Chapitre 27 : L’Abbé et les excommuniés.       04.07.95

      Le rôle de l’Abbé.                                                                            

 

Mes frères,

 

            Je suis à nouveau frappé par un terme qu’utilise notre Père Saint Benoît, celui de sympectes, 27,7. Et n’allons pas penser que sous l’étrangeté de ce mot se dissimule une chose qui nous serait étrangère aujourd’hui.

            Cela veut dire tout simplement ceci : que l’Abbé n’y va pas par lui même parce que ce serait peut-être rejeté par l’excommunié, mais il va vers lui par l’un ou l’autre ancien pénétré de l’Esprit de Dieu, pneumatophore, qui va entrer dans le jeu du frère.

            Il va parler avec lui, entrer dans son jeu et lui donner raison pour le cas où il y aurait une part de vérité dans sa révolte. Et échangeant ainsi avec lui, il va l’amener à voir les choses avec plus de clarté, plus de lumière, voir les choses comme Dieu les voit et l’amener ainsi lentement à retrouver son équilibre spirituel et humain.

 

            Il faut dire que Saint Benoît prend ici un cas extrême. Mais à mon humble avis et d’après ma petite expérience, un Abbé doit souvent comme ça entrer, jouer le jeu avec un frère, un frère à qui on n’a rien à reprocher mais qui aurait parfois un peu les idées un peu drôles ou n’importe quoi. 

            Enfin, vous savez, ça peut arriver dans une vie communautaire qui s’étend sur des dizaines et des dizaines d’années. Eh bien, l’Abbé doit entrer dans le jeu.

 

            Il entre dans le jeu, et ça peut même aller loin, il concède au frère. Non, ce n’est pas simplement cérébral ou verbal. Et ainsi, il donne du jeu comme on dit, il donne du jeu. Il laisse un peu se détendre l’élastique. Mais le frère est ainsi toujours attaché à Dieu et à son Abbé, mais avec ma foi, avec des entourloupettes.

            Les autres peuvent parfois se tracasser : mais enfin, comment est-ce possible ? etc. Cela peut même arriver à la Visite Régulière. On peut penser qu’il y a beaucoup de choses qui se passent. Mais en réalité, à ce moment-là, l’Abbé fait le sympect, il entre dans le jeu du frère.

            Et ainsi, il empêche ce frère de, voilà, de devenir un peu une brebis sur la route de la perdition. Il la conduit sur son petit sentier et il la mène où Dieu l’attend. Et à la fin de sa vie, l’Abbé paraissant devant Dieu pourra dire : mais voilà, j’ai fait ce qu’il m’était demandé, je suis entré dans le jeu. Je ne l’ai peut-être pas très bien joué moi-même, mais enfin la brebis est toujours là.

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