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<p>Je contemple les constellations et, conform&eacute;ment &agrave; la convention culturelle qui s&eacute;vit en Occident depuis quelques si&egrave;cles, je ressens <a href="../rel-citationsauteurs/rel-ref-aut-pascal-hommedansunivers-tab.htm#0" target="" >le vertige </a>qu'il faut ressentir en de telles circonstances: la perception claire de ma petitesse, de mon vide, de mon rien, de mon absurdit&eacute;... </p> <p>Mes certitudes, mes recherches, mes tracas, mes efforts, .tout cela est ridicule. Mais ce qui me prend &agrave; la gorge plus particuli&egrave;rement cette nuit, ce n'est pourtant pas tant le ridicule que la douleur. L'absurde n'est rien, la vanit&eacute; n'est rien, mais la douleur... la douleur... </p> <p>Supposons quelques instants que rien ne soit absurde et que m&ecirc;me la douleur ait de bonnes raisons d'&ecirc;tre; je n'aimerais pas plus devoir souffrir. </p> <p>Le jour va se lever et l'on abattra sur la terre, sans m&eacute;nagement, des millions de b&ecirc;tes pour en nourrir des millions d'autres. Une m&egrave;re verra les restes de son gamin coinc&eacute; dans la ferraille de sa voiture emboutie par un ivrogne. Un juge m&eacute;diocre d&eacute;cidera que la moiti&eacute; de la vie d'un homme se terminera dans une cage. Un autre condamn&eacute; sera men&eacute; brutalement vers l'&eacute;chafaud. A deux pas de chez moi, l'os iliaque d'une gentille petite vieille touchera sa paillasse crasseuse parce que l'eschare aura mang&eacute; l'int&eacute;gralit&eacute; de la chair souffrante qui lui restait comme coussin. L'urine en profitera pour y semer autrement son piquant. La merde et ses effluves arr&ecirc;teront net, comme hier et comme maintenant, l'&eacute;lan g&eacute;n&eacute;reux d'un quelconque qui, pris de piti&eacute;, voulait d'abord l'assister... </p> <p>En face du corps tortur&eacute;, l'angoisse de l'absurde, ce malaise des intellectuels de sofas, n'est qu'une vulgarit&eacute;, une impudeur. Il y a des philosophes que l'on voudrait, parfois, voir souffrir d'une rage de dent lorsqu'il p&eacute;rorent.</p> <p>Et je ne doute pas une seule seconde que dans les lointaines galaxies tout crie autant qu'ici! </p> <p>S'il ne s'agissait que de ma propre douleur, je ne donnerais &agrave; mon soupir que le nom d'une malchance: je serais mal n&eacute;. Tant pis pour moi. Bonheur aux autres! Bonheur des autres! Bonheur! ...Mais il ne s'agit pas de moi; toute la mati&egrave;re doit souffrir comme s'il y avait l&agrave; une r&egrave;gle de son existence. La moindre particule crie son incompl&eacute;tude et ses craintes. La moindre des particules, prisonni&egrave;re de son inertie, cherche ou fuit l'autre qui, prisonni&egrave;re d'une autre ligne d'inertie cherche ou fuit de m&ecirc;me. La paix des corps n'existe qu'en quelques occurrences fulgurantes. </p> <p>&nbsp;</p> <p align="center">*** </p> <p>&nbsp;</p> <p>A quel jeu laissais-je couler mon encre? A quelle imposture? A quoi bon feindre; devrais-je rougir de ma chance? Je suis bien n&eacute;. La vie me sourit. Ce matin, je n'ai pas mal et je ne manque de rien. Je me rends bien compte du privil&egrave;ge particulier dans lequel ma propre vie baigne: sant&eacute;, amis, &eacute;tudes, argent, loisirs, foi... </p> <p>Ma compassion seule g&eacute;n&eacute;rait mon soupir. Alors &agrave; quoi bon la <a href="../rel-bud/rel-bud-compassion-tab.htm#0" target="" >compassion</a>? </p> <p>A genoux devant mon pass&eacute;, je prie les Puissances d'En-Haut de s'expliquer: </p> <blockquote> <p class="vertmaigre">&laquo;...<span class="ital">Est-ce que j'ai dormi pendant que les autres souffraient? Est-ce que je dors en ce moment? Demain, quand je croirai me r&eacute;veiller, que dirai-je de cette journ&eacute;e? (...) </span></p> <p class="vertmaigre ital">A cheval sur une tombe et une naissance difficile. Du fond du trou, r&ecirc;veusement, le fossoyeur applique ses fers. On a le temps de vieillir. L'air est plein de nos cris. Mais l'habitude est grande sourdine. </p> <p class="vertmaigre ital">Moi aussi, un autre me regarde, en se disant: 'il dort, il ne sait pas. Qu'il dorme!'. </p> <p><span class="vertmaigre"><span class="ital">Je ne peux pas continuer</span>...&raquo; </span>(Becket - &quot;En attendant Godeau&quot;) </p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <p>Dieu me r&eacute;pond que je suis idiot. </p> <p>&nbsp;</p> <p>C'est vrai que je pense mal; je n'avais pas besoin d'un Dieu pour le savoir. J'engraine effets sur causes au fil d'un chapelet que mon coeur n'aura jamais le temps de r&eacute;citer. A quoi bon... </p> <p>Pour esp&eacute;rer, j'ai besoin d'une grande plaie ouverte qui d&eacute;chire la peau des choses. Une br&egrave;che dans ma chair. Oui, j'ai besoin d'une bouche de chair dans la ferraille des engrenages. Dieu! Aide-moi! Je veux trouer le mur! Je veux me lib&eacute;rer de toutes ces araign&eacute;es positivistes qui tissent leurs mensonges autour de moi! </p> <p>Dieu me r&eacute;pond: </p> <blockquote> <p class="vertmaigre">&laquo;La br&egrave;che existe d&eacute;j&agrave;; regarde grand sot!&raquo; </p> </blockquote> <p>C'est vrai que je suis sot. La br&egrave;che est devant moi que la raison<a href="../rel-theo/rel-theo-liberte-tab.htm#0" target="" > m'indique</a>. </p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>paul yves wery - Chiangmai, d&eacute;cembre 2009 </p> <p class="petitpetit">Version 1.02 -Chiangmai, f&eacute;vrier 2011 </p>