Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 05.03.84

      L’expulsion !

 

Mes frères,

Nous venons d'entendre le chapitre le plus dur de la Règle de Saint Benoît. Il se termine sur un ton de catastrophe. Il contraste très fort avec ce que Saint Benoît disait hier où il recommandait à l'Abbé de prendre un soin extrême de toutes ses brebis et de faire en sorte qu'il n'en perde aucune. Il devra même laisser seules les 99 brebis saines pour aller à la recherche de celle, de l'unique qui se serait égarée.

Et voici qu'aujourd'hui nous entendons parler du fer qui retranche, ferro abcisionis, 28,19. En latin, l'expression est violente. On sent l'implacable dureté et une froide détermination. Mais pourquoi donc ce contraste effrayant. Ce n'est pas seulement pour terroriser les moines, mais pour affirmer une  vérité.

Voilà donc l'Abbé qui a mis tous ses soins pour sauver un frère. Et tous ses efforts ont été parfaitement inutiles. Que va-t-il faire maintenant ? Eh bien, lui et les frères, donc lui et toute la communauté vont implorer le Seigneur et lui demander de sauver le malade. Que se passe-t-il ?

Eh bien, ils transfèrent le poids, la charge de la responsabilité sur Dieu. Eux ne peuvent plus rien faire. Ils vivent chez Pieu, dans la maison de Dieu. Dieu a appelé ce frère.  Ce frère a - comme on dit vulgairement - a vraiment mal tourné. Humainement parlant, il n'y a plus d'issue possible. Eh bien, que Dieu qui a la responsabilité de la maison le prenne en charge et s'en occupe.

 

Il va devoir, Dieu, manifester sa volonté à l'endroit du frère, S'il ne le guérit pas, le frère, la réponse est claire. C'est que Dieu n'en veut plus. Il le rejette. Et l’Abbé, de son côté, n'a plus le droit de le garder. Il doit l'expulser. Non seulement Dieu ne lui en fera pas reproche, mais Dieu le couvrira parce que l'Abbé aura poussé sa foi jusque là, jusqu'au bout.

Il est dit en 2,15 que l'Abbé doit savoir qu'il devra rendre compte des âmes qui lui sont confiées, Et quelque soit le nombre des frères placés sous sa garde, qu'il tienne pour certain qu'au jour du jugement il répondra devant le Seigneur de toutes ces âmes, et de plus, sans nul doute, de la sienne propre. 4,107. ,

 

Mes frères, pour comprendre un chapitre comme celui-ci dans sa conclusion, nous devons vraiment croire que dans le monastère on n'est pas chez soi mais qu'on est chez Dieu, que le monastère n'est pas un groupement d'hommes qui essayent d'atteindre ensembles un but humain.

Non, ils ont été appelés par Dieu. Et Dieu est libre de faire ce qu'il entend des hommes qui sont là. Si on poussait la logique jusqu'au bout - et je pense qu'il faut la pousser cette logique de la foi - il faudrait appliquer à ce frère qu'on doit chasser, il faudrait appliquer la parole de Jean : Ils sont sortis de chez nous, mais ils ne sont pas des nôtres.

C'est quelqu'un qui se serait glissé parmi les frères, mais qui n’aurait jamais fait partie vraiment de la communauté n'ayant pas été appelé par Dieu.

Mes frères, je vous assure qu'un chapitre comme celui-ci donne à réfléchir. Non pas, je dirais, que nous devons être en garde sur nous-mêmes, sur notre conduite - cela c'est certain, cela va de soi - mais sur la profondeur de foi qu'il faut atteindre lorsque on vit avec Dieu.

C'est que nous n'avons pas le droit de nous guider d' après nos vues personnelles. Et l'Abbé, moins que n'importe qui, il doit entrer dans le vouloir de Dieu sur chacun des frères.

 

Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 04.11.85

      Le regard surnaturel de l’Abbé.

 

Mes frères,

Voici, à l'intérieur de notre Règle, un chapitre inquiétant. En lui apparaît en pleine clarté la fermeté et la dureté de notre Père Saint Benoît. Ne perdons jamais de vue que ces sentiments, chez lui, procèdent toujours de l'amour. Il se trouve placé devant une situation impossible. Voici un frère qui se révolte contre Dieu, contre la communauté, contre l’Abbé. Que faut-il faire?

Saint Benoît agit en se plaçant à un point de vue qui n'est pas le sien. Et c'est ici une grande leçon pour un Abbé quel qu'il soit. Ailleurs, Saint Benoît dit que l'Abbé doit toujours faire quod utilius judicaverit, 3,6, ce qu'il jugera le plus utile, mais jamais pour lui, toujours pour les autres. Car le monastère n'est pas un bien dont l'Abbé aurait hérité par chance, par hasard, et dont il pourrait tirer bénéfice pour lui et même pour les frères.

 

Non, le monastère, c'est la propriété, c'est le domaine de Dieu. L'Abbé n'en est jamais que le gérant. Il doit donc agir en tout dans une optique surnaturelle. Donc, ce n'est jamais le point de vue purement humain qui doit prédominer en lui, qui doit peser de façon définitive sur les décisions qu'il prend. Non, c'est toujours le point de vue de Dieu.

L'Abbé peut se trouver parfois dans une situation inconfortable vis à vis de ses frères qui peuvent ne pas comprendre les motivations profondes qui déterminent l'Abbé à prendre telle décision plutôt qu'une autre. Il doit donc être toujours un homme éveillé dans sa foi.

 

Je lisais à l'instant dans le premier chapitre de l'Apocalypse, cette apparition du Christ au voyant, Jean. Il a entendu derrière lui une voix qui était semblable à des trompettes. Il se retourne pour voir cette voix. Et voilà, il y a cette forme comme celle d'un homme. Et ce qui le frappe d' abord dans cette forme, ce sont les yeux, les yeux qui sont deux flammes de feu.

Oui ! C'est cela, vous voyez! Il faudrait pour bien faire que l'Abbé eut des yeux qui soient comme des flammes de feu, c' est à dire qui voient les choses comme Dieu les voit. Rappelez-vous alors les sept lettres envoyées aux sept Eglises. Ces lettres ont été dictées par le souci de ces  Eglises. Et rien de ce qu'il y a dans ces Eglises n'a échappé à ces yeux de feu.

C'est ça être éveillé dans la foi, c'est avoir un regard nouveau ! 0 il n'est pas nécessaire que ce soit des flammes de feu, mais il faut tout de même qu'il y ait une lumière qui Il: éclaire le cœur et qui fait porter des jugements qui ne sont plus des jugements d'homme, mais des jugements de Dieu.  C'est ce qu'on voit encore dans ce chapitre. Car, que fait Saint Benoît. Mais il use de tous les moyens mis à sa disposition. Il les détaille ici :

Voilà, on l'a d'abord repris fréquemment, ce frère, en privé, en public. Rien à faire ! Finalement on l'a excommunié. Je ne vais pas rappeler en quoi consiste l'excommunication. Mais à l'époque de Saint Benoît, c'était ressenti bien autrement qu'aujourd'hui. Mais voilà, ça continue! Et en fin de compte, en fin de compte, on va taper sur le frère. On va lui donner une correction, de bonnes corrections. Mais non, non, non, il a une peau d'éléphant, ça ne bouge pas, ça continue comme avant.

Et alors, pire que cela, dans tout ce qu'il dit, il défend sa conduite. Il a raison lui tout seul envers et contre tout le monde, contre Dieu, contre le ciel, contre la terre. Il est seul à avoir raison. Il n'y a plus que deux choses à faire : il faudrait le nommer Abbé. Mais pas un Abbé selon la Règle de Saint Benoît, mais un Abbé selon sa tête, comme lui imagine que cela devrait être.

 

Alors Saint Benoît se rappelle une chose. Il dit : Voilà, le Christ a dit une fois que s'il y en a deux ou trois qui sont réunis et qui commencent à prier, à me demander quelque chose en mon nom, alors c'est accordé. Voilà, c'est ce que fait Saint Benoît. Lui et tous les frères commencent à prier pour ce malade. Et voilà, ça ne change rien, rien du tout, mais rien !

Maintenant, qu'est-ce que cela veut dire ? Et Saint Benoît alors comprend le message. Voyez, c'est son regard surnaturel. Et cela veut dire ceci : la conclusion, c'est que Dieu ne veut plus de ce frère dans le monastère. Il l'a rejeté. Alors, Saint Benoît n'a plus qu'une seule chose à faire, entrant dans ce jugement de Dieu, il prend le fer qui retranche et il ampute ce membre malade et le jette dehors.

 

Et ainsi, la maladie ne va pas se transmettre à tout le corps : souci de la communauté et aussi le souci du frère. Car il vaut mieux que le frère meure, disons dans cet état, hors du monastère qu'à l'intérieur du monastère. Car, ayant à l'intérieur du monastère des mœurs du monde, eh bien, il est préférable qu'avec de tels mœurs il meure tel dans le monde, là à sa place, où il pourra peut-être encore se récupérer. Mais pas dans le monastère, Dieu ne veut plus de lui.

Voyez jusqu'où va la perspicacité surnaturelle de Saint Benoît !

 

Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 05.03.88

      La voix de Dieu.

 

Mes frères,

Portons-nous dans le monastère de Saint Benoît et essayons d'imaginer la situation créée dans la communauté par un frère qui se dresse contre tous et qui rompt la communion. Il règne dans cette communauté une atmosphère lourde, chargée d'orage. On sent pesé l'inquiétude, se diffuser une certaine peur. Et instinctivement on réagirait en disant : Mais qu'on le mette dehors celui-là et qu'on respire enfin. C'est là une réaction charnelle. Ce n'est pas celle de Saint Benoît.

Ce frère est gravement malade. C'est toujours un frère. Le Corpus monasterii en est tout fiévreux. Il faut donc travailler à la guérison de ce frère. Et Saint Benoît, sage médecin, va user de tous les moyens à sa disposition. Il fera l'impossible pour obtenir cette guérison. Il va mettre - comme le disait hier Saint Benoît - il va mettre en action toute son adresse et toute son industrie comme il dit, tout son savoir. Omni sagacitate et industria, currere, 27,15.

Il doit donc s'empresser. Il ne peut pas laisser aller les choses. Cela doit devenir son souci. Et son cœur habité par l'Esprit de Dieu va lui inspirer les paroles à dire et les gestes à poser. Ce seront les fomentations et les onguents des exhortations, les remèdes des divines Ecritures, même la brûlure de l'excommunication et les coups de verges, 28.13. Donc, il ira jusqu'au bout.

Maintenant, si tout effort s'avère vain, il va agir en prophète, ce que j'appellerais un peu en charismatique. Il va solliciter de Dieu une réponse. Il va demander à Dieu ce qu’ultimement il faut faire de ce frère ?

Eh bien, lui l'Abbé le premier, et toute la communauté, vont se mettre en prières pour demander à Dieu qui peut tout qu'il rende la santé à ce frère malade. En fait, on pose à Dieu une question : Quelle est, Dieu, ta décision ? Quelle est ta volonté ? Fais-nous là connaître ?

Si Dieu maintenant n'exauce pas la prière, s'il ne répond pas par la conversion du frère, c'est le signe qu'il rejette ce frère. Alors l'Abbé U peut passer aux actes et le renvoyer. Il prendra alors, dit Saint Benoît, 28,19, le fer qui retranche, selon la parole de l'Apôtre : " Otez le mal d'entre vous " ou encore : " Si l'infidèle s'en va, qu'il s'en aille ".

 

Mais comprenons bien, ici ! Ce n'est pas l'Abbé qui chasse le frère, c'est Dieu qui chasse le frère. Nous avons ici une image de ce qu'est la damnation. Naturellement nous sommes encore ici sur la terre. Dieu ne va pas abandonner ce frère qu'il jette hors du monastère, il va le suivre de sa grâce, de ses avances. Il va mettre tout en œuvre pour le récupérer, pour finalement le guérir, pour faire sortir de son cœur l'orgueil qui est là, pour chasser le démon qui le possède. Mais malgré tout le péril est immense et l'irréparable toujours possible.

 

Voilà, mes frères, une petite leçon que nous pouvons encore retirer de ce chapitre. C'est que nous ne devons pas mettre Dieu à l'épreuve. Nous devons toujours veiller à rester à l'intérieur de sa volonté. Ainsi notre vigueur spirituelle ne diminuera pas, au contraire, par l'exercice elle se fortifie et le malheur dont il est question ici ne se produira pas.

Car si notre souci est de faire la volonté de Dieu, nous entrons toujours dans l'humilité, dans l'antithèse de l'orgueil. Et l'humilité est le lieu où le démon n'a jamais accès. Dans la forteresse de l'humilité nous sommes à l'abri.

 

Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 05.07.88

      Une communauté de prophètes.

 

Mes frères,

Ce chapitre est un endroit de notre Règle où il apparaît en pleine clarté que la communauté monastique est un corps, non pas un cadavre, mais un corps vivant. Et l'âme de ce corps, c'est la charité qui règne entre les frères, charité qui a sa source en Dieu qui est charité.

Le regard de ce corps, c'est la foi, la foi qui n'est pas une croyance en un dogme quelconque, mais la foi qui est participation à l'être de Dieu dans ce qu'il a de beau. La foi soulève les hommes, elle les dynamise, elle les porte en avant. Et le regard de ce corps, de ce grand corps qu'est une communauté monastique, est la foi parce que cette foi permet de regarder Dieu et, en le regardant, de se recevoir de lui.

Et le mouvement qui anime ce corps, ce sont les œuvres bonnes. C' est tout ce que le corps produit sous la mouvance de l'Esprit Saint, tout ce que ce corps rayonne au loin dans l'invisible, mais aussi et d'abord les œuvres bonnes à l'intérieur de ce corps : le soutien mutuel, l'écoute mutuelle, la bienveillance mutuelle qui se traduit dans des gestes bien concrets.

 

La nourriture de ce corps, c'est la Parole de Dieu. Nous assistons à l'Office - c'est le terme technique utilisé par Saint Benoît - nous assistons à l'Office, nous le chantons, mais nous laissons couler sur nos lèvres la Parole de Dieu. Les Psaumes ne sont pas paroles d'hommes, ils sont Paroles de Dieu. Et de cette Parole, nous nous nourrissons pour nous fortifier. Nous l'écoutons : je chante le Psaume avec les autres frères, mais mon oreille entend ce que les autres chantent, et en entendant, elle écoute.

Je chante avec les autres. Ma parole laisse couler les propres Paroles de Dieu. Je deviens donc un prophète pour les autres, et les autres sont prophètes pour moi. Si bien que, et moi et les frères, nous nous nourrissons de cette Parole, les uns les autres. Nous nous la servons les une les autres.

Nous voyons donc bien que ce corps est vivant et que tous les membres en sont solidaires, c'est à dire qu'ils se fortifient et qu'ils se portent les uns les autres. Et le corps de la communauté se renouvelle constamment. Si la vie d'un homme compte quelques décades seulement, la vie du monastère peut s'étendre sur des siècles. Ce grand corps n'a cependant pas reçu promesse d'éternité. Sa vie aura une fin, fatalement, comme tout ce qui est de ce bas monde.

Vous avez des monastères qui ont été fameux : Cluny, Clervaux, pour ne prendre que ces deux là. Ils ont cessé d'exister. Il y avait un tout petit monastère de rien du tout, inconnu, Rochefort, et il est toujours. N'essayons pas de comprendre les voies de Dieu. C'est lui qui donne à chaque corps monastique la croissance et la durée.

 

Et tous les membres de ce corps sont responsables de sa santé. Et en même temps, tous reçoivent de lui leur vitalité. Et comme tout organisme vivant, ce corps connaît des vicissitudes, des tensions, des crises. La charité peut se refroidir, la foi peut s'obscurcir. Ce corps peut devenir avide de nourritures étrangères. La paralysie peut s'installer en lui et une maladie sérieuse pourrait très bien le conduire à la mort.

Ce corps doit donc prendre grand soin de sa santé, le corps comme tel mais aussi chacun des membres. Le corps a une conscience en tant que corps. Chaque frère a une conscience en tant que frère. La conscience du corps, ce n'est pas la somme des consciences de tous les frères. Il y a dans le corps un peu ce qu'on trouve dans l'Eglise.

 

Dans l'Eglise, il y a ce qu'on appelle le sensus ecclesiae qui est infaillible, qui lui fait toujours découvrir la vérité. Je prends l’Eg1ise dans son sens théologique. De même dans un monastère, le corps du monastère possède un sens qui est supérieur à la conscience de tous e1s frères. C'est une des raisons pour lesquelles chaque frère de chaque communauté peut être reconnu : il est typé. Il est typé par cette conscience de la communauté, de son être personnel.

Il faut donc que cette communauté, que ce corps prenne soin de sa santé. Et il le fera par une fidélité, par sa fidélité aux grandes observances monastiques : l'Opus Dei, le Travail, la Lectio, le Silence, la Solitude, la Clôture. Tout cela permettra à la communauté comme telle d’entretenir sa santé.

 

Si la communauté, par exemple, commence à jouer avec les observances, comme c'est arrivé dans des monastères au moment des folies postconciliaires, où on va supprimer l'Office de Complies pour le remplacer par une séance de TV quotidienne soi-disant pour recevoir des informations qui vont nourrir la prière des frères.

Il ne faut pas longtemps alors pour que la maladie s'installe à l'intérieur de ce corps. Et il faut une intervention vigoureuse venant de l'extérieur pour rétablir la fidélité et, à travers la fidélité, faire revenir la santé.

 

Alors, si un germe de maladie s'introduit maintenant dans le monastère par le fait d'un membre qui devient malade, à ce moment-là, il faut prendre les remèdes appropriés. Et Saint Benoît les détaille ici. Ce sont des fomentations, les onguents des exhortations, les médicaments des divines Ecritures, la brûlure de l'excommunication et les coups de verges, et enfin, la prière de tous les frères, 28,15.

Ce sont des remèdes d'ordre spirituel, sauf les coups de bâton. Cela ne serait peut-être pas trop mal si ça existait encore aujourd'hui, les coups de bâton ! Ce serait, à mon avis, un grand bienfait. Mais alors le frère irait déposé plainte près du commissaire de police, ou du Procureur du roi, et on aurait des ennuis. Voilà, il aurait gain de cause et il serait encore plus vireux qu'avant.

Mais je pense que ça ne serait tout de même pas mal parce que, comme dit Saint Benoît ailleurs, il y en a qui ne comprennent pas les paroles mais qui comprennent les coups de bâton.

 

Maintenant, si un membre venait à se gangrener ? A ce moment-là, il faudrait user vraiment de tous les grands moyens. Et si le mal était désespéré, alors il faudrait procéder à l'amputation : utatur abbas ferro abscsionis, 28,19. Que l'Abbé prenne alors le fer qui retranche. Il ne faudrait pas qu'un membre malade contamine le corps entier.

C'est une situation extrême, très grave ! Elle existe, elle existe encore aujourd'hui. L'Abbé a le droit de mettre un frère à la porte. Mais il doit prendre des formes qui sont indiquées par le Droit actuel, intenter lin procès, un véritable procès canonique avec différents étages. Et finalement le frère peut être dépouillé de son habit et chassé. cela arrive, cela arrive !

Naturellement, ce n'est jamais arrivé ici, ça n'arrivera jamais ? Enfin, n'y pensons pas trop. Mais je sais qu'il y a des cas de ce genre qui se sont présentés dans l'Ordre. Comment cela arrive-t-il ? Comment cela se produit-il ? Il faut laisser tout cela à la miséricorde de Dieu, ne pas porter de jugement sur les personnes même s'il faut condamner les conduites.

 

Dieu seul connaît le fond des cœurs. Et pour Dieu, un homme même le plus récalcitrant, comme celui dont parle Saint Benoît ici, un homme pour Dieu n'est jamais perdu, car tout homme est sauvé par le Christ.

Et Dieu, le Christ vit déjà dans l'accompli du Royaume, et il voit ce frère qui est arrivé à la dernière extrémité, et il le voit sauvé. Mais il aura fallu qu'on utilise ce moyen très dur pour sauver le frère et préserver la santé du grand corps qu'est la communauté.

Table des matières

Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 05.03.84. 1

L’expulsion ! 1

Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 04.11.85. 2

Le regard surnaturel de l’Abbé. 2

Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 05.03.88. 3

La voix de Dieu. 3

Chapitre 28 : Que faire avec les incorrigibles ? 05.07.88. 4

Une communauté de prophètes. 4