Chapitre 50 : Au loin ou en voyage ?             01.08.89

      Négligence !

 

Mes frères,

 

Saint Benoît use ici d'un mot qui pourrait nous effrayer. Il parle de négligence et précisément à propos de l'Office divin, de cette Oeuvre de Dieu à laquelle rien ne doit être préféré. On ne doit pas négliger de s'acquitter de la célébration de l'Office lorsqu'on n'a pas pu le prier en compagnie des frères. On doit faire cela, dit-il, comme on le peut en son particulier. C'est un devoir de notre service, un pensum servitutis.

 

Mes frères, la négligence, c'est pire qu'un défaut, c'est un vice ! Et ça peut nous conduire très loin, non seulement à propos de l'Office mais aussi à propos de notre vie en général. La négligence est une forme de paresse : on fait le moins possible. Or, un Spirituel comme saint Jean de la croix conseillait à ses disciples qui étaient en l'occurrence des sœurs, des carmélites, que lorsque on avait le choix, il fallait toujours choisir le plus difficile et laisser de côté le plus facile.

Ce n'est pas qu'on doive se martyriser, ni chercher des choses qui doivent nous ennuyer, mais il voulait par là enseigner aux sœurs, leurs donner un tonus qui leurs permettraient d'éviter le vice de la négligence, du laisser aller, du c'est toujours bon !

N'oublions pas que nous sommes au service de Dieu. Et au service de Dieu, tout doit être fait avec la perfection possible, celle qui est en notre pouvoir. Comme nous le dit Saint Benoît ici : comme ils le pourront, 50,9, donc dans la mesure de leurs possibilités. Dans le monde aujourd'hui on est extrêmement sévère pour ce qui regarde la négligence. Il y a tellement de candidats pour un emploi que vraiment on choisit celui qui est toujours éveillé pour faire le mieux.

 

Je connais ainsi une situation: c'est un emploi de secrétaire de direction qui était a confié dans une grande entreprise sidérurgique. Il fallait un seul emploi et il s'est présenté 700 candidats. Et on a procédé à une sélection petit à petit. Finalement il n'en est plus resté que cinq. Et on en a choisi une. Mais il ne lui est pas permis maintenant qu'elle est là la moindre erreur.

Elle peut se tromper. Disons qu'au début, il y a une période d'initiation. On a beaucoup à apprendre quand on est jeune, même si on a fait des études spécialisées. C'est un milieu nouveau, une branche tout à fait nouvelle. On a d'autres employées sous ses ordres, il y a donc des relations à établir. Mais vous pouvez être certains qu'au cours de la période de probation qui va s'étendre sur trois mois, elle va être surveillée, testée, mise à l'épreuve. Parce que s'il y a une faille qui est un véritable défaut dans son travail, il y en a 699 derrière.

 

Eh bien, c'est ça dans le monde d'aujourd'hui. Et nous devrions, nous, dans le service que nous rendons à Dieu être toujours, toujours comme au moment où nous sommes arrivés, où nous étions pleins disons d'ardeur pour faire les choses le mieux possible. Nous avions tout à apprendre, nous l'apprenions. Nous nous trompions, c'est certain, et on nous le faisait remarquer.

Et petit à petit, nous avons acquis une maîtrise. Nous avons, je dirais, grandi monastiquement. Nous sommes arrivés à la profession solennelle. Nous sommes devenus membres à part entière de la communauté. Et ce n'est pas alors le moment de se dire : cette fois-ci j'y suis, donc je peux me permettre de relâcher ma vigilance, mon effort, et ici et là de laisser s'introduire de petites négligences. Car celui qui est infidèle dans les petites choses le devient vite dans les grandes.

 

Avec Dieu, mes frères, nous n'avons pas le droit de jouer. Nous devons toujours être ceux qui dans leur tâche quotidienne, que ce soit l'Office, que ce soit leur emploi, que ce soit dans les relations fraternelles, dans les relations avec les supérieurs, et même dans ses relations personnelles avec soi quand on est tout seul, eh bien nous devons toujours ne rien laisser aller, pas de négligence mais toujours être prêt car nous ne savons pas quand le Seigneur se présentera pour nous demander des comptes. Car nous aurons des comptes à rendre pour notre propre personne, pour le Corps de la communauté, pour l'Eglise et pour l'humanité.

Voilà, mes frères, je ne pensais pas vous raconter tout ça. Mais voilà, ce petit mot de négligence m'a traversé le cœur, peut-être parce que j'en avais besoin plus que d'autres.

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Négligence ! 1