Chapitre 25 : Des fautes graves.                 02.07.85

      Le rejet d’un frère.

 

Mes frères,

 

Saint Benoît parle des fautes graviores, c'est à dire particulièrement graves. Il ne dit pas concrètement de quoi il s’agit. Ce sont certainement des fautes qui troublent plus ou moins profondément la vie de la communauté. Les péchés même très sérieux, donc les affaires qui se passent dans le cœur, il faut les réserver à l'Ancien Spirituel.

 

N'oublions jamais que nous formons un corps .et que ce corps est très sensible, disons, aux blessures qu'il reçoit. Lorsque en communauté un frère se comporte de façon anarchique, lorsqu'il blesse, lorsqu'il attaque effrontément la communauté par son comportement, tout le corps devient malade. Et c'est pourquoi Saint Benoît demande qu'on prenne des mesures très sérieuses. Nous savons que cela peut aller jusqu' à l'amputation, c'est à dire jusqu'au rejet d'un frère. Car il vaut mieux que un seul membre périsse plutôt que tout le corps.

 

Mes frères, prenons bien garde ! Je ne vise personne ici savez-vous. Je peux dire des choses pareilles ici parce que je sais que ce n'est le cas pour personne, personne. Mais soyons tout de même prudents parce que celui qui est bien debout aujourd'hui peut, demain, se retrouver le nez par terre.

Nous sommes toujours sujets à des passions qui bouillonnent en nous. Elles sont assoupies et parfois il suffit d'une étincelle pour déclencher en nous un incendie. Soyons toujours très prudents !

 

 

 

Chapitre 25 : Des fautes graves.                 02.03.93

      Notre foi aujourd’hui !

 

Mes frères,

 

Pour comprendre la teneur de ce chapitre, il faut avoir une foi extrêmement vivante. Il faut savoir que notre véritable vie se déploie à l'intérieur de la création nouvelle et, que nous devons oser prendre tous les risques ici-bas, dès maintenant, pour y accéder le plus vite possible.

Et c'est ce que Saint Benoît s'efforce de faire, même à l'endroit d'un frère qui a été coupable d'une gravior culpa, 25,2, donc une faute qui est plus grave encore. Ce n'est pas une faute grave, c'est une faute qui est vraiment très grave.

 

Eh bien, Saint Benoît ne désespère jamais, il va prendre appui sur cette faute pour essayer de propulser le frère dans l'univers de Dieu. Et pour cela, il va le livrer interitum carnis, 25,9, et c'est traduit à la mortification de la chair, ce qui est assez bénin.

Non, il s'agit ici d'un interitus, c'est à dire que sa chair va être condamnée à mort. Il est dit ailleurs qu'il est livré à satan qui va donc prendre possession de lui et qui va attaquer dans sa chair pour l'obliger alors à sortir de lui et à retrouver son équilibre de manière à ce que son spiritus, son esprit soit sauvé au jour du Seigneur, donc au jour du jugement.

 

Mes frères, pour envisager le déroulement concret d'une vie monastique sous cet aspect, il faut comme je le disais il y a un instant, il faut une foi extrêmement vive. Et, peut-être que notre foi s'est considérablement refroidie depuis lors.

Voilà, nous vivons dans le confort matériel, nous sommes des enfants de notre Culture et de notre temps, nous ne pouvons pas faire autrement. Nous sommes, je dirais, des constipés, c'est à dire que notre organisme aujourd'hui est devenu tellement débile que nous ne sommes plus capables d'endurer cette pénitence qui était tout à fait normale et courante à l'époque de Saint Benoît.

 

Mais cela ne fait rien! Ayons bien soin de rester à l'intérieur de notre temps et n'essayons pas de jouer à autre chose parce que nous serions alors hors de la vérité. Notre vérité, c'est de devenir des saints aujourd'hui, dans le contexte d'aujourd'hui, avec notre état physique, psychique et spirituel d'aujourd'hui, de manière à être des jalons et des lumières pour les autres hommes nos frères.

Et je pense que ce que nous pouvons faire à l'intérieur de notre petite foi d'aujourd'hui, c'est de nous enfoncer de plus en plus profondément dans l'humilité ; c'est reconnaître que nous sommes à des kilomètres - employons ce mot-là - de nos ancêtres dans la vie monastique non pas au plan des performances ascétiques mais toujours, toujours au niveau de cette foi.

 

Et je pense que si nous laissons une telle humilité prendre possession de notre cœur, nous les rejoindrons - Saint Benoît et nos Pères - nous les rejoindrons parce que dans le fond, c'est là qu'ils veulent nous conduire et c'est là que nous devons arriver.

Et si nous sommes vrais dans notre cœur, si nous sommes vrais aussi dans notre esprit, et si nous sommes vrais dans tout nous, à ce moment-là nous recevrons la grâce de l'humilité, de la charité parfaite et de la sainteté.

Table des matières

Chapitre 25 : Des fautes graves.                 02.07.85. 1

Le rejet d’un frère. 1

Chapitre 25 : Des fautes graves.                 02.03.93. 1

Notre foi aujourd’hui ! 1