappelant l'action de Dieu dans la glorification de Jésus Christ, il nous invite ainsi à nous poser la question: «qui est ce Dieu qui nous a fait un tel don, en la personne du Fils? Oui, quel est-il notre Dieu?

Quand nous aurons dit: «c'est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères dans la foi», serons- nous bien avancés?

Oui, si nous en déduisons que Dieu est bien présent dans notre triste histoire humaine, faussée dès le début, pour la redresser et l'amener à son achèvement. N'oublions pas que le Dieu de nos pères porte aussi, dans la bible, le nom de: «Dieu de tendresse et de pitié»

Depuis qu'Il a pris visage d'homme en Jésus Christ, depuis que ce visage a été défiguré, puis transfiguré et glorifié, Dieu nous est de plus en plus proche, Il a cessé d'être le dieu d'une humanité abstraite, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est bel et bien le Dieu de Pierre, Paul Jacques et Jean, mon Dieu et votre Dieu à chacun de nous.

C'est pourquoi nous pouvons et nous devons nous insérer sans crainte dans la liste déjà ancienne et jamais clause des enfants de Dieu.

En fermant les yeux, en faisant silence intérieur, nous pourrions entendre notre Dieu de tendresse épeler tous nos noms, les uns après les autres, un peu comme dans la litanie des saints, mais cette fois avec toujours le même refrain: «J'ai pitié d'elle… J'ai pitié de lui» répété inlassablement avec un accent de tristesse, car à son amour infini nous répondons trop souvent par le péché.

C'est pourquoi, dans les lectures de ce dimanche qui ne parlent que de l'amour, la mention du péché est bien présente avec celle de la conversion du cœur comme s'il y avait un rapport étroit entre la tendresse et la conversion. Cette dernière commande en effet la plus ou moins grande ouverture par où la tendresse de Dieu pourra nous atteindre.

Frères et Sœurs, nous voilà bien loin d'une religion ennuyeuse, à tendance moralisante et formaliste, bien sûr que nous avons à monter vers Lui, notre Dieu, mais non par devoir ou obligation avec les pieds lourds, mais comme on grimpe des escaliers quatre à quatre pour aller rejoindre quelqu'un qu'on aime.

C'est cela la conversion du cœur qui réussit à mettre en joie, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, notre Dieu de tendresse manifesté en Jésus Christ.

Amen

Père J.

 

 

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Ve dim.Carême - C - La Femme adultère. Jn 8,1-11

Retout à la table des sermons

Frères et Soeurs,

Quelle différence entre le début de cet Evangile dit: «de la femme adultère» et la fin du récit.

D'une situation invivable, douloureuse et bouchée à un avenir qui s'ouvre à nouveau, Jésus a fait place nette. Il n'y a plus que Lui et cette femme qui ose à peine y croire, qui respire enfin.

Frères et soeurs, je me demande si nous sommes bien conscients que dans nos propres vies, le passage d'un monde fermé et hostile, d'une situation désespérée, dramatique à un monde accueillant, à une solution acceptable c'est toujours ce que Jésus accomplit avec nous si nous lui faisons confiance. En réalité , nous croyons en sortir seuls, nous nous enfermons pour mieux échafauder des plans, nous entrons ainsi dans cette solitude angoissée que respire cet Evangile.

Solitude de tous les acteurs en jeu, mais aussi la nôtre à certains jours.

Solitude menaçante de cette femme seule, face au jugement de tous.

Solitude des accusateurs eux-mêmes, en effet ces pharisiens sont bien de ceux qui ont plaisir à voir les oiseaux se prendre dans leurs filets, heureux d'arriver à tenir une victime.

Au contraire, Jésus est toujours celui auprès duquel la vie devient possible, la liberté des enfants de Dieu éclate.

Auprès de Lui, la solitude vole en mille morceaux, ici il se contente aussi bien pour la pécheresse que pour ceux qui veulent la juger du haut de leurs principes, de leur bonne conscience, il se contente de renvoyer chacun à ce qu'il est capable de devenir en acceptant sa propre faiblesse. Ouf. Enfin l'air devient respirable.

Jésus dit peu de mots «que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre», toujours Il assainit les situations, sans juger, sans entrer en procès, Il laisse libre et respecte. De nouveau la vie passe, n'est-ce pas merveilleux, nous y arrêtons-nous de temps en temps? Le même mouvement se produit aussi pour nous. Où Jésus se tient nous pouvons retrouver notre respiration de liberté.

Frères et soeurs, regardons-nous un instant et laissons monter les questions que tout homme se pose un jour ou l'autre:

-Que valons-nous, à nos yeux , aux yeux des autres?

Notre vie a-t-elle du poids?

Après tant de paroles, de silences prudents, de contacts intéressés, quel constat faisons-nous? Inutile de bluffer, nous ne tromperions que nous. Avouons plutôt humblement c'est un demi-échec, en tous cas loin en dessous de ce que nous avions espéré?

A toutes ces questions, le Christ ne répond pas, ne répondra jamais, Il se tait. Peut-être écrira-t-il dans le sable comme il fait dans cet Evangile, non il fera mieux! Il supprimera les questions toutes entières centrées sur nous-mêmes, il dit simplement: «où sont les arguments qui te condamnaient, oui tout cela est peut-être vrai mais tu es toujours aimé de la même intensité.

Mesurez-vous le coup d'aile de l'Evangile, maintenant nous pouvons aimer, notre vie est mise au large comme une barque prise dans la glace quand revient le printemps.

C'est une douceur dans nos corps fatigués: «Va, désormais ne pêche plus»

"Ne pêche plus", c'est-à-dire, laisse ton désir te porter plus loin , il n'y a pas d'âge, ni de prison qui puisse t'en empêcher, crois à cette parole et par la foi, ta vie peut refleurir comme haie en avril.

Mais surtout ne demande pas de miracle à cette parole, elle ne peut pas te l'accorder, par respect pour toi, elle te renvoie à toi-même, à ta liberté.

RIEN NE SE PASSE EN NOUS, SANS NOUS.

 

Amen

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

 

Ve dim. Carême - C - "LA FEMME ADULTERE"

Is43,16-21 - Ph3,8-14 (+Jn 8,1-11)

Retout à la table des sermons

Pourquoi ce sont les deux premières lectures qui ont retenu mon attention?

Vous allez vite comprendre!

16 Ainsi parle le Seigneur, lui qui procura en pleine mer un chemin, un sentier au cœur des eaux déchaînées,
17 lui qui mobilisa chars et chevaux, troupes et corps d’assaut tout ensemble, sitôt couchés pour ne plus se relever, étouffés comme une mèche et éteints :
18 Ne vous souvenez plus des premiers événements, ne ressassez plus les faits d’autrefois.
19 Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne ; ne le reconnaîtrez–vous pas ? Oui, je vais mettre en plein désert un chemin, dans la lande, des sentiers :
20 les bêtes sauvages me rendront gloire, les chacals et les autruches, car je procure en plein désert de l’eau, des fleuves dans la lande, pour abreuver mon peuple, mon élu,
21 peuple que j’ai formé pour moi et qui redira ma louange. (Is43,16-21)

-En Isaïe nous venons d'entendre le Seigneur qui ne cesse de nous redire: « voici que je fais un monde nouveau, je ferai couler de l'eau pour désaltérer mon peuple, je vais faire passer un chemin dans le désert.» Ce monde nouveau est déjà né en nous, par l'eau du baptême.Le carême nous est donné pour que chacun se désaltère à cette vie nouvelle.

Voilà bien deux aspects qui ont présidés à la rédaction de notre règle. St Benoît pleinement saisi ,à la fois par «renouvellement» et «carême» nous fait remarquer au Ch.49: Il est clair qu'un moine doit garder l'observance du carême en tout temps, pour lui, Benoît, il est évident qu'on est réellement un homme nouveau qu'à condition de ne jamais cesser de se renouveler. Nous touchons là au plus mystérieux de nos voux, en fait le plus essentiel, qu'on appelle la «conversatio morum», l'engagement à devenir un homme entièrement nouveau. C'est cela disait Thomas Merton qui est la fin de la vie monastique.

Mes soeurs, vous serez peut être surprise par ce terme nouveau «conversatio» qui remplace «conversio» habituellement reçu? De récentes études montrent que «conversatio» revêt l'idée de continuité et de persévérance, alors que «conversio» met l'accent sur commencement ou tournant plutôt que sur développement.(P. de Vogué-Rochais-15e cen,t.)

*

8 Mais oui, je considère que tout est perte en regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur. A cause de lui j’ai tout perdu, et je considère tout cela comme ordures afin de gagner Christ
9 et d’être trouvé en lui, non plus avec une justice à moi, qui vient de la loi, mais avec celle qui vient par la foi au Christ, la justice qui vient de Dieu et s’appuie sur la foi.
10 Il s’agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion à ses souffrances, de devenir semblable à lui dans sa mort,
11 afin de parvenir, s’il est possible, à la résurrection d’entre les morts.
12 Non que j’aie déjà obtenu tout cela ou que je sois déjà devenu parfait ; mais je m’élance pour tâcher de le saisir, parce que j’ai été saisi moi–même par Jésus Christ.
13 Frères, je n’estime pas l’avoir déjà saisi. Mon seul souci : oubliant le chemin parcouru et tout tendu en avant,
14 je m’élance vers le but, en vue du prix attaché à l’appel d’en haut que Dieu nous adresse en Jésus Christ. (Ph3,8-14)

-En Saint Paul maintenant, cette transformation intérieure est si totale qu'il ira jusqu'à dire : «Pour moi , vivre c'est le Christ».Pour Paul tout est là: connaître le Christ, c'est-à-dire éprouver la puissance de sa résurrection, communier à ses souffrances pour parvenir à la Nouveauté suprême.

C'est l'occasion de souligner comment St Benoît rejoint admirablement Paul, en disant des moines: «Ils ne préféreront absolument rien à l'amour de Jésus Christ». c'est effectivement dans ce RIEN que s'enracine la "conversatio morum". Sans doute est-ce vite dit, car une telle transformation implique un engagement à tendre à être comme Jésus quoiqu'en soit le prix, à mourir, non seulement de la dernière mort mais bien plus pénible encore, de nombreuses petites morts qu'il nous arrive trop souvent, sinon quotidiennement de refuser.

Transformation difficile et lente, c'est d'ailleurs je crois la raison pour laquelle aussi bien Paul que Benoît parlent d'un chemin, une route, une marche et recommandent même une course. Or, c'est en parlant de cette course que St Paul devient le plus pressant, le plus émouvant aussi. Lui qui a tant marché sur cette route , dont la recherche a été si ardente, semée d'embûches et de souffrances, qui sans fausse honte se vante d'avoir fait plus que quiconque, et bien ce même Paul le voici qui se considère comme toujours en route, comme quelqu'un qui n'est pas encore arrivé. Et c'est alors qu'il nous confie la règle la plus précieuse, la seule chose qui compte: oubliant tout ce qui est en arrière (joies et souffrances passées) lancé en avant , je COURS vers le but pour remporter le prix dans le Christ Jésus, enfin pour le saisir.

On a longtemps pensé que celui qui avait écrit ces lignes était déjà proche de la mort mais aujourd'hui la majorité des exégètes n'attribuent plus la lettre aux Philippiens au groupe des lettres dites de la captivité, mais les rattachent à la période des 2 lettres aux Corinthiens, c'est-à-dire vers 56/57, donc une bonne dizaine d'années avant sa mort, alors qu'il est encore en plein combat. Ce que je souhaite souligner en écrivant cela c'est que c'est dès maintenant que nous devons avoir les yeux braqués sur le but, alors ce qu'il en coûte ne compte à vrai dire plus guère, les yeux et le cour remplis par le Christ à saisir.

C'est d'ailleurs ce qui fait qu'on ne marche plus, mais qu'on court comme ile le disent tous les deux. St Benoît qui le reprend à la fin du prologue de la règle V.49 «à mesure que l'on progresse dans cette conversationis morum et dans la foi, le cour se dilate et c'est avec une indicible douceur que l'on court dans la voie des commandements de Dieu».

Question insidieuse.

Avons-nous commencé à courir?

Sinon, sur quoi nos yeux et notre cour se sont-ils bloqués.

Il nous est cependant demandé de ne préférer absolument rien à l'amour du Christ Jésus!(R.B. 72,v.4)

 

Père J.

A l'intention de mes soeurs de B.

 

Retout à la table des sermons

 

 

VIe dim.ord./C/ Béatitudes Luc 6,17,20-26

Retout à la table des sermons

Frères et soeurs,

Avez-vous remarqué combien les hommes de la Bible aiment les arbres ?

Aujourd'hui la parole de Dieu se fait insistante, elle veut réveiller en nous le goût du bonheur, le vrai bonheur et l'image de l'Arbre s'impose. Plus près de nous, sans être écrivain sacré, notre saint Bernard envoie ses disciples écouter les arbres: «Ils portent la marque de Dieu qui les a fait et si nous sommes attentifs ils ont quelque chose à nous dire de leur auteur».

Heureux s'écrie Jérémie, l'homme qui. heureux reprend le psalmiste, l'homme qui., tous deux ne trouvent rien de mieux pour faire miroiter à nos yeux , le goût du bonheur promis, que l'image d'un arbre fruitier, plein de vie, aux fruits savoureux (déjà présent dans le livre de la Genèse) Un arbre qui ne craint pas la sécheresse et qui donnera du fruit en abondance à la saison venue.

Spontanément, dirions-nous que c'est là une image parlante du bonheur de l'homme? Pas pour moi, en tous cas, je l'avoue humblement. Mais prenons le temps d'entrer plus profondément dans ce symbole proposé par la parole de Dieu, qui veut nous présenter à travers l'arbre, l'image de la vie pleine, féconde, de la vraie vie.

La toute première remarque à faire c'est que l'arbre a des racines, qu'il les étend à la recherche de l'eau, la vie, d'où l'importance de la proximité d'un ruisseau. Il est tout tendu vers ce qui peut le nourrir, cette eau précieuse, il avoue ainsi son manque, il reconnaît qu'il se reçoit de son environnement.

Plus la sève monte, abondante, plus il déploie ses branches pour donner son fruit généreusement. Ainsi, après avoir tout reçu, il donne tout. On peu dire qu'il se laisse traverser par la vie que c'est cela son bonheur d'arbre. Il ne cherche pas à retenir , à arrêter la vie qui passe par lui, au contraire il est tout entier à son service.

C'est exactement cela la plénitude de la vie, ce mouvement incessant d'accueil et de don, voilà comment l'arbre témoigne de son auteur, de la vie trinitaire de Dieu qui est toute de circulation, d'échange et de don.

Heureux l'homme pauvre comme cet arbre, il ne possède rien et cependant donne en abondance. Il a faim, il pleure, et en même temps il porte des fruits de douceur et de joie.

Heureux l'homme qui , pauvre comme le Christ apprend de Lui à ouvrir les bras, se laisse porter par la vraie vie, toujours reçue, toujours donnée, transmise sans réserve.

Heureux cet homme: il est comme l'arbre planté près de l'eau vive de l'amour divin d'où il puisse sa vie, jamais son feuillage ne meurt.

Heureux cet homme pauvre, dès maintenant il connaît d'expérience la vie même de Dieu, Son royaume est à lui.

 

Amen

Père J.

 

 

Retout à la table des sermons

TRANSFIGURATION - C - Luc 9,28-36

Retout à la table des sermons

 

Frères et sœurs,

L'Eglise nous propose aujourd'hui de contempler ce qui est comme un écho de l'épiphanie du baptême : ce n'est plus Jean-Baptiste qui devine l'Agneau blessé, mais l'Agneau lui-même qui s'entretient de sa passion.

Epiphanie, mystère de lumière où, l'espace d'un instant, le Père donne à son Fils bien-aimé de laisser rayonner sa gloire devant les yeux de quelques disciples. Quelques mots nous révèlent le secret qui habite au plus intime du cœur de Jésus, cette soif brûlante de marcher vers sa passion, pour jeter un feu sur la terre.

Pour l'Evangile de St Luc cette transfiguration s'opère pendant que Jésus est en prière et l'idée, certes est belle, car la prière est bien le lieu par excellence de la transfiguration d'un être. Pour l'Evangile de Jean aussi la Transfiguration du Christ ---ou ce qui en tient lieu (Jn12,28) s'opère de même au cours d'une prière : « Mon âme est troublée, que dirai-je ?... Père délivre-moi de cette heure. Mais c'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure. Père glorifie ton nom. Et une voix vint du ciel :Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore ».

Pour les deux autres Evangélistes, Mathieu et Marc point n'est besoin de ce contexte. Jésus est transfiguré parce que le Père a décidé de le dévoiler dans sa gloire. Les disciples n'ont pas compris. D'abord hébétés de sommeil, ils n'ont pas veillé, ne se sont pas associé à la prière du Fils bien-aimé: puis hébétés de crainte ils n'ont pas su puiser à ce qui aurait dû nourrir leur espérance au temps de l'épreuve, alors que la voix du Père leur commande de suivre celui qui ne cesse de les préparer à son sacrifice.

De fait dans tous les Evangiles, l'essentiel de la manifestation c'est la voix du Père.

Dès lors, notre attention doit se porter sur elle et ce qu'elle annonce, bien plus que sur l'aspect spectaculaire de la scène. Effectivement, Jésus n'existe pas pour lui-même, ni par lui-même, mais seulement comme Fils du Père dont il procède et duquel il porte témoignage.

C'est bien dans cette révélation essentielle qu'il faut lire tout l'Evangile et nous situer nous-mêmes. Peut-être ne commettons-nous qu'un seul péché ? Celui d'oublier et donc de nous comporter en athées ; « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le ».

 

Amen

Père J.

 

 

 

 

Retout à la table des sermons

Fête du St Sacrement. - C - Luc 9,11-17

Retout à la table des sermons

Frères et soeurs,

Nous aurions pu lire, ce matin, le récit de l'Institution de l'Eucharistie pour fêter le Corps et le Sang du Seigneur. L'Eglise a préféré de retenir le passage de la multiplication des pains, en réalité ils sont l'un et l'autre intimement liés.

Entrons un peu plus profondément dans le texte pour qu'il nous livre un maximum d'enseignements. «Le soir tombe. La foule a faim.»

Le jour baisse: ce qui évoque immédiatement que les hommes vont s'enfoncer dans la nuit, le noir va peser sur eux en avivant leur angoisse, leur insécurité.

C'est une foule: en fait c'est toute notre humanité représentée par la foule qui écoute Jésus.

Ils ont faim: c'est bien le grand souci de tous les temps et de chacun d'entre nous. Inscrit dans le destin de l'homme appelé à lutter pour manger sans jamais trouver à satisfaire vraiment son besoin plus obsédant encore de nourriture spirituelle.

L'endroit est désert: Frères et soeurs , dressons bien l'oreille, le mot désert revient si souvent dans l'Evangile, aux grands moments de l'histoire de l'humanité. C'est dans les solitudes fulgurantes du Sinaï que Moïse avait conduit des esclaves en fuite pour façonner le peuple élu. Plus tard aux jours de trahison, Dieu avait souvent ramené son peuple au désert, pour parler à son cour. Finalement, Jésus, lui-même, nouveau Moïse, le plus grand de tous les prophètes entraine cette foule au désert, cette pauvre humanité qui a faim et soif de nourriture solide, de justice et de vérité, le peuple de Dieu qu'Il va nourrir de son Corps et de son Sang.

Les apôtres sont bien là, incapables de rassasier la foule comme Jésus le leur suggère: mais aussi, 5 pains et 2 poissons c'est dérisoire, autant dire , rien, et cependant. Commencez à partager ce peu, à faire de cette foule, une assemblée en communion et moi, Jésus, je sanctifierai le geste qui distribue, qui rapproche et donne la vie. Et le pain se multiplie, l'Eucharistie est annoncée.

Tous mangèrent à leur faim et des douze paniers récoltés et confiés à l'Eglise nous nous nourrissons encore maintenant .

Frères et soeurs, en y pensant bien c'est démesuré de célébrer la messe; nous sommes en quelque sorte happés par les accomplissements de Dieu. Si la mémoire du passé nous est présente c'est pour nous projeter vers ce qui sera, nous pouvons dire que notre rassemblement eucharistique est une halte de nomades, une simple étape d'exode. La manne ici offerte n'est autre que Dieu lui-même. A sa façon Il nous rassasie en nous affamant, nous remet en route, hantés par la promesse, impatients d'ébaucher aujourd'hui la cité lumineuse des Fils de Dieu, nourris de son Corps et de son sang.

Cela valait bien une célébration festive; .non?

 

Amen

Père J.

 

 

 

Retout à la table des sermons

 

EN GUISE DE TESTAMENT SPIRITUEL

Retout à la table des sermons

 

(Ce texte est extrait d'un courriel reçu du père J. en 2011)

...Cette année je fête un anniversaire assez spécial qui me convient parfaitement: 2 vies de 42 ans chacune. Pour un natif du signe des Gémaux, c'est génial. La même personne fondamentalement "aventureuse" qui entreprend et va au bout de deux routes diamétralement opposée. Le plus étrange c'est qu'au terme  de mes deux expériences j'en arrive à la mêmes conclusion.
(...) Les gens qui se laissent mouvoir par le sentiment mènent rarement à terme une oeuvre difficile. Leur enthousiasme du début est exaltant, c'est plein de promesses, la sincérité avec laquelle ils répondent, le dévouement dont ils font preuve, une pure merveille. Malheureusement, neuf fois sur dix, leur sincérité n'est que fidélité à la pulsion d'un instant, donc essentiellement instable et fugitive (cela peut durer des années), elle s'accomode d'ailleurs de retournement spectaculaires. (...) Je suis bien placé pour affirmer qu'un engagement dans une vocation est une oeuvre difficile s'il en est. C'est une aventure qui se renouvelle chaque matin, qui n'a rien de sentimental, qu'il faut y entrer, je dirais comme on s'apprête à escalader une haute montagne et qui de plus , à certains jours sait mettre la fidélité à dure épreuve. Attention alors aux fuites possibles, vrai dans le monde comme en communauté, tout spécialement: "l'activisme", sous prétexte de "servir", ce qui permet de confondre facilement le but et son propre épanouissement en toute bonne conscience. Et cependant un tel dévouement n'est en réalité que le besoin de s'affirmer de soigner son image.
Tout autre est la véritable dynamique d'une oeuvre qui plaît à Dieu. Un tel maître d'oeuvre se laisse pénétrer par l'objectif qu'il s'est fixé, décide des moyens adaptés pour l'atteindre, s'y tient même s'ils deviennent pénibles, ne sen détournent absolument jamais.
        Ce qui qualifie "le véritable serviteur du royaume" ce n'est, ni le sentiment toujours fragile, ni la sincérité facilement instable, encore moins le besoin d'agir pour agir, c'est le don effectif de soi-même à Dieu, c'est la qualité de son écoute qui entraîne une réponse, selon ses moyens, mais dans un engagement durable.(...)

Père J.