-
Retour page précédente - Accueil - Menu - AA - AA - Laptop ou PC - English

Jean Grosjean sur l'épisode de la Samaritaine (Jn4)

...Ce matin-là le Messie s'était donc mis en marche. Son âme avait cette vibration des jeunes peupliers quand un vent de semaine sainte leur fait passer sur la tête des nuages d'une pâleur irréelle qui font que tout le monde se dit : Ça va être Pâques, mais sans trop faire semblant de peur qu'une fois de plus ça ne soit justement que Pâques.

Mais on en est aux chaleurs qui fanent les lilas. Pire : on en est à un Messie fatigué. Vers midi on arrive en vue de Sychar, mais Jésus n'a plus le courage de faire le dernier kilomètre, il est épuisé. Puisqu'on a atteint une source, on déjeunera là. La source coule au fond d'un puits. Jésus s'assoit sans façon contre le puits c'est-à-dire non sur la margelle, mais par terre le dos appuyé. Un caroubier sans doute lui fait un peu d'ombre.

Et de voir les talons des bons apôtres qui vont en ville chercher du pain et soulèvent en marchant la poussière du sol. Le Messie songe-t-il au poème d'Isaïe : Qu'ils sont beaux les pieds des anges? Non, il récupère ses forces en ne se concentrant que sur l'ensemble de la situation, dans le silence que lui laisse le départ des camarades.

C'est l'heure où les oiseaux se taisent. Le soleil est stagnant dans le zénith. Dieu lui-même qui attend beaucoup de son Messie semble somnoler en diagonale de l'univers. Et le Messie, du fond de sa fatigue, admire cette immense attente de son Père.

Soudain arrive une femme du pays. Il ne l'a pas entendue venir. Ce n'est pas une femme à gros sabots. Elle n'a même pas ses nahouls qu'elle sait joliment soulever de l'orteil à chaque pas quand elle se rend à quelque bavardage. Mais aujourd'hui elle est pieds nus. Au plus chaud du jour s'apercevoir qu'il n'y a plus une goutte d'eau dans l'alcarazas : Que va dire mon homme? Et si les voisins entendaient l'homme se mettre en colère? Nous avons plutôt intérêt à ne pas faire d'esclandre. Alors elle a filé à la source à l'insu du monde entier.

Flûte, se dit-elle en son argot samaritain, quand elle s'aperçoit qu'il y a là quelqu'un qui se repose. Elle va faire semblant de ne pas le voir, ce n'est pas le moment.

Or tout de suite il lui demande à boire. Il voit bien qu'elle n'a pas encore puisé. Elle est un peu surprise, surtout par son air naturel : C'est un inconscient.

Elle n'est pas de la première jeunesse mais elle est de ces natures inusables que les années ne domptent guère et qu'on ne prend pas facilement au dépourvu : D'abord l'homme l'accent de la Galilée, c'est donc un Juif. Que les judéens tiennent à leur Jérusalem qu'ils ont retapée, on peut le comprendre, mais les gens du nord ne s'y rallient que pour nous mépriser. Ces besogneux se vengent de leurs misères en nous regardant de haut.

Alors avec un demi-raclement de gorge initial et ce ton de faux étonnement qui sont déjà une sorte de triomphe la Samaritaine se met à répondre : Tiens donc, comment vous qui êtes un Juif (tu crois que je ne le vois pas?) vous abaissez-vous à me demander à boire à moi qui suis non seulement femme mais Samaritaine? (Je veux bien que tu aies soif, je te donnerai à boire, mais pas sans te faire remarquer combien tu déchois. Je vous connais, Messieurs, avec vos grands airs, vous ne nous adressez guère la parole, ça vous gercerait la bouche. Vous nous voyez à peine tant vos yeux regardent au-dessus, ou en dessous )

Le Messie ne s'attendait pas à un règlement de compte. Il décolle son dos du dossier de pierre et avec une gravité inattendue il dit : Si tu savais ce que Dieu t'offre et si tu connaissais celui qui te demande à boire ce serait toi qui demanderais à boire et ce serait lui qui te donnerait de l'eau vivante.

La femme n'est pas désarçonnée. Elle s'esclaffe. Avec dans la voix le même départ un peu rauque de quelqu'un qui énonce une évidence, elle dit : Mais Monsieur, vous n'avez pas ombre de récipient pour puiser. Et l'eau est par trente mètres de fond. C'est le père Jacob, dans les débuts du monde, qui a su découvrir cette source souterraine et y creuser cet accès pour nous. Il en a bu le premier et ses fils en ont bu et ses troupeaux aussi.

(Elle s'y voit comme si elle était Rachel. Toute sa vie elle a rêvé d'être aux premiers jours du monde et d'être la bien- aimée de Jacob.)

Savez-vous, Monsieur, que vous êtes dans ce domaine que Jacob a donné à Joseph, son préféré qu'il avait eu de Rachel notre aïeule ? Vous allez faire mieux ? Vous croyez nous faire croire qu'on est revenu au temps des miracles ? Pauvre monsieur, si vous saviez de quel pas marche le siècle !

Le Messie n'est pas mécontent d'avoir affaire à quelqu'un qui avoue sa mythologie. Il répond en spécialiste : Quand on boit de cette eau-là on a encore soif.

Pourtant il ajoute : Mais l'eau que je donne si on en boit, on n'aura plus jamais soif. Au contraire si je donne de l'eau à quelqu'un, ça va être en lui une source d'eau jaillissante pour vivre toujours.

Quand Jésus reparlera de cette eau vivante et vivifiante, l'évangéliste nous dira qu'il s'agit du Souffle.

Pour l'instant l'auditrice est subjuguée. Ce Galiléen enchaîne si tranquillement le banal et l'impensable qu'il n'y a pas plus de raison de rejeter une merveille qu'il n'y avait de moyen de refuser les servitudes : Volontiers, Monsieur, donnez-moi de votre eau, pour que je n'aie plus à venir puiser ici tous les jours.

Je me fatigue, à la fin, d'aller à l'eau. Et puiser n'est pas si commode. Si je veux en faire une réserve pour prendre des jours de repos, c'est vite de la boisson croupie. L'eau courante à domicile, vraiment je ne demande pas mieux.

Le Messie est consterné. Il est comme quelqu'un qui, au bout de son champ, s'appuie sur son manche de fourche pour regarder une fleur de chicorée sauvage. Elle a l'air de le regarder aussi, mais il voit qu'elle ne le voit pas. Il n'a pas gagné grand-chose sauf de faire tomber une méfiance, mais par un malentendu.

Le malentendu est sa manière de rompre notre discours. Il faut que notre monologue trébuche sur le seuil du dialogue. Ce n'est qu'une fois dépaysé qu'on verra autrement le pays.

Mais la fière Samaritaine qui capitule ne fait que remplacer le souvenir de ses imaginations d'adolescente par ce goût du confort qui vient avec l'âge. Et le Messie voit que la conversation va tourner court. Alors il dit : Va appeler ton homme et reviens ici. (Ce qu'il veut dire aura meilleur écho dans un couple.)

Elle répond : Je n'ai pas d'homme. Les hommes n'existent guère à ses yeux tant leur univers est limité, mesquin, sans

 

 

 

fenêtre sur les lueurs, sans quelque grand étendard qu'on entende frémir dans le vent. Jeune elle se figurait qu'un homme c'était une âme, l'aventure d'un langage, une marche en altitude. Il paraît que ça ne se trouve pas beaucoup, alors autant vivre en zigzag, explorer la vie à sa guise, tant pis pour les racontars. Et s'il m'arrive enfin une bénédiction inattendue , je les ne vois pas avec qui je la partagerais.

Alors Jésus prend un ton un peu goguenard : Tu fais bien de dire : Je n'ai pas d'homme, puisque tu as eu cinq hommes et celui que tu as maintenant n'est pas ton homme. Là, tu dis vrai

Dès qu'on ne lui oppose plus de barrière Jésus recrée une distance par l'ironie. Le sacré des païens et des Juifs lui semble un instrument grossier. Il ne foudroierait pas le familier qui touche à l'arche. Son ton moqueur se substitue aux règles liturgiques.

Même quand elle est pleine de tendresse sa raillerie reste rude. Qu'on le reconnaisse pour Messie, il dira : On te l'a soufflé. Qu'on prétende donner sa vie pour lui, cela le fait rire : Attends seulement que le coq chante.

Ici il décape la trop apparente franchise de la femme. Ça ne prend pas avec lui de jouer à la bouquetière. Drôle de demoiselle : elle a été mariée cinq fois et maintenant la liaison qu'elle a ne la lie guère. Alors oui, en ce sens-là, elle peut dire qu'elle n'a plus d'homme.

Elle comprend, elle dit : Je vois que tu es prophète. Mais elle ne perd pas la tête, sa chance ne la désarme pas. Les déceptions ne l'ont pas éteinte, sa vivacité reste entière et s'est même accrue à force d'expériences malheureuses (elle a dû être répudiée plutôt que veuve).

Qu'est-ce que le coeur sinon l'entêtement à trouver l'azur malgré les nuées? Il y faut un mélange de candeur foncière et de ruse intrépide. Le maître se souviendra de cette Samaritaine quand il conseillera d'être à la fois naïf comme une colombe et malin comme un serpent.

Elle ne va donc pas laisser passer l'occasion. Pour une fois qu'elle a un prophète sous la main, elle va tâcher d'éclaircir le doute qui somnole au fond de chacun : Comment se fait-il que tout le monde ne voit pas ce que nous voyons? ne croit pas ce que nous croyons? (Jude dira au Messie le dernier jeudi soir : Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'on soit quelques- uns à te voir et non pas tout le monde?)

Puisque j'ai affaire à un Juif qui ne ment pas, je vais en avoir le coeur net : Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous autres vous dites que c'est à Jérusalem qu'il faut adorer?

Le Messie n'attendait que cela. Quand il avait expulsé le bétail du temple cela revenait à supprimer les sacrifices. On prétendait que les égorgements voulaient dire l'élan des coeurs, mais plutôt ils en tenaient lieu.

Or réformer les rites comme il en a rêvé pendant un demi-quart d'heure aurait sans doute allumé une guerre de religion et en tout cas abouti à de nouveaux embourbements. Il a su que le vrai temple ne pouvait être qu'intérieur.

Maintenant il confie son expérience : Crois-moi, femme, l'heure vient où vous n'allez adorer le Père ni sur cette montagne ni à Jérusalem. (Fin de l'histoire des religions.)

Vous ne savez pas ce que vous adorez, nous autres savons ce que nous adorons, parce que le salut est à partir des Juifs. (La bonne foi des Samaritains n'est pas un moyen de connaissance suffisant, mais la connaissance juive a besoin de mûrir.)

La Samaritaine disait : adorer, sans complément puisque adorer c'est ne pas trop savoir qui. Jésus répond : adorer le Père. Il peut oser donner ce nom usuel au Dieu voilé des patriarches et des prophètes. Il est le Fils, il peut être intime. Il est le langage, il peut parler clair.

Mais l'heure vient, et c'est maintenant, où les vrais adorateurs vont adorer le Père dans le Souffle et la vérité puisque ce sont ces adorateurs-là que cherche le Père. Dieu est souffle et il faut que ses adorateurs l'adorent dans le Souffle et la vérité. (Le Souffle et la vérité c'est-à-dire le Souffle véritable.)

Il n'y a que le Souffle qui sache adorer. Il peut, sans se soucier du temple de Salomon ni de ceux des Jéroboam, faire de chaque humain une adoration. Ce qu'il y a de plus vital en chaque humain va être délivré des localisations : le Père est adorable partout. Il est à portée de main de notre âme ou plutôt à portée de souffle.

Seule une respiration de l'âme peut adorer le Dieu qui est respiration. Cette respiration du Père que le Père donne au Fils est donc aussi la respiration du Fils

Chez le Père elle est cette dépossession qui consiste à se dire. Et chez le Fils, qui est le dire, elle est cette dépossession qui consiste à s'émerveiller. Elle est à la fois la générosité du Père et l'intelligence du Fils. Or ce Souffle que le Fils tient du Père va pouvoir exercer en nous sa vertu d'étonnement effrayé, d'accueil enthousiaste, de docilité passionnelle.

Notre Samaritaine anonyme aperçoit mal sur quel seuil elle se trouve. Elle se sent dépassée par la confidence quelle a provoquée. Elle n'en demandait pas tant. Elle n'avait pas envie d'un prédicateur et, pour couper court, elle se raccroche a la seule certitude qu'elle ait et qui, sans doute, lui garde

- son aplomb : Je sais que le Messie va venir. Quand il sera là il nous apprendra tout.

Notre dégourdie n'a pas besoin du psaume pour savoir que tout homme, même prophète, est un peu faux. Les maîtres les meilleurs ne nous livrent que des vérités confuses. Seul le Messie fera la lumière.

Le Messie lui répond : Le Messie c'est moi, moi qui suis en train de te parler.

Le langage qui fait exister l'univers parle assis contre un puits. Il est à la merci de l'incompréhension. Mais de toute vie humaine, il peut faire ce qui justifiera que l'univers existe.

La femme reste bouche bée comme si toute présence d'esprit la laissait. Elle qui trouvait réponse à tout, quitte à changer de sujet, la voilà submergée comme Béra et Birsha quand ils sont tombés dans des trous de bitume. Ce passant fatigué mais sympathique, un peu hâbleur mais sûrement savant et avec qui je discute, serait...

Elle n'a pas le temps de se demander si c'est plausible ou de se sentir abasourdie, puisque juste à ce moment arrivent les compagnons de Jésus. Et ils ne sont pas moins interloqués de le voir en conversation, mais ils n'osent rien dire. Et le Messie s'étonne de leur étonnement. Il y a pour tout le monde une belle minute de malaise. L'ombre du caroubier a un peu tourné et la main que le Messie appuie au sol est au soleil.

La femme est la première à rompre. Elle part. Elle oublie sa jarre. Elle a hâte d'être en ville pour raconter, qu'importe si on l'estime peu. Une revanche? Non, plutôt son effronterie innée : Venez voir quelqu'un qui m'a dit tout ce que j'ai fait.

Belle occasion d'attrouper ceux qui la méprisent, mais surtout : soif de se faire confirmer qu'elle a bien rencontré le Messie. Ce n'est pas un avantage qu'on puisse s'approprier à l'insu des voisins.

Ils sont sortis de la ville et ils venaient vers lui. En badauds, mi-farauds mi-crédules. Il y a toujours de la foule disponible pour de l'inusuel.

*

Entre-temps les disciples insistaient : Rabbi, mange. Mais il leur a dit : Vous ne savez pas quelle nourriture j'ai à manger. Alors les disciples se sont dit entre eux : Est-ce que quelqu'un lui aurait apporté à manger?

Jésus parle avec simplicité, mais nos acquis nous désorien­tent. Du haut de sa sagesse Nicodème souriait : Peut-on, une fois vieux, rentrer au sein de sa mère? Du fond de son savoir la Samaritaine riait franchement : Tu n'as rien pour puiser. Forts de leur récente expérience les disciples s'inquiètent : Est- ce que par hasard le Messie ne dépendrait plus de nous seuls?

Jésus leur a dit : Ma nourriture est de faire ce que veut celui qui m'a envoyé et de finir son travail. Jésus est indifférent à l'apparent privilège de ses disciples. Il veut seulement dire qu'on se nourrit de ce qu'on fait.

Ce que nous faisons nous donne notre force de vivre sans laquelle les nourritures ne nous serviraient à rien. Mais ce serait surtout vrai si nous faisions ce que Dieu veut.

Curieusement le Messie précise qu'il est venu finir le travail de Dieu. Ce que Dieu a fait exister par son langage, Jésus qui est ce langage vient le mettre au point. Ce travail de finition exalte un Messie que la marche avait fatigué. Il n'a plus faim, il n'a plus soif d'autre chose.

Est-ce que vous ne dites pas : Encore quatre mois et moisson? (proverbe de patience ou simple datation, en tout une évidence à démentir) Eh bien je vous dis : Levez les yeux et voyez que les champs sont blancs pour la moisson (peut-être les Samaritains qu'on voit venir).

Déjà le moissonneur reçoit son salaire, il récolte de quoi vivre toujours, pour que le semeur se réjouisse avec le moissonneur (pris de vieillesse le semeur sourit aux jeunes qui engrangent : on pourra vivre). En effet le dicton a ça de vrai qu'autre est le semeur, autre le moissonneur.

Je vous ai envoyés... (oui, dès que nous frôle le Messie qui est l'envoyé, nous sommes déjà envoyés, employés et comme attelés).

Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n'avez pas travaillé. D'autres ont travaillé et vous êtes entrés dans leur travail. (N'allez pas vous croire important par vos succès tant d'in­connus vous les ont préparés à grand-peine.)

Justement arrivaient les gens de Sychar, travaillés par récri­ture de Moïse et par le bavardage d'une femme. Ils ont vite voulu en entendre davantage et ils ont invité le Messie chez eux.

L'après-midi a été courte. On a offert à Jésus des petites laitues, des galettes chaudes, de la confiture de violette et cette eau fraîche qu'on est allé chercher au puits de Jacob, mais on le harcelait de questions, sottes ou graves, qu'il déplaçait admirablement.

À la fin il a fallu le laisser dormir, d'autant qu'on commen­çait à rêver, et on lui a donné une chambre.

Quand il s'est réveillé, le ciel pâlissait à la fenêtre, piqueté des derniers tremblements de constellations. Il se lève. Il regarde l'azur s'approfondir. Il y voit des étoiles qu'on ne voit plus. L'âme affleure à ses lèvres qui bougent à peine. Il chuchote au Père ce que c'est que naître, commencer, être fils.

Il se penche à la fenêtre et baisse les yeux. Il voit des globes de rosée à des pointes de chardon. Il n'ose pas sortir. Lui qui brave les traditions du temple, il ne veut pas troubler les coutumes d'un bourg. D'ailleurs il a tout le ciel de la fenêtre dans le silence de la chambre et tout le silence attentif du Père dans son âme de Fils unique.

Il se sent inondé de la fraîcheur du Père. Il ne s'aperçoit pas que ses pieds ne posent plus sur le carrelage, ils sont juste un petit peu au-dessus : Père, si tu veux ce jour...

Le soleil était en train de se lever derrière la maison. La cime des arbres s'éclairait. On a entendu des portes s'ouvrir, des pas dans les ruelles, des paroles.

Jésus s'est mis à entendre. Il avait de nouveau les pieds sur le sol. La lumière grandissait. Il est allé se mêler à des passants qui ne le connaissaient pas encore, mais les amis de la veille le guettaient et l'ont entouré. Il se sentait chez lui parmi ces Samaritains qui étaient au moins hérétiques et schis­matiques.

Les gens disaient à la femme : Ce n'est pas sur tes dires que nous nous fions à lui, maintenant que nous l'avons entendu nous- mêmes. On ne doit rien à ceux qui indiquent le Messie. Ren­contrer le Messie c'est ne plus appartenir qu'à lui. C'est le marié qui a la mariée. Les garçons d'honneur n'ont qu'à applaudir.

Ces pages respirent le ravissement de voir que le Messie est l'intime possesseur de chacun.

Jean Grosjean - Extrait de "L'ironie Christique" - Gallimard 1991 -Page 73 et suite