Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       18.10.85

      1. Présentation.

 

Mes frères,

 

            Je voudrais vous parler maintenant de ce que je vous ai promis avant hier. Lors de la Conférence Régionale à Port du Salut, la première à laquelle j'ai participé, Dom Etienne, Abbé d'Orval à l'époque, a fait remarquer en séance plénière que le Psautier mis tout récemment en circulation, donc le Psautier liturgique Œcuménique, celui que nous utilisons ici pour l'instant et qu'on utilise presque partout aujourd'hui, que ce Psautier avait malheureusement perdu une certaine notation, une certaine qualité chrétienne du fait d'un vocabulaire nouveau qu'il utilisait, un vocabulaire étranger à la Tradition chrétienne.

 

            Par exemple : on n'utilise presque plus le mot miséricorde. Il est partout remplacé par amour. Dans l’hébreu, ce n'est pas amour, c'est autre chose ! C'est plus proche de miséricorde que d'amour. Pourquoi ? Mais parce que amour, c'est un mot que tout le monde comprend aujourd'hui. Mais c'est tout différent de miséricorde.

            On dira bien : Dieu est amour. D'accord! Mais Dieu est agapè, Dieu est charité. C'est tout autre chose aussi que l'amour. Donc, amour est aujourd'hui un mot galvaudé. Et voilà qu'on introduit ce mot à tout instant à l'intérieur du Psautier.

 

            Un autre exemple : pratiquement on ne trouve presque plus le mot espérance. On l'a remplacé par prendre appui sur, faire confiance à, ou bien espoir. Mais espoir, ce n'est pas l'espérance. L'espérance se rapporte à Dieu. C'est une vertu théologale. L'espoir, c'est une vertu qui est simplement humaine.

            Un autre exemple encore : On trouve rarement le mot salut. On l'a remplacé par victoire. Et toutes choses ainsi. On pourrait continuer, il y en a toute une liste. Celui-là encore : on ne trouve plus le mot Christ, on l'a remplacé par Messie. On va dire: mais c'est la même chose. Non, ce n’est pas la même chose. Christ à un tout autre sens pour nous chrétiens que Messie.

 

            Donc, Dom Etienne faisait remarquer tout cela. Et il posait la question, il demandait s'il ne serait pas possible de corriger ce Psautier, de rétablir à l'intérieur de ce texte des mots spécifiquement chrétiens. Et il a même été plus loin et il a demandé s'il ne serait pas utile de prévoir une traduction des Psaumes à l'usage monastique. Mais ça, ce serait un gros travail ! Voilà, il a lancé cette question à l'assemblée. Le frère Jacques s'en souvient peut-être ?

            Alors, personne n'a su répondre et on a dit : il va venir la grande autorité de l'Ordre qui va passer un jour ou deux après. C'était le nouvel Abbé de la Trappe, Dom Marie-Gérard, ancien Prieur du Mont des Cats et qui est Président de la Commission francophone cistercienne pour le chant, la liturgie, etc.

 

            Alors, quand il est arrivé, on lui a posé la question et il a répondu ceci : « Le texte du Psautier Œcuménique a fait l'objet d'un dépôt légal. Donc, on ne peut pas y toucher, car c'est un texte déposé. On ne peut pas y toucher, on ne peut pas en changer un mot. Nous avons tout de même, nous, changés un mot, un seul. Nous avons remplacé soixante-dix par septante. Mais ça, ce n'est rien. Mais sinon, on ne peut pas y toucher. Il faudrait l'autorisation des Editeurs et des Auteurs. Il y a un droit : dépôt légal. »

            Alors, il a dit aussi que « Ce texte qui à l'époque était nouveau, ce texte qui est maintenant déposé, approuvé par les Conférences Episcopales, va être repris dans la traduction du missel. Donc il va devenir un texte que tout le monde entendra, que tout le monde connaîtra. Et enfin, disait-il, ce texte se veut une large ouverture œcuménique. »

            Après cela, .il a ajouté : « Mais si on n'est pas d'accord, eh bien, qu'on ne le prenne pas. Si on trouve qu'il n'est pas suffisamment chrétien, mais qu'on prenne le Psautier chrétien qui existe, une traduction qu'on appelle le Psautier Chrétien. On est libre de le faire. »

Alors là-dessus, venant d'une telle autorité, les choses en sont restées là.

 

            Et pourtant, un problème grave avait été soulevé et il allait se manifester ailleurs au fil des années. Et c'est de cela que j'ai l'intention de vous parler demain ou enfin quand l'occasion s'en présentera parce qu’il ne faut pas tout dire en une fois. Il faut donc bien saisir le problème étape par étape.

            En 1980 ou 1981, les moines de Ligugé ont édité une nouvelle traduction du Psautier. Ils l'utilisent, eux, et assez bien de monastères en France, surtout ceux de leur Congrégation. Le Psautier Chrétien est utilisé aussi en France. Dans les monastères cisterciens, près de la moitié, déjà, sont revenus au Psautier de Jérusalem. Même à Orval, après avoir utilisé le Psautier Œcuménique, on l'a abandonné et on revient au Psautier de la Bible de Jérusalem.

            Donc, voyez ! Il y a un véritable problème qui est partout et il y en a beaucoup qui font machine arrière.

 

 

Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       19.10.85

      2. La traduction Œcuménique.

 

Mes frères,

 

            Dans les années qui ont suivi la clôture du Concile Vatican II. a germé une idée généreuse qui s'est répandue un peu partout : si on pouvait réunir les croyants des diverses Confessions Chrétiennes autour d'un texte commun de la Bible, cela aiderait certainement au rapprochement œcuménique.

            On a donc demandé à une équipe assez conséquente de spécialistes d'exégète, catholiques, protestants, orthodoxes, de travailler à l'élaboration d'une  traduction nouvelle de la Bible qui serait utilisée dans la liturgie par tous les chrétiens. Le fruit de ce travail est ce qu'on appelle la Traduction Œcuménique de la Bible, ou la TOB.

            Pour ce qui regardait le Psautier, là, les exigences étaient plus grandes car c'est un texte poétique qui devait être adapté au chant. On a donc demandé l'aide de littérateurs et de rythmiciens. Il faut reconnaître que le résultat atteint est remarquable. Il y a encore des erreurs, mais il faut être très habile pour les découvrir. Et encore, c'est peut-être la façon moderne de s'exprimer.

 

            Maintenant, ce travail, donc hautement scientifique, comment a-t-il été reçu à la base ? C'est ça qui compte. Et je vais, ici, laisser la parole au Cardinal Ratzinger, car on lui a posé la question. Il dit ceci : « Je n'ai étudié que la traduction Interconfessionnelle Allemande. Elle a surtout été conçue pour l’usage liturgique et pour la catéchèse. » Donc pour les lectures au cours de la liturgie, pour le chant de l'Office et pour la catéchèse. « Dans la pratique, il s’est avéré que les catholiques sont presque les seuls à l’utiliser. »

 

            Voilà donc, mes frères, encore un cas d’œcuménisme à sens unique : les catholiques vers les autres, mais les autres ne bougent pas. Les autres sont certains d'être en possession de la vérité. Les catholiques commencent à en douter. Voyez !

            Et ce qui est vrai, naturellement, de la traduction œcuménique allemande vaut aussi pour la traduction en langue française. Enfin, pour ce qui regarde la francophonie, la francité donc, les orthodoxes, eux, ils ne lâchent pas leur traduction  des septante. Cela, il ne faut pas y toucher. Quant aux protestants, Calvinistes et autres, c'est non. Eux ont leur traduction aussi, là leur, celle qui se trouve à la base de leur réforme.

 

            C'est tout de même une question. Pourquoi ? Mais une traduction, c'est toujours une lecture, et une lecture par des hommes qui sont déjà pétris d'une culture. Ils vont donc y introduire à leur insu une interprétation en choisissant des mots plutôt que les autres, que d'autres mots. Une traduction est donc toujours une interprétation.

            C'est ce qu'explique encore le Cardinal Ratzinger : « Le fait est qu’il n’est pas permis de s’abandonner à des illusions excessives pour ce qui regarde le rapprochement œcuménique espéré grâce à cette traduction dite œcuménique. » L'Ecriture vit dans une communauté et a besoin d'un langage.

            Toute traduction est aussi, dans une certaine mesure, une interprétation. Il y a des passages où c'est plus le traducteur que la Bible qui parle. Il y a des parties de l'Ecriture qui exigent un choix précis, une nette prise de position. On ne peut brouiller ou tenter de cacher la difficulté avec des expédients.

 

            Donc, un même texte en hébreux ou en grec par exemple, sera traduit différemment par un catholique, un protestant, ou un orthodoxe. Et maintenant, si on veut lâcher un tout petit peu, on va arriver à un texte neutre dans lequel on espère que chacun se reconnaîtra. Mais en réalité, personne ne s'y reconnaît plus. Et alors ? Mais on revient à ce qu'on avait avant, là où on a la sécurité de sa foi.

 

            Il dit encore : « Quelques-uns voudraient faire croire que les exégètes avec leur méthode historico-critique auraient trouvé la solution scientifique au-dessus des divergences. Mais il n’en est rien ! Toute science dépend inévitablement d’une philosophie, d’une idéologie, donc d’une certaine façon de voir le monde des hommes et le monde de Dieu. Il ne peut y avoir de neutralité ici moins qu’ailleurs.  

            Donc, voilà mes frères, le résultat de cet énorme travail. Il n'est pas inutile. Il a fait prendre davantage conscience de la profondeur des divisions. Ce n'est pas du superficiel, c'est beaucoup plus profond.

 

            Quant au Psautier, lui, les orthodoxes ne s'y retrouvent absolument pas. Pour eux, c'est un produit étranger à leur univers religieux. Les catholiques, eux, ne s'y retrouvent guère mieux. Ceux qui seraient le plus à l'aise, ce sont encore les protestants. Pourquoi ? Parce que le nouveau Psautier a décroché par la force des choses de la Patristique et de la Liturgie.            

Pourquoi par la force des choses ? Mais parce que les protestants, leur assise, c'est l'Ecriture seule. Tout ce qui a été ajouté à l'Ecriture, qui est venu des hommes, toute la Tradition, les Pères, mais ça, ils n'en tiennent pas compte. Eux, ils reviennent à l'Ecriture seule. C'est l'Esprit Saint qui va donc leur dire ce qu'il a voulu transmettre aux hommes par l'Ecriture seule.

 

            Alors voyez que c'est vraiment quelque chose d'assez triste. Mais c'est un effort, encore une fois, qui n'a pas été inutile parce que ça nous fait mieux sentir les limites, les limites dans lesquelles nous sommes chacun enfermés.

            Quant à en revenir à une traduction basée, par exemple pour le Psautier, sur le texte hébreu pur, on dirait que là au moins tout le monde est d'accord. Et c'est ce qu'on a essayé de faire. Mais l’hébreu est une langue qui n'est pas facile parce que ça veut presque tout dire.

            Si ça avait été tellement clair, tellement clair, eh bien il n'y aurait pas aujourd'hui, d'un côté des chrétiens, et de l'autre côté des juifs. Si ça avait été tellement clair, tout le monde aurait accueilli le Christ Jésus.

 

            L'année dernière est venu ici, vous vous en souvenez, le Père Gribaumont de Clervaux. Il est originaire de Marche. Il me parlait un peu de ces questions, des questions de traduction aujourd'hui. Il me  disait : « Mais voilà, à qui faut-il faire confiance ? »

            Vous avez d'un côté, aujourd'hui, des savants qui vous connaissent toute la linguistique orientale, et pas seulement hébraïque, mais tous les antécédents de l’hébreu. Et ces savants se réunissent et élaborent une traduction de la Bible à partir de la science pure. Mais ça est coupé de la vie, attention !

            Et puis d'un autre côté, vous aviez trois siècles avant notre ère, des juifs d'Alexandrie qui traduisaient leur Bible de l’hébreu en grec, à l'usage de leurs communautés. Ces hommes étaient profondément religieux. C'était la source de leur vie qu'ils mettaient à la disposition de leurs frères qui ne connaissaient pas tellement bien l’hébreu. Et ça servait immédiatement pour leur vie de prière, pour leur vie liturgique.

            Eux, c'était leur langue. Ils en vivaient, ils en étaient pétris. Auxquels des deux faut-il faire confiance ? Aux savants d'aujourd'hui, ou bien aux saints juifs trois siècles avant notre ère ? Et bien pour moi, dit-il, c'est tout choisi. Voyez ! Pourtant, c'est un savant, ce Père Gribaumont.

 

            Eh bien, mes frères, voilà le fond du problème. Et c'est notre liturgie à nous. Notre Tradition à nous, elle dépend déjà d’avant notre ère. Il est remarquable que les Rabbins Juifs qui ont traduit maintenant la Bible de l'Hébreux en Grec, après l'arrivée du Christ, eh bien, ils ont traduit autrement les mots, autrement que la Septante, parce que ils entraient dans une polémique anti-chrétienne.

            Il ne fallait pas que ce texte grec puisse servir de base à la défense de cette nouvelle religion qui se répandait partout. Mais voilà, heureusement avant notre ère - il n’était pas encore question du Christ ni de rien du tout - il y avait déjà un texte. Et c'est sur ce texte que le Nouveau Testament est construit.

            Voyez, mes frères, comme c'est délicat de toucher et de traduire sans risquer de souiller notre foi. On pourrait dire : « Oui, mais les grecs, ils ont tout de même de la chance, parce que c'est toujours leur langue » Et c'est vrai, c'est toujours leur langue !

            Mais enfin voilà, nous, nous devons faire usage de traductions. Et pour trouver la bonne, pour trouver la meilleure, je pense qu'on ne la trouvera jamais. Nous devrons toujours nous contenter de demi-mesure. Mais il faut tout de même que cette demi-mesure soit la bonne ou la meilleure.

 

Chapitre 18 : L’ordre des psaumes.               23.10.85

      L’aspect prière de l’office + La traduction des psaumes.

 

Mes frères,

 

            A l'audition de ce chapitre l8 de notre Règle, il apparaît avec évidence que le tissu de notre office est constitué par les psaumes. Aujourd'hui, on appuierait davantage sur les Lectures, ce qui donne à l'office un caractère plus intellectuel, plus cérébral et l'aspect-prière passe à l'arrière-plan. Il s'estompe, il pourrait même s'occulter.

            Dans certains milieux monastiques, on utilise, pour désigner l'office de nuit, le vocable qui a été introduit dans le monde, à savoir : l'office des Lectures. Or pour Saint Benoît, la prière est nettement à l’avant-plan. L'aspect-prière est nettement à l'avant-p1an. Pour ce qui est de la lecture, il lui réserve des temps privilégiés à l'intérieur de la journée. Ce sera notre Lectio Divina.

 

            Attention, mes frères, de ne pas laisser s'introduire dans notre coeur une mentalité mondaine, presque profane. C'est un risque, c'est un danger, surtout lorsque la communauté est de taille moyenne ou de taille petite et que le travail est toujours là aussi urgent.

            Essayer de combiner deux choses à la fois : une prière et en même temps des lectures de façon à écourter le temps de la Lectio Divina, et même de le laisser tomber. Si bien que la journée monastique, ce n'est plus que des offices, voilà, assez courts ou regroupés, ornés de lectures substantielles, et puis le travail.

            Ce n'est pas un danger illusoire. Il y a des communautés qui sont affrontées à ce problème.

 

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 3. L’utilisation de la langue vernaculaire.

 

            Maintenant, pour les psaumes, on utilise la langue vernaculaire. Et cela pose de nouveaux problèmes. C'est le problème de la traduction. Cette traduction des textes originaux - donc je veux dire, je prends comme texte original de la prière dans notre Eglise, c'était le texte latin - cette traduction du latin en français n'est pas facile. Elle exige une foule de qualités. Mais la toute première, c'est d'abord la fidélité, fidélité à la lettre et fidélité à l'esprit.

 

            Cette traduction doit serrer le texte original le plus près possible. Et lorsqu'il faut passer d'une langue dans une autre, d'un génie culturel à un autre génie culturel, ce n'est pas très simple. Mais il y a tout de même des principes, à mon avis, auxquels il faut s'accrocher. Ce sont justement des choses qu’on reproche au Psautier Liturgique Œcuménique, c’est de ne  pas avoir respecté ces principes.

            Et celui-ci d'abord : un mot latin doit toujours à travers le Psautier être traduit par le même mot français. Par exemple le mot spes, il ne faut pas le traduire une fois par espérance, une autre fois par espoir, une autre fois par confiance, une autre fois par appui. Non, il faut rendre un mot par un mot toujours le même.

            Lorsqu'on trouve dans le texte latin un verbe, il ne faut pas le traduire par un substantif ou un adjectif. Non, il faut laisser le verbe. Il faut utiliser aussi des mots chrétiens traditionnels que tout le monde comprend, c'est à dire que tous les chrétiens comprennent.

 

            Mais voilà, une grande préoccupation des liturgistes aujourd'hui est celle-ci : comment mettre la liturgie au niveau du peuple ? Comment la rendre compréhensible, accessible au peuple d'aujourd'hui ? Or, ce peuple d'aujourd'hui est un peuple paganisé. Alors, comment lui rendre la liturgie accessible ? Et alors, que fait-on ?

            Eh bien, on fait toutes sortes de choses comme je l'ai dit dernièrement. On va organiser des Vêpres où il n'y a pas un seul psaume. On va utiliser des chants que tous ces néo-païens connaissent. Ils viennent tout de même à l'Eglise. Donc, on a une liturgie à leur niveau.

 

            Eh bien, à mon avis, on fait les choses à l'envers. La Liturgie est un donné. Il faut, au contraire, former les chrétiens et introduire ces chrétiens dans la liturgie. Que faisait Saint Augustin, pour prendre Saint Augustin, un des plus célèbres ?

            Eh bien, Saint Augustin, lui, il avait le donné et il catéchisait les païens qu'il avait devant lui jusqu'au moment où il pouvait les baptiser, où il pouvait les faire entrer dans la liturgie. C'était une initiation toute progressive. Il ne prenait pas le chemin inverse. Pourquoi ?       Parce que Saint Augustin, je prends cet exemple mais ils procédaient tous de la même manière. Ils savaient très bien qu'ils ne pouvaient pas adultérer le message du Christ. Donc, il ne faut pas le rabaisser au niveau du monde, mais il faut élever le monde pour qu'il soit apte à recevoir le message du Christ.

 

            Et aujourd'hui, qu'arrive-t-il ? Vous avez des familles qui n'ont absolument plus la moindre trace de christianisme, rien, rien, rien. Mais un enfant, on va le baptiser ! ! ! On le baptise et on va faire toutes les choses traditionnelles, ce qu'on fait habituellement depuis toujours. On va présenter l'enfant à l'autel de la Sainte Vierge, et tout. Voilà, on est heureux, mais ça en restera là jusqu'à la fin de la vie de l'enfant. C'est tout ce qu'il aura vu !

            Et plus tard ? Imaginons même que cet enfant évolue un peu, comment le faire entrer dans une liturgie ? Est-ce que il faut pour ça commencer à rabaisser la liturgie au niveau de ce paganisme ? Et ça, c'est un problème très difficile d'aujourd'hui.

 

            Et on retrouve ça aussi à travers la traduction des Psaumes. Il faut que les Psaumes soient compréhensibles à tout le monde, aujourd'hui. Donc, utilisons le langage de tout le monde. Mais non, il y a un langage spécifiquement chrétien. Mais qu'on éduque, qu'on apprenne cette langue chrétienne aux chrétiens d'aujourd'hui. Alors, ils comprendront.

            Il y a de ces expressions qu'il faut encore tenir, qui sont traditionnelles. Par exemple : fils des hommes, fille de Sion. On va dire : mais qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi maintenant ne pas dire les hommes, ou bien dire Sion ? Mais non, derrière fils des hommes, il y a tout un contexte théologique, entre autre le fameux fils de l'homme. Pour fille de Sion, il y a tout un support Patristique. Si bien que si on ne respecte pas la littéralité, tous les commentaires Patristiques deviennent illisibles parce qu'ils ne collent plus au texte. Les allusions liturgiques sont insaisissables.

            Vous avez par exemple le psaume 7s qui est un psaume traditionnel de la liturgie de Pâques, du Temps Pascal. Maintenant on va parler d'une montagne de butin. Quand on voit le psaume 7s maintenant, on se demande bien ce qu'il vient faire au Temps Pascal. On ne sait plus saisir l'allusion liturgique parce que on a lâché quelque part la fidélité à la lettre. C'est très, très dangereux !

 

            Alors, pourquoi laisser ce mouvement ? Pourquoi ces verbes, toujours ternir le verbe ? Eh bien, parce que le verbe est typique de la nature Divine. Dieu, c'est celui qui fait, c'est celui oui est, qui est par ce qu'il fait, par ce qu'il agit. Ce n'est pas une idée, une abstraction, un absolu immobile, inexistant à la fin, une sorte de projection de ce que l'homme est mais idéalisé à l'extrême.

            Non, Dieu c'est l'être agissant par excellence. Donc, tout ce qui dans le psaume se présente comme un verbe doit être rendu par un verbe, parce que, sinon, on décroche de l'histoire du Salut. On ne sait plus. Cela devient aussi quelque chose, encore une fois, qui ne colle plus à la réalité du projet divin.

            Ainsi, mes frères, c'est la fidélité à la lettre qui peut servir de support à la fidélité à l'esprit parce qu'elle met en contact constant, et en contact immédiat avec la Tradition, et à l'origine de la Tradition - Tradition Chrétienne - avec le Christ. Et au-delà du Christ alors avec le Créateur du cosmos qui a un projet.

 

            Le Psautier, c'est en même temps, en même temps le Livre, la prière de l'homme - je dis l'homme parce que ça vaut pour tous les hommes - l'homme en voyage, en route vers son destin ; mais aussi la prière de l'homme achevé, c'est à dire de l'homme apocalyptique, de l'homme eschatologique, de l'homme qui entre déjà dans le Royaume de Dieu, mais qui sait qu'il y a là quelque chose qui continue à se passer, et jusqu'à ce que tout le monde soit dans le Royaume de Dieu, et que l'on puisse alors, comme il est dit, remettre la Royauté et la Souveraineté au Christ, qui la remet alors à son Père.

            Mais si on décroche de la lettre, à ce moment-là on perd le fil de cette fresque. Cela devient un beau tableau dans lequel l'homme peut se retrouver. C'est très poétique ! C'est très prenant ! Mais on n'est plus engagé dans cette lutte et dans cette marche.

 

Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       24.10.85

      4. Les exigences de fidélité à la lettre.

 

Mes frères,

 

            On pourrait se demander si les exigences de fidélité à la lettre et à l'esprit du texte latin imposées à une traduction en langue française sont conciliables avec certains impératifs de cette langue, à savoir la correction stylistique, le rythme nécessaire pour que les Psaumes puissent être chantés ? Est-ce compatible avec le caractère poétique de ces pièces que sont les psaumes ?

 

            Je crois pouvoir répondre par l'affirmative. Mais cela demande au traducteur un gros effort, une longue patience et surtout une profonde humilité dans une soumission entière au réel. Il ne faut pas vouloir introduire dans cette traduction ses propres idées. Il faut vraiment s'oublier. Il faut quasiment ne pas être. Il faut être comme un miroir.

            Il y a aussi la question du substrat hébraïque qui se trouve à l'arrière plan du texte latin dont nous disposons. Ce texte est une lecture, une certaine lecture de l'histoire Biblique, à savoir la lecture chrétienne.

 

            Mais qu'est-ce donc que l'aventure chrétienne, l'histoire du salut, qui commence lorsqu'on voit la Bible avec l'origine du monde ? Eh bien, mes frères, c'est une lutte, c'est une guerre, c'est un combat, c'est un corps à corps. Il fallait donc pour exprimer cette réalité une langue dure, une langue rude, une langue rugueuse, une langue de guerriers et en même temps une langue de poètes, c'est à dire d'hommes qui survolent la réalité, aussi terrible qu'elle soit, et qui ne sont pas écrasés par elle.

            Ils sont au-dessus d'elle parce qu'ils sont dans les mains de leur Créateur qui a fait alliance avec eux. Ils sont tout faibles. Il leur arrive d'être infidèles, mais ils sont toujours dans cette main. Ils ne sont donc pas écrasés. Ils ne cherchent pas non plus à s'évader. Ce génie est présent dans la langue hébraïque. Il est donc nécessaire, utile, qu'on le retrouve dans une traduction en langue française. Voyez toutes les choses qui sont demandées !

 

            Et, me semble-t-il, pour reprendre en gros tout ce que j'ai dit hier et aujourd'hui, il faut qu'une traduction des psaumes soit d'abord fidèle à la lettre, dans la mesure du possible. Attention ici ! Pas de fanatisme, ce n'est pas un absolu ! Il y a des cas où la littéralité pure n'est pas possible, qu'elle n'est pas ici compatible avec d'autres impératifs qui s'imposent. Mais enfin, en règle générale, le plus souvent possible, ce doit être une vérité, je dirais, dans la fidélité à la lettre.

            Et alors aussi, fidélité à l’esprit, à l'esprit des Pères. Toute la Tradition Chrétienne, tout ce que nous sommes a été façonné par l'Esprit du Christ, par l'Esprit du Père, par cet Esprit commun aux deux autres Personnes de la Trinité. Il s'est servi d'instruments qui sont les premiers lecteurs, les premiers témoins, tous ces Pères qui pendant des siècles et des siècles ont vraiment pétri de leur cœur, de leurs mains, et de leur génie, ce que nous sommes aujourd'hui.

            Fidélité donc à ces Pères de l'Eglise, fidélité à la liturgie, la liturgie qui est le chemin qui nous introduit dans l'univers de Dieu, qui est vraiment l'univers de Dieu descendant jusqu'à nous et nous emportant là où nous sommes invités à nous rendre.

 

            Aussi, cette traduction doit être rédigée dans un français correct, sinon élégant. Attention ! Ce ne doit pas être un français précieux. Non, mais tout de même qu'il n'y ait pas d'incorrections au niveau de la langue.

            Un français, aussi, qui use du vocabulaire chrétien traditionnel. Et ce vocabulaire est tellement riche. Nous sommes imprégnés de ce vocabulaire. Il n'est donc pas possible de rester neutre: donc une sorte de vocabulaire dans lequel tout le monde se retrouverait.

            Non, ce doit être un vocabulaire chrétien. Et ceux qui ne le comprennent plus doivent se sentir interpellés dans leur conscience et se demander: Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Ils doivent être questionnés dans leur appartenance chrétienne foncière.

 

            Il faut aussi que la traduction fasse ressortir la vie réelle dans sa vérité toute nue qui est une vérité, comme je le disais tout à l'heure, une vérité de combat, surtout la vie monastique. Le Psautier, comme le fait bien remarquer Chouraki dans l'introduction à sa traduction, est un chant de guerre. Donc ce n'est pas, je dirais un chant de miel. C'est un chant de guerre.

            Rappelons-nous ce que le Christ nous a dit aujourd'hui : « Je ne suis pas venu apporter sur la terre la paix, mais je suis venu jeter un feu. Et maintenant ce sera la division. » Donc, ce sera la lutte, ce sera la guerre. Mes frères, nous savons que cette division est en nous, dans notre cœur.

 

            Et la traduction, aussi, elle doit être rythmée pour qu'elle soit adaptée au chant modal. Je dis bien au chant modal. Je ne parle pas d'un chant qui serait étranger à notre Tradition monastique, à notre Tradition occidentale chrétienne, un chant comme on entend à la radio aujourd'hui. Enfin, je n'entends pas, mais je dis on pour les gens du monde.

            Je vois que dans le journal, on parle de nouveau du rock. Il paraît que c'est quelque chose d'assez inquiétant, inquiétant au niveau de la psychologie des gens. Donc, la Traduction ne doit pas être adaptée à une musique de ce genre. C’est ça que je veux dire.

 

            Maintenant, il ne faut pas non plus, et ça se rattache alors à ce substrat hébraïque et à cette atmosphère de lutte, il ne faut pas que la traduction soit une petite crème toute préparée qu'il suffit d'avaler, qui entre toute seule. C'est ce qu'on reproche au Psautier dit Œcuménique. C'est trop simple, c'est trop beau, c'est trop facile. Et cela s'avale tout seul. Non, ce doit être un pain complet, un pain complet qui résiste aux dents et qu'il faut mastiquer vigoureusement et longuement.

            Voilà, mes frères, un petit tableau. Et nous en resterons là ce soir.

 

Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       25.10.85

      5. Les vibrations du mystère.

 

Mes frères,

 

            Saint Benoît clôture aujourd'hui la section de sa Règle qui organise, qui distribue l'Office Divin. Et. nous remarquons une nouvelle fois que pour lui, l’essentiel de l'office repose sur les psaumes.

 

            Lorsque nous nous entretenons donc du problème actuel de la traduction du Psautier en langue vernaculaire, nous restons à l'intérieur de l'esprit de Saint Benoît. D'ailleurs, tout ce qui contribue au perfectionnement, à l'embellissement de notre office, n'est-ce pas une façon collective, communautaire d'exercer, de mettre en œuvre notre vœu de conversion des mœurs ? Il me semble que cet engagement que nous avons pris ne nous regarde pas seulement personnellement, mais aussi au plan de notre communauté prise dans son ensemble.

 

            Maintenant, je vais vous faire une petite confidence. Voilà bien de cela une quinzaine d'années au moins, c'était à l'époque où Dom Félicien était encore Abbé, j'ai entrepris de faire reposer ma Lectio Divina sur le Psautier, et cela, après l'office de nuit comme Saint Benoît le recommande. J'ai vraiment à ce moment-là commencé quelque chose, et je ne savais pas du tout où ça allait me conduire. J'ai donc pris le Psautier dans sa langue originale, l'hébreux, et je l'ai traduit, pas dans sa totalité, mais une grosse, grosse partie.

            Et j'ai découvert des choses, des richesses incalculables, inépuisables, Car la langue hébraïque est tellement extraordinaire qu'elle parvient à lier les contrastes les plus imprévus, et en même temps elle éveille dans les cœurs et dans la sensibilité, les vibrations du mystère. Et ces vibrations, me semble-t-il, on doit les retrouver, en un écho peut-être affaibli, très affaibli, mais tout de même, on doit les retrouver dans toute traduction qui se veut fidèle.

 

            Eh bien, ça m'a pris bien des années, jusqu'à ce que je me sois tourné vers la  Vulgate.  Et là aussi, je me suis lancé dans la traduction. Pourtant, la Vulgate Latine, on la connaissait. Je la connaissais par cœur. Je connaissais tout le Psautier par cœur, du premier psaume au dernier. Mais alors, pourquoi une traduction?

            Mais lorsqu’on traduit un psaume, lentement, et qu'on l'écrit, on commence à pénétrer jusqu'à la moelle de cette Parole qui est pour nous. Et là, j'ai découvert les Pères de l'Eglise et leur plongée dans ce mystère, le même mystère qui fait vibrer la langue hébraïque. N'oublions pas que c'est dans l’hébreu que le Christ a prié les Psaumes.

 

            Et ce mystère, c'est le mystère de Dieu d'abord, le Dieu Créateur, ce Dieu qui est un peu fou, tout à fait fou d’ailleurs de se lancer dans une entreprise comme celle de la création. Et puis le mystère du Christ qui est Dieu, Dieu poussant la folie jusqu'à devenir matière, devenir chair et se chargeant de toutes les bêtises de l'humanité.

            Le mystère aussi de l'Eglise qui est le mystère des hommes en train d'être divinisés, des hommes qui deviennent le Corps du Christ, qui, un à un, sont greffés sur lui, qui participent à la vie de Dieu. Le mystère des personnes aussi, de chacun d'entre-nous, mon propre mystère à moi, quelque chose d'immense. C'est cela que les Pères révèlent.

            Et alors aussi, découverte de la liturgie, liturgie qui est Dieu en la personne du Christ, en la personne de cette communion qu'est l'Eglise, Dieu se mettant à notre disposition. C'est vraiment alors le Dieu avec nous. Et je me rappelle cette Parole du Christ : « Mais voilà, c'est de moi que vous parlaient les Psaumes. »

 

            Mais il est arrivé entre-temps autre chose encore : c' est l'édition de la Néo-Vulgate. C'est beaucoup plus récent. Cette Néo-Vulgate élucide les passages très obscurs, pour ne pas dire incompréhensibles et illisibles de la Vulgate, de l'ancienne Vulgate. Lorsque on a le texte hébreux, qu'on à l'ancienne Vulgate et qu'on les place l'un à côté de l'autre, c'est le décalque.

            Il est possible à partir de l'ancienne Vulgate d'opérer une rétroversion vers l'hébreux. Mais il faudrait très bien connaître la langue alors. Mais l’hébreu lui-même est parfois subobscur. Enfin, la Néo-Vulgate, elle a débroussaillé cela et elle a fait une option. Elle a choisi donc parmi différentes possibilités.

 

            Et alors, j'ai recommencé tout à zéro, recommencé à traduire tout, tout, tout. Mais cette fois-ci je me disais que peut-être bien un jour, on ne sait jamais, ça pourrait être utile pour l'Office Divin puisque on était de plus en plus insatisfait de la traduction actuelle dite œcuménique. Et je suis allé jusqu'au bout.

            Et ce texte, alors, de psaumes tout écrit à la main, je l'ai soumis au jugement de sept personnes, deux ici dans notre communauté, les deux plus compétents, les plus experts, et puis cinq personnes étrangères à la communauté. Et cela pour avoir leur jugement au plan de la patristique, de la liturgie et de la linguistique, donc de la correction de la langue.

            J'ai reçu une foule de remarques, beaucoup, beaucoup, beaucoup ! Il faudrait voir ça, parfois c'est tout griffonné ; remarques venant de l'intérieur, mais surtout de l'extérieur.

 

            Et voilà, j'ai encore remis tout sur le chantier pour tenir compte de toutes ces remarques. Et je vous assure que pour apporter une correction dans un texte sur lequel on a travaillé pendant des années, ça demande plus d'efforts que pour recommencer. Oui, c'est très, très difficile !

            Je n'ai pas encore fini parce que j'attends encore d'autres remarques. Mais ça ne fait rien, je les ai tout de même toutes reçues pour une partie. Et voilà, je me suis dit que peut-être bien, pour cette partie terminée, on pourrait tout de même peut-être voir si ça ne va pas pour l'Office Divin.

            Vous avez déjà reçu des échantillons qui sont un peu plu anciens. Et entre-temps, il y a quelques détails qui ont été revus suite à ces remarques. C'est l'Office de Complies, donc le texte des psaumes de l'Office de Complies. Et ça représente déjà pour lui, je pense que c'est bien quatre ans environ. Et il me semble tout de même que cette traduction-là a plus de muscle, plus de nerf, plus de concrétude que la traduction de la Tob. Si vous les placez un à côté de l'autre, vous le verrez, surtout si vous les entendez chanter.

            Vous avez aussi deux autres échantillons : le psaume 3 et le psaume 94 au début de l'Office de Nuit. Et la partie qui est terminée, c'est Laudes et Prime. Pourquoi Laudes ? Eh bien, c'est parce que il y a à peu près un an maintenant, on m'avait demandé s'il n'était pas possible d'introduire quelques antiennes dans l'Office de Laudes pour ne pas devoir chanter tout l'office sur un même ton qui est celui en fait du psaume 50, du miserere. J'avais dit oui, puisque on l'avait demandé. Mais c'était un gros travail.

 

            Eh bien, le moment est venu. Il faut tout de même y passer et alors le faire sur le nouveau texte. Mais pas tout de suite. D’abord, pendant un certain temps, pour s'habituer au texte nouveau, prendre les antiennes que nous avons maintenant. Et puis, lorsque le nouveau texte est maîtrisé, passer à l'autre. Ce sont des antiennes toutes, toutes petites. C'est trois mots, quatre mots tout au plus. C'est pour changer de mélodie, pour rompre la monotonie.

            Alors, pourquoi encore l'Office de Laudes ? C'est pour diminuer la longueur des Cantiques de Laudes. Comme nous l'avons fait pour le samedi, le faire aussi pour certains jours, sauf le lundi où le Cantique est tout petit, de façon à ce que tous les jours l'Office de Laudes soit terminé à 7 heures.

 

            Eh bien, mes frères, ça va créer peut-être un petit dépaysement pendant quelques jours, mais je pense qu'on sera vite habitué. Et voilà, nous pourrions peut-être commencer, mettre ça en œuvre vers la Toussaint. Car il faut taper tout cela à la machine et il faut le multiplier. Et on verra bien si ça va, s'il faut changer, s'il faut revenir en arrière, si ça peut durer. On va peut-être dire : « Est-ce qu'une communauté peut servir de cobaye ? »

            Mais elle ne sert pas de cobaye. C'est la communauté qui essaie de mieux prier, de mieux trouver, de mieux vivre son histoire, chacun des membres de la communauté et la communauté comme telle, ce petit Corps d'Eglise. Il est pénétré à l'intérieur du mystère à travers des mots qui sont plus proches de l'original.

 

Chapitre 18, 56-fin : L’ordre des psaumes.     25.06.87

      Confiteri !

 

Mes frères,

 

            Saint Benoît vient de mettre la dernière main à l'ordo psalmodiae comme il dit, à l'ordre de la psalmodie. Il est grand temps pour moi de répondre à une question que l'un d'entre vous m'a posé. Il me semble que la réponse pourrait intéresser chacun d'entre vous. Et cette question, la voici : Que veut dire exactement le verbe latin confiteri que l'on trouve sous diverses formes dans les psaumes. Comment traduire ce confiteri ? Que signifie-t-il exactement ?

            La TOB le traduit quasi uniformément  par rendre grâce. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ! Rendez grâce au Seigneur car il est bon ! Les anciennes versions, très anciennes, le traduisent littéralement par confesser, confesser dans le sens de proclamer comme les martyrs confessaient leur foi. En versant leur sang, ils proclamaient leur foi.

            Et moi, lorsque je me suis trouvé devant ce verbe, j'ai pensé pouvoir choisir une voie moyenne en m'adaptant au contexte. J'ai donc traduit soit par rendre grâce, soit par célébrer.

Mais pour saisir la richesse de ce vocable, il est nécessaire de remonter à son original hébreu, puis de redescendre en passant par la traduction grecque.

 

            Or, le mot hébreu est un geste. C'est le geste de lancer, de jeter. C'est le geste de lever la main. C'est lever la main soit à la verticale, soit à l'horizontale. Je lève la main à la verticale pour me faire reconnaître, pour me montrer. Je l'agite pour dire que je suis là, ou pour dire que c'est moi. Qui a fait cela ? C'est moi ! Dans une foule, c'est moi ! Donc ici, je reconnais, j'avoue, je confesse que c'est moi. Vous avez le sens de avouer, de reconnaître.

            Ou bien, je lève la main de nouveau pour manifester mon accord. Un vote à main levée : je suis d'accord. Non seulement je suis d'accord, mais je suis content de ce qui est proposé et je remercie la personne qui a proposé cela. Je rends grâce.

            Ou bien, je lève la main pour montrer. Cette fois-ci, je lève la main à l'horizontale : je montre. Et je ne la tiens pas fixe, je l'agite, je montre, je la remue en direction d'une personne. C'est le geste, ici, de désigner, donc de proclamer et de célébrer.

 

            Maintenant, dans le substantif dérivé de cette racine qui est donc une gesticulation du bras et de la main, nous retrouvons les trois sens. C'est un mot que les hébraïsants connaissent très bien, et d'ailleurs il est utilisé en hébreux moderne. Ce sera l'aveu, donc la confession, l'aveu. Ce sera le remerciement, l'action de grâce, et en hébreux moderne, ça veut dire merci. Et ce sera aussi la louange et la célébration. Voyez la richesse sémantique de la racine et d'un de ses dérivés.

 

            Alors, lorsque les traducteurs, grecs d'abord et puis latins, se sont trouvés devant ce mot, ils ont dû choisir. Mais le grec qui est une langue très riche aussi dans son éventail et puis le latin à la suite du grec, ils ont choisi un mot qui introduit une nuance capitale importante.

            Les traducteurs grecs, deux ou trois siècles avant notre ère, n'étaient pas des chrétiens. c'étaient des Juifs. Ils avaient un sens qui est passé en chrétienté dans l'Eglise. C'est le sens de la communauté. Il y a là en grec et en latin un préfixe, avec, qui signifie cette communauté.       

Donc ici, nous avons l'image d'un ensemble. je ne suis pas seul à confesser, je ne suis pas seul à rendre grâce, je ne suis pas seul à célébrer. Je célèbre toujours, je rends grâce toujours, je confesse toujours en communauté, en Eglise. C'était la communauté d'Israël, maintenant c'est la communauté chrétienne, c'est la communauté monastique.

 

            Nous ne sommes donc pas seuls ! Lorsque nous prions notre liturgie, lorsque nous chantons nos psaumes, nous nous adressons personnellement à Dieu naturellement. Il ne peut pas en être autrement. C'est moi qui prie, c'est moi qui donne, c'est moi qui contemple Dieu, et puis qui me prosterne devant lui, qui l'invoque, qui le supplie.

            Mais je fais partie d'une communauté qui me donne la vie. L'Eglise est un Corps. Et c'est le Corps entier qui s'exprime par ma bouche, et qui s'exprime par la bouche de tous les orants.

         La prière de notre office, elle façonne une âme qui est l'âme de notre communauté. Et en même temps, elle est un positionnement en face de Dieu. C'est donc un Corps à plusieurs bouches qui dans le fond n'a qu'une bouche qui est le Christ Jésus récapitulant tout le Corps en sa personne.

 

         Donc, mes frères, lorsque nous rencontrons maintenant, dans notre liturgie de l'office, les mots célébrer, rendre grâce, confesser - cela arrive une fois ou l'autre aussi - eh bien à ce moment-là, ayons toujours en même temps à l'esprit les trois sens. Il ne faut pas, je dirais, les épingler, les tirer, chacun contient les deux autres. Nous devons tout de même nous en choisir un.

         Mais ayons tout de même à la mémoire de notre cœur les deux autres qui sont présents. Donc, lorsque je parle de célébrer, c'est pour rendre grâce et en même temps reconnaître mon état, savoir que je suis un homme blessé, un homme pécheur, mais un homme malade qui désire être guéri, un homme qui reconnaît ce qu'il est, un homme qui vit, qui veut vivre de la vérité.

            Alors, en même temps je rends grâce à Dieu qui seul peut me guérir, qui seul peut me sauver. Et en Dieu, je vois le Christ Jésus qui est précisément Dieu venu à ma condition et me donner la sienne. Et alors à ce moment-là, je rends grâce, je célèbre ce Dieu qui est l'unique, qui est le salut de la création entière.

 

            Donc, mes frères, je pense qu'il est tout de même utile que je donne cette petite explication-là à tout le monde. Mais celui qui a posé la question, il a entendu la réponse et, je pense, il est le premier à être satisfait.

 

 

Chapitre 18, 1-27 : L’ordre des psaumes.       22.06.87

      Dieu, viens à mon aide !

 

Mes frères,

 

            La mission du moine est élevée. On peut, sans crainte d’exagération, lui appliquer le qualificatif de sublime. Nous avons vu hier que le moine devait être l'oreille, l’œil et la voix de la création face au Créateur.

            Ce Créateur, Dieu notre Père, est amour. Il sollicite sa créature. Il veut établir avec elle une relation d'amitié. Il va s'efforcer d'effacer les différences, d'abolir les distances. Pour cela, il va se décider à devenir matière. Il se fait chair, il se fait homme. Extérieurement rien ne le distingue des autres hommes, il leur est semblable en tout, sauf le péché.

            Il espère une réponse de la part de l'homme, de la part de sa créature, de la part de la création toute entière. Cette réponse, il l'attend.

 

            C'est le moine qui la donnera, et la création la donne à l'intérieur du moine. Le cœur d'un moine parvenu vers les sommets de la vie contemplative est devenu un temple à l'intérieur duquel vit la Sainte Trinité d'abord, mais aussi un temple qui est devenu la demeure du cosmos. Si bien que dans ce temple, les deux qui se cherchaient se rencontrent et peuvent converser tout simplement. Depuis les origines, Dieu se plaît à rencontrer sa créature, à vivre avec elle.

 

            Mais c'est là pour le moine une tâche extrêmement difficile. Elle frise l'impossible, car la création se replie instinctivement sur elle-même, et l'homme est volontiers narcissique, c'est à dire qu'il admire son nombril. Il se regarde. Il ne voit que lui. Il s'admire. Et le moine n'échappe pas à ce défaut. Il faut donc qu'il fasse constamment un effort pour déplacer le centre de gravité de lui vers ce Dieu qui l'appelle.

            Le véritable amour n'est pas naturel à l'homme, il n'est pas naturel au moine. Il doit lui être donné, et lui doit l'accueillir. L'amour est toujours offert par Dieu, mais l'homme, même le moine, ne l'accueille pas toujours. Chaque fois que l'obéissance nous demande quelque chose, Dieu nous offre une part de son amour. Si je répugne à obéir, je refuse ce cadeau. Le problème n'est pas chez Dieu, le problème est toujours chez nous.

 

            Tout ce travail, ce rude labeur, s'opère chaque instant de notre vie mais surtout aux heures pendant lesquelles nous nous tenons en présence de Dieu avec nos frères après avoir mis tout de côté, lorsque nous sommes présents à l'Opus Dei, à l’Œuvre de Dieu, à ce Travail auquel nous ne devons rien préférer nous dit Saint Benoît, cette Œuvre, ce Travail qui a Dieu pour objet et qui est aussi inspiré par Dieu.

            Alors nous comprenons la raison pour laquelle Saint Benoît prescrit à son disciple d'appeler Dieu à l'aide lorsque commence l'Office Divin. Le texte français a laissé échapper les premiers mots du latin qui sont, à mon avis, essentiels. Saint Benoît dit : In primis dicatur versus, 18,2. In primis, en tout premier lieu, d'abord, il faut dire le verset : Dieu, viens à mon aide, Seigneur hâte-toi, festina, de me secourir.

 

            In primis ! D'abord ! Cela se comprend lorsque nous commençons l'Office, pour que nous puissions le célébrer dignement, correctement, avec fruit pour nous et pour la création dont nous sommes la voix, il est nécessaire que Dieu prenne possession de nous, qu'il nous soutienne, qu'il nous conduise d'un bout à l'autre de l'office.

            C'est pourquoi nous devons lancer cet appel avec une grande foi, y engager tout notre être. le laisser jaillir de notre cœur. Est-ce qu'il en est bien ainsi ? Est-ce que on ne dit pas ça de façon machinale ? C'est à peine lancé. que c’est fini !

 

            Mes frères, nous nous rendons à l'Office de Complies, soyons attentifs, ne soyons pas distraits ! Et lorsque cet appel sera lancé par l'hebdomadier, nous le reprendrons, nous le poursuivrons, et nous prendrons davantage conscience de l'acte que nous posons lorsque nous chantons l'office, de la responsabilité qui pèse sur nous. Ce n'est pas seulement nous qui allons chanter, qui allons prier, qui allons louer, c'est l'humanité en nous, c'est l'univers matériel en nous.

            Je vous le répète, prenons garde ! Je sais qu'on arrive facilement à l'office avec tous ses soucis. Mais il y a tout de même une certaine distance entre le lieu de notre travail, ou le lieu de notre Lectio, jusqu'à l'église. Et puis, même si on arrive en dernière minute pour une raison quelconque, il y a encore toujours la sonnerie qui est là. Nous avons le temps de nous reprendre et de rassembler nos énergies pour lancer cet appel vers Dieu. C'est un appel au secours !

 

Chapitre 18, 56-74 : L’ordre des psaumes.     25.06.88

      Deo gratias !

 

Mes frères.

 

Nous avons vu que l'exécution de l'Office divin est un ....., un pensum servitutis, comme nous dit Saint Benoît, 50,10, quelque chose de pesant qui est attaché à notre condition de serviteur. Nous devons cependant nous en acquitter avec diligence et avec foi comme des hommes qui n'ont rien de plus cher que le Christ, ce Christ qui est notre Dieu, et qui a voulu prendre sur lui toutes nos misères, tous nos péchés, afin de nous faire participer à sa vie.

 

            Nous veillerons donc à ne pas être nimis inertes, l8, 68. Inerte signifie sans énergie, sans ressort, donc lâche comme c'est traduit ici, mou, paresseux, ou bien sans talent, sans valeur, bon à rien, inutile. C'est pourquoi nous devons au début de chaque office pousser un grand cri, un vigoureux appel à l'aide.

            Et si nous reconnaissons notre faiblesse, Dieu nous donnera sa grâce et sa force. Au départ, si nous voulons bien exécuter notre office, si nous voulons être fidèles, si nous voulons faire notre devoir, nous devons avoir au cœur une disposition d'humilité, de vérité et de confiance.

 

            Mais la Tradition a introduit à la fin de l'Office cette fois, un élément dont apparemment ne parle pas Saint Benoît, à moins que ce ne soit inclus dans ce qu'il appelle les ...?… , es formules de renvois. Cet élément est composé de deux parties, une invitation et une réponse. Il est très court et il ...?… parfaitement l'appel qui a été lancé au début de  l'Office.

            Cet élément, vous le connaissez, c'est : Benedicamus Domino, Bénissons le Seigneur. Et la communauté répons : Deo gratias, nous rendons grâce à Dieu. C'est donc un merci pour l'aide qu'on a reçu au cours de l'office. C'est une parole de gratitude qui va droit, j'en suis certain, au cœur de Dieu.

            C'est pourquoi nous devons chanter cette formule en pleine conscience comme nous avons lancé en pleine conscience l'invocation du début. Voici donc notre office qui est encadré donc d'un appel au secours d'abord, puis pour finir d'une formule de remerciement pour ce qu'on a reçu au cours de l'office .

 

            Mais cette formule, elle dépasse la simple exécution de l'office. Ce chant, car c'est un chant de reconnaissance, englobe toutes les grâces reçues depuis toujours. Je ne sais pas, je n'ai jamais fait l'expérience, ni aucun de vous non plus, mais il parait qu'à la dernière heure ou à la dernière minute de la vie, on voit toutes les actions de la vie ramassées en un instant.

            Il est possible que ce soit ainsi. Et ce doit être très encourageant car même les péchés concourent à notre sanctification. Ils nous conduisent à la perception de ce que nous sommes vraiment. Ils nous font entrer dans l'humilité.

            Si bien que tout le plan de Dieu sur nous apparaît dans sa beauté et doit jaillir alors du cœur un ineffable merci avant de plonger dans la lumière de Dieu. Nous devons être dans ces dispositions-là à la fin de chaque office.

 

            Car maintenant, les événements de notre vie se présentent â nous les uns après les autres. Nous n'en voyons pas le tissu, nous n'en voyons pas le tableau d'ensemble, sauf parfois. Parfois aussi rétrospectivement, certains événements du passé se fondent les uns dans les autres et, on voit se dégager un davar, une Parole qui nous a été adressée.

 

            Mais ayons cette foi et cet esprit de foi à la fin de chaque office lorsque nous disons : Nous rendons grâce à Dieu, nous le remercions. Pensons à toutes les grâces qu'il nous a données depuis que nous sommes sur terre, car il nous aimait avant la création du monde. Alors, nous pourrions ainsi raviver à l'occasion de chaque office, en notre cœur, un climat d'eucharistie et d'action de grâce qui devrait, qui devra, et qui sera un jour habituel en nous.

            Les anciens moines, les tous premiers, n'utilisaient guère le terme eucharistie. C'est un terme un peu recherché, pour eux. Mais parfois, parfois on le trouve en grec. Parce que pour eux, la vie du moine parvenu déjà à un petit degré de vie spirituelle, donc de vie dans l'Esprit, elle n'est plus qu'un perpétuel chant de remerciement pour les grâces reçues, pour les grâces que tous les autres frères reçoivent, pour les grâces que le monde entier reçoit, et la toute grande grâce étant l'incarnation du Verbe de Dieu.

 

            Donc, mes frères, lorsque l'invitateur, ici c'est l'Abbé, lance cette invitation Benedicamus Domino, à la fin de l'office, n'ayons pas peur de répondre bien haut Deo gratias. Comme c'est chanté, c'est très facile, n'ayons pas peur de donner notre voix, mais que cela jaillisse de notre cœur et que, comme Saint Benoît nous le dira demain, que notre esprit à ce moment concorde avec notre voix.

 

 

Chapitre 18, 18-32 : L’ordre des psaumes.     22.02.90

      Le psaume 118.

 

Mes frères,

 

            Hier, Saint Benoît nous disait: Les Matines, dimanche, commenceront toujours par le psaume 20. Aujourd'hui, il nous dit : le dimanche, on recommencera toujours par le psaume 118. Ceci, c'est à propos des petites heures.

            Pourquoi ce psaume 118 ? Mais parce qu’il est le psaume de la béatitude, le psaume de l'espérance, le psaume du repos, de la tranquillité, du bonheur possédé parce que le Christ Jésus est ressuscité d'entre les morts et que nous sommes déjà ressuscités en lui.

 

            Il s'agit d'actualiser cette résurrection. Et le psaume 118 commence par ce verset : Bienheureux ceux qui s'avancent immaculés sur la route de la vie, qui marchent heure par heure dans la volonté de leur Dieu. Ces hommes participent déjà à la béatitude de Dieu qui est un repos, un repos actif car Dieu ne cesse de créer. Mais c'est le repos de l'amour qui se donne et qui recueille tout l'amour qui se trouve dans le cosmos.

            Telle doit être notre journée du dimanche. Saint Benoît le sentait, il le pressentait. Il désirait que ce psaume 118 soit toujours à la tête de notre prière le matin du dimanche.

 

Chapitre 18, 56-fin : L’ordre des psaumes.     25.06.90

      L’office n’est pas accessoire !

 

Mes frères,

 

            Saint Benoît explique aujourd'hui la disposition qu'il a prévu pour la célébration de l'Office divin. Il a consacré onze chapitres à ce sujet. Cela nous montre à l'évidence que l'Opus Dei tient dans sa pensée et dans sa vie, et dans celle de ses disciples, une place centrale.

            On peut dire que l'office, tel que Saint Benoît l'a conçu, est le chant de victoire d'un peuple qui traverse le désert, qui passe de l'esclavage à la liberté, de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de l’égoïsme à la charité. C'est aussi un long appel au secours.

            Et, au centre de l'office, le polarisant et lui donnant tout son sens, se dresse la célébration eucharistique qui est le mémorial de la Pâque, qui est le mémorial de cette traversée à travers la mort pour entrer dans la vie impérissable.

 

            L'office n'est donc pas quelque chose d'accessoire dans la vie du moine. Il est vraiment ce qu'on peut dire sa respiration. Notre vie est un passage, elle n'est pas l'installation de rentiers dans une existence facile, sans problèmes. Elle n'est pas un refuge pour gens fatigués avant de commencer à vivre. Non, il faut avoir du jarret pour traverser le désert, et il faut du souffle. Eh bien, l'office est - comme je le disais au départ - le chant de marche, le chant du départ et le chant de l'arrivée.

 

            Mes frères, nous devons avoir un grand respect pour notre office et toujours le célébrer avec cœur. Je veux dire le célébrer dans un esprit de foi, car la foi est enracinée dans le cœur. Elle n'est pas l'objet d'une spéculation, elle est une participation à la propre vie de Dieu.

            Et alors, dans cet échange mystérieux entre Dieu et nous, entre le Créateur et sa créature, nous trouvons notre tonus spirituel. Et c'est grâce à cela que nous pouvons marcher, traverser le désert de cette vie. Et notre prière, et notre chant, et notre assurance, et notre sécurité, nous l'exprimons précisément dans la célébration de notre office, surtout tel que l'a voulu Saint Benoît.

 

Table des matières

Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       18.10.85. 1

1. Présentation. 1

Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       19.10.85. 2

2. La traduction Œcuménique. 2

Chapitre 18 : L’ordre des psaumes.               23.10.85. 5

L’aspect prière de l’office + La traduction des psaumes. 5

3. L’utilisation de la langue vernaculaire. 5

Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       24.10.85. 7

4. Les exigences de fidélité à la lettre. 7

Chapitre 18 : La traduction des psaumes.       25.10.85. 9

5. Les vibrations du mystère. 9

Chapitre 18, 56-fin : L’ordre des psaumes.     25.06.87. 11

Confiteri !. 11

Chapitre 18, 1-27 : L’ordre des psaumes.       22.06.87. 13

Dieu, viens à mon aide !. 13

Chapitre 18, 56-74 : L’ordre des psaumes.     25.06.88. 14

Deo gratias !. 14

Chapitre 18, 18-32 : L’ordre des psaumes.     22.02.90. 16

Le psaume 118. 16

Chapitre 18, 56-fin : L’ordre des psaumes.     25.06.90. 16

L’office n’est pas accessoire !. 16