Noël 1987.

 

Temps de Noël : Homélie à la messe de minuit. 25.12.87

 

Mes frères,

 

Cette nuit, nous avons à nouveau le privilège de contem­pler l'infinie fragilité de notre Dieu. Il n'est rien qu'un nouveau né vagissant dans une mangeoire d'animal. Il s'est fait homme pour être mangé par les hommes. Plus tard, bien plus tard, peu avant sa mort, il donnera sa chair et son sang en nourriture à tous. Quoi de plus fragile et de plus fort tout à la fois que cette nourriture qui nous introduit au coeur de la vie éternelle.

Voilà donc notre Dieu qui devient chair d'homme, notre Dieu qui s'anéantit. Lorsqu'il apparaît dans le monde, ce n'est pas dans l'éclat écrasant d'une puissance invincible. Non, il n'est absolument rien qu'un bébé et il est là pour devenir notre vie, notre nourriture.

Et dans cette Eucharistie, vraiment, nous allons à nou­veau le manger. Il deviendra, il est devenu ce que nous som­mes afin que nous puissions, en le recevant nous, devenir ce qu'il est. Admirons donc les voies stupéfiantes empruntées par notre Dieu qui est amour. L'incarnation s'opère dans un dénue­ment absolu. Or Dieu ne revient jamais en arrière.

 

De la mangeoire à la croix, de la croix à la résurrec­tion, de la résurrection à la Parousie, c'est la même impla­cable logique. Et c'est elle encore qui gouverne aujourd'hui l'action de Dieu dans notre vie, la vie de chacun d'entre nous. Cette logique jette bas nos calculs prévisionnels, notre habileté, notre sagesse. Elle s'impose sans réplique.

Si nous y étions attentifs, si nous nous adaptions simplement à elle, si nous dansions avec elle, si nous faisions corps avec elle, O, bien vite, nous ne ferions plus qu'un avec ce Dieu qui se donne à nous. Le Prophète, déjà, d'un grand coup d'aile, nous avait emportés dans cet ailleurs mystérieux et bien réel où toute puissance d'homme est à jamais confondue.

La réussite du plan de Dieu, le sort de sa création re­pose sur un enfant. Et à peine né, déjà, l'insigne de son pou­voir repose sur son épaule. Et nous savons que l'insigne de ce pouvoir, c'est la croix. La croix ! Ne voyons pas des spectres de souffrance - ­certes la croix est un supplice terrible - mais voyons en elle cet amour qui, encore une fois, nous sollicite et se donne.

 

Cet enfant est apparition de Dieu dans sa réalité boule­versante et son amour fou. Allons-nous suivre ? Ou bien al­lons-nous nous écarter et prendre la fuite ? Nous savons, mes frères, que la plupart des disciples du Christ se sont écartés de lui, même les meilleurs...

Et nous, qu'allons-nous choisir aujourd'hui ? Car cette nuit encore, il nous pose la question : Et vous, qu'allez-vous faire ? Allez-vous vous aussi me quitter ? Comment quittons-nous le Christ, mes frères ? Eh bien, nous le quittons lorsque nous ne croyons pas à ce projet, à ce projet d'amour qui consiste à s'effacer pour les autres, à se donner aux autres. Chaque fois que nous essayons de do­miner, d'exploiter, de tromper, nous quittons le Christ.

Il n'y a pas d'autre route pour entrer dans le Royaume de la justice, de la paix, de la lumière, de l'amour, que de suivre Dieu dans son anéantissement. Il faut consentir à de­venir des enfants, des être insignifiants aux regards des hommes. Il faut accepter de passer pour des fous à l'aune de la sagesse humaine. Il faut savoir perdre sa vie pour la ga­gner en lui.

 

Dieu est devenu enfant, et nous serons chez lui quand nous lui serons devenus semblables. C'est toujours la même logique et il l'a répété : Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume de Dieu. Vous resterez à la porte...

Mes frères, Noël, c'est l'univers de Dieu à notre portée. Mais attention ! Ce n'est pas un jeu ! La Règle de ce Royaume, c'est l'amour. Et l'amour, c'est la mort à soi, à toute forme d'égoïsme.

Demandons à Dieu la grâce de cette mort qui sera notre naissance à la vraie vie, qui sera notre victoire, et qui se­ra notre éternel bonheur avec tous nos frères à l'intérieur du Royaume de Dieu, dans la lumière de la Trinité, auprès de notre Christ et de sa Mère la Vierge Marie.

 

                                                                                                  Amen.

 

Temps de Noël : Homélie à la messe du jour.  25.12.87*

 

Mes frères,

 

Nous avons appris de la bouche même de notre Sauveur que la Vie Eternelle consiste à connaître Dieu et celui qu'il a envoyé, Jésus le Christ. Connaître Dieu signifie concrètement être devenu un seul esprit avec lui, être mort à soi afin que l'on puisse dire : Ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi.

C'est donc connaître Dieu par l'intérieur de lui-même en par­tageant sa vie, ses soucis, sa passion. La vie éternelle est le couronnement de l'œuvre de Dieu en nous. La création des univers matériel, spirituel, angélique n'a pas d'autre finalité que de nous plonger dans océan de vie qu'est Dieu.

Il s'agit ici, mes frères, de bien autre chose que cette petite vie matérielle, cette petite vie physique, biologique, cette petite vie de plaisirs fugaces à laquelle nous sommes tellement attachés. Non, il s'agit de la vie éternelle, de la possession pleine et entière de Dieu lui-même dans ce qu' il est.

 

Il y a une continuité à l'intérieur de l'existence de Dieu. Nous y sommes ..?.. .. ?..  .. ?..  .. ?... C'est le Verbe de Dieu qui lance le cosmos dans l'existence, qui le fait dé­velopper, qui le conduit lentement vers sa perfection. C'est le même Verbe de Dieu qui à l'heure prévue se fait chair afin que cet univers dans sa fleur qu'est l'homme ait l'occasion de devenir Dieu. Et au terme de l'Histoire, c'est encore le Verbe de Dieu qui, devenu tout en toute chose, si­gnera l'accomplissement de ce projet divin.

Nous sommes donc entraînés vers la vie, et rien ne peut nous faire obstacle, ni nos peurs, ni nos refus, ni nos pé­chés. En se laissant écraser par la haine des hommes, et cela dès sa naissance, Jésus le Verbe de Dieu à tout .. ?.. Rien qui aujourd'hui n'existe qui ne soit tremplin vers la vie.

Nous, chrétiens, nous sommes invités à entrer dans ce mystère, à lui permettre de s'épanouir en nous. Nous devons être parmi les hommes présence de cette vie et de cette lu­mière. L'.. ?.. de vie éternelle brille déjà en nous. Il faut que nos frères les hommes la remarque, qu'ils en soient éblouis et qu'ils désirent eux aussi participer à cette grâce et à ce bonheur.

 

Nous serons ainsi témoins de notre Dieu par la pureté de notre coeur, par notre modestie, par notre humilité, par no­tre respect des autres, par notre bienveillance. Dieu est lumière, Dieu est amour, Dieu est vie. La solen­nité de ce jour nous le rappelle avec force. Nous devons nous aussi devenir lumière, amour et vie afin que Dieu soit vraiment présent  parmi nos frères.

Il l'est, certes, parce qu'il est Dieu. Mais il faut que d'une cer­taine façon sa présence devienne visible. Et c'est cela notre rôle, c'est cela notre vocation. Mes frères, promettons à Dieu, demandons les uns pour les autres la grâce de lui être toujours fidèles.

 

                                                                                    Amen.

 

Temps de Noël : Homélie pour la St Etienne.    26.12.87

 

Mes frères,

 

Le sort réservé à Etienne par ses adversaires a valeur de signe pour chacun d'entre-nous. Le Christ est formel : on vous livrera à la mort, vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Il y aura donc toujours des persécutions dans ce bas monde. Il y aura toujours des chrétiens persécutés.

Aujourd'hui, la persécution emprunte les formes les plus diverses. Elle se fait brutale, ou sournoise, ou feutrée. El­le est toujours cruelle. Elle se donne mille visages, mais elle a une seule âme : la haine du Christ.

Sera-ce notre tour un jour ? Demain peut-être ? En tout cas, nous sommes mystérieusement solidaires de tous ceux qui souffrent la persécution. Nous formons un seul corps. Et lors­que quelque part dans le monde des membres sont mis à l'épreuve, nous, ici, le sommes avec eux. Tous nous sommes reliés, nous sommes réunis, dans la tête qui est le Christ, lui le roi de tous les martyrs.

           

Mais pourquoi cette aversion quasi instinctive à l'en­droit du vrai chrétien ? Les sectateurs du monde, de son prince et de ses lois, ne peuvent supporter la présence d'un homme qui vit dans la lumière de Dieu et qui, même sans bruit de paroles, proclame avec force une vérité révolutionnaire, à savoir le primat ab­solu de l'amour dans l'oubli de soi et l'humble service des autres.

C'est quasi une fatalité, et nous devons être sur nos gardes. Car même à l'intérieur des communautés ecclésiales un tel phénomène de rejet peut se produire. S'il se lève dans une communauté un homme ou une femme entièrement christifié, il devient vite un sujet d'inquiétude pour les autres. On s'en protège en le mettant au ban de la communauté.

 

Mes frères, ne soyons jamais des persécuteurs larvés. Ouvrons-nous plutôt à l'imprévisible de Dieu. La sainteté est le bien le plus précieux de l'Eglise, le bien le plus précieux d'une communauté ecclésiale.

Espérons, mes frères, que parmi nous, parmi l'Eglise que nous formons, Dieu suscite beaucoup de saints.

 

                                                                                        Amen.

 

Temps de Noël : Fête de la Sainte Famille.     27.12.87

 

Mes frères,    

 

La Sainte Famille de Nazareth est l'apparition sur notre terre d'un type nouveau de famille. Elle en constitue la pre­mière cellule, et à partir d'elle va se développer et se déve­loppe encore un tissu qui, au terme de l'Histoire, emplira l'univers.

Mais déjà au plan simplement humain, cette famille demeu­re pour jamais le modèle accompli de la famille selon le coeur de Dieu. Le Prophète et l'Apôtre nous l'ont dit chacun à leur manière. Dans cette famille exemplaire, les relations d'affection et de respect permettaient à chaque membre de s'épanouir li­brement et de goûter un bonheur juste et saint.

Il me semble que le respect de l'autre dans son altérité, dans son originalité était le signe le plus éloquent de cet amour dans sa réalité et dans sa vérité. Nous pouvons à partir de là puiser une magnifique leçon pour nous, à l'intérieur de nos familles et de notre communau­té.

 

Mais allons plus loin ! Dieu désire aujourd'hui nous ar­racher à des vues purement  humaines et peut-être un peu trop rassurantes pour nous emmener chez lui et nous ouvrir les yeux sur une famille nouvelle, celle même de Nazareth devenue nôtre par grâce.

J'emploie à dessein ce mot de grâce car cette famille nou­velle, à laquelle nous sommes agrégés, se construit selon un mode divin et non plus charnel de génération. Avant-hier, l'Apôtre Jean nous l'a dit. Les membres de cette famille ne sont pas nés de la chair et du sang. Ils sont nés de Dieu. Les voilà donc liés entre eux par une consangui­nité divine.

Ce qui circule entre eux, ce n'est plus un sang humain, c'est un sang divin. Et cette vitalité divine est entretenue lorsque chaque membre participe au Sacrifice Eucharistique, lorsque chacun se nourrit du corps et du sang de Dieu devenu homme. Nous sommes tous donc enfants de Dieu, partageant le même esprit, le même héritage. Nous sommes tous les frères de Jésus, tous enfants de Marie, tous protégés par Joseph.

Jésus lui-même un jour posera la question: Qui est ma Mère ? Et qui sont mes frères ? Et il donne lui-même la répon­se : Celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, c'est à dire qui, devenu un avec le Père, reçoit de lui la vie nouvelle, la vie éternelle, celui-là est pour moi une Mère, un frère, une soeur. Voilà donc établie la loi de cette famille nouvelle !

 

Il se crée donc entre nous des liens familiaux entiè­rement nouveaux, plus réels que les liens charnels, ne les niant pas, mais les englobant et les consacrant. En termes de théologie, cette famille s'appelle l'Eglise. C'est la raison pour laquelle nous devons aimer l'Eglise car elle est notre propre chair spirituelle, et jamais personne n'a pris en haine sa propre chair.

Aujourd'hui, nous avons l'occasion d'admirer la première cellule de cette famille, de cette Eglise. Et en elle, mes frères, nous sommes tous conviés à la santé, à la sainteté, à la beauté. Ouvrons donc notre coeur bien large à ce don qui nous est fait et, tous ensembles, répondons par un oui sincère, confiant et sans réserve.

 

                                                                                  Amen.

 

Temps de Noël : Homélie des Saints Innocents. 28.12.87

 

Mes frères,

           

Le Roi Hérode, auquel l'Histoire a généreusement donné le titre de grand, est le type même du monstre froid. Il avait la faveur du César de Rome, aussi son pays était-il prospère et riche. Il avait édifié nombre de palais et de forteresses. Il avait même magnifiquement restauré et embelli le Temple de Jérusalem.

            Et pourtant, il lui manquait une chose, un organe essen­tiel pour faire de lui un homme. Il lui manquait un coeur. Il ne connaissait qu'un seul Dieu, sa propre personne. Tout était sacrifié sur l'autel de ce culte autolâtrique. Il était l'anti-Christ dans le sens le plus littéral du terme.

C'est lui en effet qui, le tout premier, s'est dressé contre le Christ. Il a tenté de le tuer. Et dans son esprit, c'était chose faite car le Christ avait dû périr dans la masse des enfants impitoyablement massacrés.

 

Avec Hérode, nous sommes au plus épais des ténèbres. Nous avons le sentiment d'une présence occulte, celle du prince des ténèbres. Et maintenant, je me pose une question, et je l'adresse aussi à chacun d'entre vous. N'y aurait-il pas en nous quel­que chose qui serait complice de Hérode ? N'y aurait-il pas entre Hérode et nous un certain lien de cousinage ?

Penser du mal d'un autre, c'est déjà l'attaquer et le blesser. Dire du mal d'un autre, c'est tout simplement le tuer. Qui est cet autre ? Sinon un innocent qui ne se doute de rien. Car dans l'autre, que je le veuille ou non, c'est le Christ lui-même que j'atteins. Meurtrier du Christ et complice d'Hérode, nous le sommes tous plus ou moins, mes frères, reconnaissons-le ! C'est la raison pour laquelle les anciens moines pleuraient tellement sur eux-mêmes et sur tous les hommes.

 

Soyons donc attentifs sur nous-mêmes ! Tenons-nous sur nos gardes ! Ne nous laissons pas circonvenir par le prince des ténèbres, mais vivons en fils de la Lumière car notre Père, Lui, il est lumière.

 

 

                                                                                                          Amen.

 

Temps de Noël : Homélie : Fils de la Lumière.  29.12.87

 

Mes frères,

 

Le Temps de Noël nous rappelle que nous vivons au coeur d'un conflit .. ?.. .. ?.. existentiel entre les ténèbres et la Lumière, entre la vérité et le mensonge. Nous ne pouvons y échapper. Et nos réactions à l'inté­rieur de ce conflit permettent de porter un jugement sur la qualité de notre vie. Notre responsabilité est engagée face

à Dieu et face aux hommes. Et cette responsabilité est grande. C'est celle du chrétien en ce monde.

Dieu est Père. Le Christ est la lumière du monde. Ce ne sont pas là des locutions symboliques. Les yeux spirituels d'un coeur pur perçoivent Dieu et le Christ dans l'éclat doux et splendide d'une lumière qui n'est pas de ce mon­de, mais qui éclaire le monde et qui lui donne forme et con­sistance.

Notre route est donc toute tracée. Nous devons nous prê­ter à l'action purificatrice de Dieu qui vise à vider notre coeur de toute malice, de tout égoïsme pour lui permettre d'accueillir la Lumière, de devenir le réceptacle de cette Lu­mière et de la rayonner sur le monde. C'est l'Incarnation, le mystère de l'Incarnation qui se poursuit, qui s'achève en chacun d'entre nous et qui pousse l'univers vers sa perfection.

 

Il nous est demandé, mes frères, de toujours choisir la vérité, de toujours donner la préférence à l'autre, d'embras­ser en tout temps la volonté de Dieu. Et le moteur de notre vie sera ainsi l'amour ; amour de Dieu, amour des hommes, dans l'oubli de soi. Nous passerons alors des ténèbres à la Lumière et nous entraînerons le monde avec nous.

Telle est notre mission. Elle ne va pas sans difficultés certes, mais nous serons plus que vainqueurs en Celui qui a voulu devenir homme afin que nous puissions devenir ce qu'il est Lui, Lumière ; afin que nous puissions être à notre tour fils de la Lumière et fils de Dieu.

 

 

                                                                                               Amen.

 

Temps de Noël : Homélie : La patience de Dieu.30.12.87

 

Mes frères,

 

Dieu a toujours quelque chose à nous dire, mais sa paro­le est à la mesure de son être. Elle ne connaît pas de li­mite. Elle est présente partout et nous ne pouvons jamais en percevoir qu'une infime partie. Elle emprunte les formes les plus diverses. Le contemplatif pour sa part est tout oreille. Dès qu' il entend une de ces paroles ..7.. ..7.., il s'y coule, il se laisse façonner par elle, si bien qu'il devient lui-même parole de son Dieu.

 

Soyons attentifs ce matin à une de ces paroles ..7.. que Dieu entend nous livrer, nous confier. Il nous dévoile dans l'épisode d'Anne la Prophétesse un des traits le plus dérou­tant de sa nature profonde. Et le voici : Dieu n'est ja­mais pressé. Dieu ne précipite rien. Dieu prend tout son temps.

Voyez cette femme ! Elle a dû attendre 84 ans, jour et nuit dans le jeûne et la prière, pour enfin durant quelques instants contempler de ses yeux le Messie de Dieu si ardemment désiré.

Dieu a voulu l'élever au sommet de toute perfection hu­maine et divine. La vision du Christ notre Dieu est accordée uniquement aux coeurs purs. 84 ans, 7 périodes de 12 années. Nous savons que cela signifie la fusion dans le coeur d' Anne du ciel et de la terre pour jamais réconciliés.

           

Dieu attend. Dieu fait attendre. Dieu nous fait attendre. Il veut nous introduire dans les secrets de sa patience. Regardons-le lui-même né dans une chair d'homme. Il ne se hâte pas de devenir un adulte. Non, il grandit, il se for­tifie, il progresse au rythme de tous les .. ?.. .. ?.. Pour ce qui regarde notre croissance spirituelle, nous aimerions, nous, être saints quasiment avant de commencer. Ce serait plus commode.

Mes frères, apprenons de Dieu la patience. Permettons donc à sa grâce d'agir .. ?.. en nous, lentement, sûrement. Et tout finalement nous sera donné.

 

 

                                                                                        Amen.

 

 

 

Temps de Noël : Homélie du dernier jour.       31.12.87

 

Mes frères,

 

Il n'est pas possible d'arrêter le cours du temps, moins encore d'en faire reculer le mouvement. Et pourtant l'homme a toujours rêver d'une machine à remonter le temps, d'un état qui lui permettrait de dominer la durée. Or, ce rêve vieux comme le monde est devenu réalité de­puis que Dieu l'éternel est entré dans notre devenir pour l'ensemencer, le faire éclater, le transfigurer.

 

La résurrection du Christ, terme de son Incarnation, est la porte qui nous permet de terrasser l'obstacle de la durée. Et effet, notre incorporation au Christ en nous .. ?.. en .. ?.. de la vie éternelle qui recouvre et transcende tous les temps et tous les espaces. Il nous suffit seulement de permet­tre au Verbe de Dieu de prolonger et de parfaire en nous le mystère de l'Incarnation.

L'année qui s'achève est ainsi le signe, non pas d'une cassure, mais d'un renouvellement. Notre avenir n'est pas de­vant nous, il est derrière nous. Si nous entrons par une fidèle obéissance dans les vou­loirs aimants de notre Dieu, nous refluons vers la source de notre être au lieu de nous diluer dans l' .. ?.. du .. ?.. qui s'achève. Nous nous solidifions en trouvant notre véritable jeunesse.

Cette jeunesse nouvelle coïncide avec celle du Christ, la jeunesse éternelle qui est devenue la sienne le jour de la résurrection. Et cette jeunesse nouvelle nous autorise à sur­plomber la durée, à la maîtriser, à en faire le lieu, la ma­trice de notre propre transfiguration.

 

Mes frères, ce dernier jour de l'année doit être pour nous un jour d'action de grâces et de joie. Tout est à nous car nous somme au Christ et le Christ est amour.

 

 

                                                                                          Amen.