Chapitre 45 : Ceux qui se trompent à l’Office 25.07.90

      Pas de négligence pour l’Opus Dei.

 

Mes frères,

 

Saint Benoît est un Père compatissant. Il sait que l'erreur attend l'homme au premier tournant. Elle tombe sur lui par surprise. Et dans sa compassion, Saint Benoît comprend et il passe l'éponge. Par contre, lorsque l'erreur se commet par négligence, alors il montre sa sévérité. Mais pourquoi ? Mais parce que l'Office Divin n'est pas une colle dont on s'acquitte parce qu’on ne peut pas faire autrement, parce que c'est une oeuvre de pénitence à côté des autres.

Non, l'Opus Dei, c'est la prière de l'Eglise, celle de la terre et celle du ciel unies dans une même louange et une même supplication. La prière liturgique, c'est la prière même du Christ dans la totalité de son Corps, la partie de son Corps qui est déjà glorifiée, la partie de son Corps qui est encore en train de lutter.

Si bien que une erreur, une faute commise par négligence blesse directement, non seulement la communauté, mais aussi le Corps entier du Christ. C'est quelque chose de sérieux. Saint Benoît ne peut pas laisser passer ça. Il va donc intervenir. Et si le moine ne s'en excuse pas de suite, sur place, par une humiliation publique, à ce moment-là il se fera reprendre par après et sera soumis à une correction plus sévère.

 

Mes frères, ce que je vous dis là, ce sont des choses auxquelles on ne pense pas habituellement. Il est bon de le rappeler lorsque l'occasion s'en présente. Mais nous devons savoir que la véritable prière est une prière qui ne vient pas de nous, seuls, elle vient de plus haut et de plus loin que nous.

C'est la prière en notre cœur de l'Esprit de Dieu qui sait comment il faut s'adresser au Père. Notre prière est donc toujours fondamentalement, essentiellement, de nature Trinitaire. Elle dérive toujours de la prière liturgique. Il n'y a pas d'autre canal.

Et notre prière, notre oraison personnelle, est comme l'écho prolongé de ce que nous avons entendu au cœur de la liturgie. Et la liturgie est un service - c'est la signification étymologique du terme - elle est le service de la majesté de Dieu qui est - ne l'oublions jamais - Trois Personnes.

 

Et le retentissement de cette vie divine à l'intérieur de notre cœur, et même de notre chair corruptible, c'est cela la véritable oraison. Surtout, encore une fois, au moment de la liturgie, et puis alors en écho tout au long de la journée.

Ce sont des réalités que les premiers moines connaissaient parfaitement et qui insensiblement se sont perdues. Elles se sont comme évanouies. Aujourd'hui, il faut vraiment réfléchir pour s'en convaincre. Au début de l'Eglise, c'était tout naturel. Nous sommes vraiment contemplatifs lorsque nous avons retrouvé cette prière qui est divine, cette prière qui est celle des Trois Personnes Divines en nous.

Car, à ce moment-là, Dieu est vraiment connu comme il se connaît lui-même. Il est aimé comme il s'aime lui-même. Nous sommes devenus son temple, nous sommes devenus sa demeure. Et si nous allons plus loin encore, grâce à nous, tous les êtres créés finissent par se connaître et par s'aimer en Dieu comme Dieu les connaît et les aime.

Mes frères, à ce stade de contemplation, il faut que le cœur soit bien purifié. Mais on commence, à ce moment-là, à retrouver le paradis perdu où, dans ce paradis, tout était louange de Dieu, tout parlait de Dieu, tout était amour de Dieu.

Le cloître doit retrouver ce paradis. Et il le devient si fidèlement, patiemment, nous nous exposons à cette lumière divine qui brille dans la liturgie - il ne faut jamais l'oublier - elle ne brille pas ailleurs. Et si elle brille ailleurs, c'est - comme je le disais tout à l'heure - c'est une réfraction, un écho. Mais le centre, toujours, c'est la Personne du Christ ressuscité dans son être total, le grand Corps mystique.

 

Mes frères, soyons donc toujours bien attentifs à ce qui se passe au cours de l'Office et veillons toujours à bien préparer ce que nous avons à faire lorsque nous devons officier. Et ainsi, nous serons des canaux par lesquels passera cette grâce de contemplation qui doit se saisir de nous et qui doit faire de notre communauté un Corpus monasterii, une apparition, une manifestation du grand Corps du Christ. Alors vraiment, nous avons réussi notre vocation !

 

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