Chapitre : Symbolisme de l’église.               23.05.93.

      1. Le labyrinthe.

 

Ma sœur, mes frères,

 

            Je vais vous parler ce matin du labyrinthe que nous avons construit dans notre Eglise :

 

            Labyrinthe est un mot grec qui signifie quelque chose d'entortillé, d'embrouillé, de plié et replié sur soi, de tours et de détours.

            Labyrinthe signifie aussi la nasse d'un pêcheur, si bien que lorsque le poisson est pris, il lui est impossible de s'échapper.

 

            La construction du premier labyrinthe est attribuée à Minos le roi de Crête. Au centre de ce labyrinthe habitait le Minotaure, un monstre mi-homme, mi-taureau qui se nourrissait de chair humaine. Les imprudents qui entraient dans ce labyrinthe ne pouvaient plus en trouver la sortie, si bien qu'ils devenaient la proie du Minotaure.

            Et voilà qu'un jour, le héros Thésée s'est dit qu'il pourrait, lui, attaquer le minotaure et le tuer. Mais cela ne suffisait pas car il devait encore pouvoir sortir du labyrinthe. Et alors Ariane lui a donné une bobine de fil et, au fur et à mesure qu'il avançait dans le labyrinthe, il déroulait la bobine et le fil courait sur le sol. Thésée a rencontré le Minotaure, il l'a attaqué, il l'a tué et est sorti en suivant le fil qui lui traçait le chemin du retour.

 

            Dans l'antiquité, il existait d'autres labyrinthes. Et ces labyrinthes étaient gardés par des prêtres dont on avait crevé les yeux. Et ces labyrinthes jalonnaient la route vers un sanctuaire, le sanctuaire d'un dieu, d'une déesse. Donc, les pèlerins allaient aussi de labyrinthe en labyrinthe jusqu'au moment où ils arrivaient au lieu de leurs dévotions.

            Cette pratique est passée en chrétienté et, au Moyen Age surtout, on a construit des labyrinthes sur le sol des grandes églises. On les trouve un peu partout mais surtout sur la route qui conduisait à Saint Jacques de Compostelle. Donc il y a là une ligne de labyrinthe et, quand on la suit, on arrive à Saint Jacques.

 

            Maintenant, quelle est la signification de ce labyrinthe ? Au Moyen Age, la grande dévotion chrétienne était le pèlerinage à Jérusalem. C'est une des raisons pour lesquelles les croisades ont été entreprises, pour délivrer Jérusalem de la main des infidèles de telle sorte que les chrétiens qui s'y rendaient soient libres de pouvoir visiter à leur aise le tombeau du Christ.

            Mais ce n'était pas donné à tout le monde de se rendre à Jérusalem, à pied ou à cheval à l'époque. Si bien qu'on a figuré sur le sol des cathédrales et des grandes églises le cheminement du pèlerin jusqu'à Jérusalem. Et c'était le labyrinthe.

 

            Donc, au centre du labyrinthe se trouve figurée la Jérusalem céleste. Ici, c'est une dalle de Bourgogne sur laquelle on a gravé la Jérusalem telle qu'elle se présente dans l'Apocalypse avec ses douze portes en direction des points cardinaux. Quand on était entré dans le labyrinthe, on devait en parcourir tout le tracé et, au moment où on arrivait au centre, on entrait dans Jérusalem et on accomplissait alors ses dévotions.

            Le labyrinthe de Chartres qui est le plus connu et dont le nôtre est une reproduction mesurait douze mètres de diamètre ; le nôtre en a six. Les pèlerins, beaucoup de pèlerins le parcouraient à genoux. Et le chemin avait un développement de 420 mètres. C'est déjà tout  un parcours ! Voilà donc la signification symbolique du labyrinthe.

 

            Mais nous pouvons encore aller plus loin. Notre labyrinthe est composé de 275 morceaux de pierre. Ce n'est pas un hasard, ces 275 morceaux sont, signifient le temps que met un enfant pour grandir dans le sein de sa mère jusqu'au jour de sa naissance.

            Lorsque nous parcourons notre pèlerinage, nous avons ici le symbole de notre vie, de notre vie embryonnaire dans le sein de l'Eglise, dans le sein de Marie, et aussi le développement de notre vie humaine qui est une croissance, une naissance au Christ. Et au moment de notre mort, de notre accomplissement, nous nous ouvrons, nous nous éveillons dans le coeur de la Trinité, dans le ciel, dans le paradis, dans la Jérusalem nouvelle.

            Le labyrinthe est donc le symbole de la vie chrétienne - de la vie monastique surtout puisque nous sommes dans un monastère - et de son ascension en Dieu, cette ascension qui est une naissance et qui va prendre un nombre déterminé de jours, nombre qui a été fixé par Dieu pour chacun d'entre nous. Nous devons donc arriver à notre pleine stature en Christ et, à ce moment-là, nous sommes mûrs pour notre naissance définitive et nous nous trouvons dans l'autre univers, dans l'univers de Dieu.

 

            Voilà tout le symbole de ce labyrinthe. Vous voyez qu'il est bien en situation dans une église monastique. Et il faudrait que lorsque nous le rencontrons, lorsque nous marchons dessus, lorsque peut-être au moins une fois nous suivions tout l'entortillement de ce parcours, que nous nous rappelions notre vie comme vient encore de le dire Saint Bernard.

            Elle est une sequela Christi, elle est une marche à la suite du Christ, à la suite de Dieu. Nous marchons en épousant la volonté de Dieu. Et c'est cette volonté qui est pur amour, qui est purement spirituelle, qui petit à petit nous façonne, nous nourrit et nous permet de naître à notre véritable destin.

 

            Vous remarquerez encore ceci : c'est que à la toute dernière étape, au tout dernier moment dans le labyrinthe, on revient au point de départ. Quand on entre dans le labyrinthe, on part sur la gauche, on suit, et au moment où c'est tout fini, on se retrouve au même endroit qu'au départ mais un peu sur la droite. Il suffit alors d'avancer un peu, un petit crochet et on y est.

            Cela nous rappelle que c'est un chemin d'humilité. Nous devons redevenir de tout petits enfants pour accéder à la béatitude de la Jérusalem Nouvelle. Nous devons vraiment mourir à nos prétentions, à nos raisonnements d'adultes. Nous devons redevenir de simples petits auxquels est promis le Royaume. Et à ce moment-là, nous avons un accès quasi direct.

            Donc, je dirais, le départ, c'est cet engendrement, nous sommes tout petits. Nous grandissons et puis nous devons redevenir vraiment des petits tout à fait ouverts à ce que Dieu leur demande. Et à ce moment-là, nous sommes chez lui.

 

 

 

Chapitre : Symbolisme de l’église.         13.06.93.

      2. Le narthex.

 

Mes frères, [1]

 

            Quand on accède à l'église, on entre d'abord dans le narthex. Le narthex est un lieu intermédiaire entre le profane et le sacré. Le profane - comme le dit le mot - signifie ce qui se trouve devant le temple. Avant d'entrer dans le sanctuaire proprement dit, il faut se mettre dans une certaine disposition d'esprit. Tel est le but de cet espace assez vaste qu'est le narthex.

 

            Au centre du narthex se trouve la fontaine baptismale. Elle nous rappelle que justement avant d'entrer chez Dieu, nous devons nous rappeler notre baptême. Nous sommes tous, qui que nous soyons, tous les chrétiens sont des êtres consacrés. Ils ont été plongés dans cette fontaine mystique qui les a greffés sur la personne du Christ et qui leur donne le droit d'accéder aux saints mystères.

            Ce doit être une véritable fontaine, donc une eau courante, une eau vivante. Dans cette vasque il y aura donc de l'eau qui coulera. Et cette vasque, vous l'aurez remarqué, est ornée de l'effigie des 12 apôtres et elle repose sur les 4 animaux d'Ezéchiel. Vous avez là l'union entre l'Ancien et le Nouveau Testament : les 4 animaux d'Ezéchiel et puis la coupe qui est portée par les 12 apôtres du Seigneur.

 

            Maintenant, avant d'entrer dans le sanctuaire, on se trouve en présence d'un portail. Ce portail est orné d'un tympan, la partie supérieure en demi-cercle. Et ce tympan est orné de figures symboliques.

            Et précisément hier - je m'en souviens maintenant - une personne qui était ici, qui ne connaissait pas l'église et qui ne l'avait jamais vue, me disait que notre monde d'aujourd'hui, surtout les jeunes, se meurt faute de symboles. La société, jusque dans son architecture moderne est tellement rationalisé, est tellement technicisé que l'homme ne s'y retrouve plus car il est pour lui-même un mystère, les autres sont pour lui des mystères.

            Et il n'est possible d'accéder au mystère qu'on est et que sont les autres qu'à travers le symbole. Et nous n'en avons plus. C'est ce qui explique entre autre le succès des sectes qui réintroduisent une foule de symbole jusqu’à l'intérieur de la coupe des cheveux, de la tenue vestimentaire, de toutes sortes de rites dans lesquels les jeunes entrent avec une sorte de frénésie parce qu'ils en ont besoin. Et elle disait : mais pourquoi, pourquoi l'Eglise ne retrouve-t-elle pas ces symboles ? elle qui est le symbole par excellence.

 

            Et je lui disais que nous, voilà, nous allons essayer de les remettre quelque peu en valeur ici, quoique nous ne les ayons jamais abandonnés, c'est certain ! Vraiment, nous baignons dans les symboles. Mais il est utile quand nous en avons l'occasion, de remettre en valeur des symboles anciens que nous avons à notre disposition.

           

            Vous avez donc le tympan. Et ce tympan est orné d'une croix, une croix celtique très rare qui a été scellée dans la pierre. Et cette croix, elle porte le Seigneur Jésus crucifié. Certes, on ne voit pas son corps, ce n'est pas nécessaire. C'est donc la croix glorieuse et, c'est le mystère de la croix glorieuse que nous allons célébrer à l'intérieur du sanctuaire.

            Cette croix est surmontée de deux soleils stylisés. Ils signifient que le Seigneur Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Et la lumière de sa divinité, et la lumière de son humanité glorifiée illuminent ceux qui entrent dans le sanctuaire ; et eux, portant en eux cette lumière de la divinité et de l'humanité du Christ doivent la rayonner sur le monde.

 

            En dessous de la croix se trouvent deux spirales. Et ces spirales depuis toujours signifient le bien et le mal. Donc ici, le Seigneur Jésus crucifié, ressuscité, glorifié, est le Maître, le Seigneur du bien et du mal. Il est le Seigneur de l'univers et il en est déjà le juge. La croix est donc déjà le trône sur lequel il exerce son jugement. Ce n'est pas un jugement de condamnation : il n'est pas venu condamner le monde, il est venu pour le sauver.

 

            Donc, voyez ces symboles ! Et il est bon lorsque nous entrerons dans le sanctuaire par ce portail que nous nous laissions influencer par eux, que nous les laissions agir sur nous, que nous reprenions conscience de qui est le Seigneur Jésus et de ce que nous sommes, nous, membres de son corps

 

            Maintenant, il y a sur le sol une pierre, une pierre qui est la pierre de seuil. Cette pierre est assez grande et est d'un seul tenant. Et cette pierre, elle est en polarité inversée, elle est placée à l'envers, car toute pierre a une polarité. Dans la montagne où elle a été extraite, elle se trouvait dans une certaine position.

            Elle a été extraite de cette montagne, elle a été amenée ici et on l'a placée dans la position inverse de celle qu'elle occupait dans la montagne. Mais comment peut-on le savoir, reconnaître cette position ? Eh bien, on sait le reconnaître à partir du rayonnement magnétique qu'elle exerce. Et ça a été fait. Elle est donc à l'envers.

            Et alors, en dessous de cette pierre, pour en accroître l'effet bénéfique mais peut-être aussi maléfique, on a placé du quartz car le quartz est une pierre chargée d'une forte puissance de rayonnement.

 

            Alors pourquoi cette pierre de seuil ? Eh bien, lorsqu'on se trouve sur cette pierre de seuil, n'essayez pas de faire l'expérience, car si vous y restez un petit temps, vous allez sentir un malaise. J'en ai encore fait l'expérience hier.

            Donc, si on se met sur la pierre de seuil pendant deux minutes, eh bien, il se produit quelque chose. Mais il faut être sensible à ça. Il y a des personnes qui sont plus sensibles que d'autres. Et c'est parce que vraiment, on est comme soi-même mis sur sa tête avec les pieds en l'air. Cette pierre de seuil va donc nous provoquer à un sentiment de conversion, de retournement.

 

            Il faut donc que ceux qui entrent dans le sanctuaire par cette porte se convertissent. Or la vertu, la dynamique de cette pierre de seuil, c'est de provoquer la conversion sans même qu'on le sache. C'est à dire que on vient du profane, du monde et on se trouve dans le narthex. 0n est déjà placé dans le rayonnement de tous les symboles qui sont là. Puis, quand on traverse cette pierre de seuil, même sans s'y arrêter, qu'on marche dessus, à ce moment-là il se passe quelque chose dans notre physique, dans notre psychique, dans notre spirituel qui nous fait changer, qui nous met dans les dispositions pour recevoir des grâces de renouveau, de renouvellement, de régénération qui nous seront données à l'intérieur du sanctuaire.

 

            Donc voyez ! Et tout çà est presque plus que symbolique car ça se passe dans le domaine physique, psychologique et spirituel, les trois échelons qui constituent l'homme.

 

            Donc, restons-en là pour aujourd'hui. Dimanche prochain, nous entrerons alors dans le sanctuaire et nous regarderons un peu ce qui s'y passe.

 

            Mais j'ajoute encore ceci pour ne pas l'oublier parce que dernièrement j'ai parlé du labyrinthe et j'ai oublié de dire ceci : le labyrinthe, lorsque vous le regardez, il ressemble à un entrelacs d'intestin. C'est vraiment un intestin, ce sont des entrailles.

            Il signifie aussi alors symboliquement les entrailles de notre Dieu dont on parle tellement souvent dans l'Ecriture et dans les Psaumes, ses entrailles de miséricorde.

            Et au centre de cette entrailles de miséricorde qu'est Dieu, il y a son Royaume, il y a sa Jérusalem bien-aimée, il y a nous qui constituons cette Jérusalem. Donc nous prenons naissance, nous, dans les entrailles de miséricorde de notre Dieu.

            Voilà encore un petit trait symbolique de ce labyrinthe !

 

Chapitre : Symbolisme de l’église.               20.06.93.

      3. Les colonnes, les cintres et le labyrinthe.

 

Ma sœur, mes frères,

 

            Nous allons, si vous le voulez bien, poursuivre la visite de notre église, essayer d'en décrypter les symboles et de nous laisser imbiber de son mystère.

 

            Après avoir franchi la pierre de seuil et nous être ainsi engagés sur la route de la conversion, nous nous trouvons en présence d'une procession de colonnes. Ces colonnes nous invitent à une marche en avant, une marche progressive jusqu'à l'accomplissement parfait de notre conversion.

            Au départ, nous étions des êtres de chair ; à l'arrivée, nous serons des êtres spirituels. Au départ, nous nous laissons guider par nos instincts et nos passions ; à l'arrivée, nous sommes dans la mouvance de 1'Esprit Saint.

 

            Vous remarquerez que sur le tympan vierge du sanctuaire se trouve gravé la lettre alpha, tandis que sur le dossier de la cathèdre est gravé la lettre omega.

            Cela nous dit que nous ne sommes pas chez nous à l'intérieur de ce sanctuaire. Nous sommes dans la demeure de Celui qui est 1'alpha et 1'omega, de celui qui est le commencement et la fin, de celui qui est le créateur, et qui est le divinisateur, à savoir le Seigneur Jésus ressuscité d'entre les morts.

            C'est Lui le Verbe de Dieu qui a tout créé, c'est Lui l'Homme-Dieu qui va tout juger. Car la cathèdre que nous apercevons au premier regard en entrant, c'est le siège du jugement. Mais devant lui se trouve l'autel. Celui qui va nous juger, c'est celui qui a donné sa vie pour nous, c'est celui qui est l'amour.

 

            Nous devons donc sans crainte nous avancer vers le trône de la grâce, nous avancer et nous présenter devant lui tels que nous sommes. C'est lui qui va parfaire en nous l’œuvre de conversion et qui va faire de nous des dieux.

            Nous ne devons pas avoir peur d'utiliser ce mot car au terme nous serons totalement divinisés, nous partagerons en plénitude la vie divine. Et les énergies divines seront le moteur de tout notre être, de nos pensées, de nos désirs et même de nos instincts.

            Car notre corps ressuscité, notre corps spirituel sera aussi habité par des instincts, mais des instincts divins qui nous porterons toujours plus loin à l'intérieur de l'amour et qui feront que tous ensemble nous serons parfaitement accordés à une même et unique louange.

 

            Les colonnes sont reliées entre elles par des cintres. Cela signifie que nous n'avançons pas seul vers la plénitude de notre vocation humaine et divine. Nous y allons en cortège. Nous sommes tous reliés les uns aux autres, nous nous soutenons tous les uns les autres, nous nous portons tous les uns les autres.

            Portez les fardeaux les uns des autres, dit 1'Apôtre, et ainsi vous accomplirez la Loi du Christ. Vous serez vraiment des êtres habités par l'amour. Nous sommes donc tous reliés et nous formons un tout. Nous formons un bâtiment, nous formons un Corps. Voilà tout ce qui est évoqué par cet ensemble harmonieux de colonnes et de cintres.

            Et chaque colonne a sa dimension, chaque cintre a sa dimension. Ils ne sont pas tous les mêmes, ils sont tous différents comme nous autres nous sommes tous différents. Nous ne devons pas craindre nos différences, nous devons les aimer. Car, ce qui m'est personnel est votre richesse à chacun et ce qui vous est personnel est ma richesse à moi. Nous formons un seul corps et nous sommes les membres les uns des autres.

 

            Encore un petit mot au sujet du labyrinthe. Nous allons le voir de suite en entrant. Et ce labyrinthe, lorsque nous en voyons les circonvolutions, présente l'image d'un intestin. C'est le symbole des entrailles de notre Dieu, Dieu qui est miséricorde.

            Or en hébreux, miséricorde signifie bien concrètement une personne qui a des entrailles, une personne qui frémit dans ses entrailles devant la misère de l'autre, qui frémit aussi dans ses entrailles de joie devant le bonheur de l'autre. C'est donc le lieu par excellence de la tendresse, de la douce affection, du don de soi et de l'accueil de l'autre. Et ici, nous avons donc l'image des entrailles de Dieu.

 

            Et tout au centre, il y a notre maison, c'est à dire notre patrie véritable, la Jérusalem nouvelle, qui prend naissance dans les entrailles de Dieu. Le voyant de l'Apocalypse voit la Jérusalem descendre de chez Dieu comme une mariée parée pour ses noces. Et de chez Dieu, c'est en réalité des entrailles de Dieu. Il y a donc là une naissance. Nous prenons corps dans les entrailles amoureuses de notre Dieu. Voilà ce que nous dit encore le labyrinthe !

 

            Je m'excuse de balbutier si faiblement, si maladroitement peut-être les beautés que nous offrent les symboles rassemblés dans notre temple. Mais voilà, vous aurez l'occasion de les découvrir vous-mêmes au cours des jours, des mois et des années à venir.

            Mais l'essentiel est de nous laisser imprégner par eux, de nous laisser travailler par eux même à notre insu. Il n'est pas nécessaire d'en avoir conscience étant nous mêmes chacun des êtres construits sur le symbole. N'oublions pas que nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu. Chacun d'entre nous est le symbole de ce qu'est Dieu. Nous allons être accordés à cette maison que nous avons édifiée pour notre Christ, pour notre Dieu, pour la Sainte Trinité.

 

Chapitre : Symbolisme de l’église.               27.06.93.

      4. Les chapiteaux, la rosace du labyrinthe.

 

Mes frères,

 

            Saint Benoît parle de 1'oratio pura, 20,9, de l'oraison, de la prière pure qui ne peut jaillir que de la puritas cordis, que de la pureté du coeur. Eh bien, pour contempler notre église et en pénétrer les secrets, nous devons nous aussi avoir un coeur pur. Tout ce que nous y découvrons peut être et doit être un support pour notre prière.

 

            Nous avons reçu la visite d'Abbés et d'Abbesses, de moines et de moniales qui ont visité cette église. Et ceux qui ont eu la simplicité de parler et de livrer leurs impressions ont dit que vraiment on se sentait pénétré d'une sorte d'influx qui est indéfinissable mais qui se saisit de la personne et qui la place dans des dispositions d'ouverture, d'accueil d'un mystère qui ne peut être que celui de Dieu. Et cela tient en grande partie au symbolisme des différents éléments qui composent notre église.

            Je lisais dernièrement, pas plus tard qu'hier, une question au sujet du chant liturgique. Quelqu'un regrettait les chansonnettes romantico-sentimentales qu'on entend un peu partout aujourd'hui au cours des célébrations liturgiques, même dans les monastères. Et la réponse était que le chant liturgique doit construire et structurer la personne. Et on disait qu'il y en avait surtout trois : le chant grégorien, certaines mélodies anciennes slaves et byzantines et des mélodies celtes. Et je pense que c'est vrai.

 

            Et en entendant cela, je me disais par après encore que notre église est construite sur des principes d'asymétrie, de dissymétrie comme nous sommes nous mêmes dissymétriques dans tout notre être. Nous sommes toujours en recherche d'équilibre et d'harmonie. Nous sommes toujours en état de croissance et c'est cela qui est le ressort de le vie.

            Eh bien, le chant grégorien est lui aussi dissymétrique même s'il est puissamment rythmé, mais c'est un rythme à lui qui épouse parfaitement notre structure d'homme et aussi l'architecture d'une église telle que la nôtre. Il y a là, vous voyez, toute une unité que nous devons essayer de nourrir et dont nous devons nous pénétrer.

 

            Prenons par exemple le cas des chapiteaux. Ils sont tout un poème. On devrait pouvoir s'arrêter à chacun pour en détailler le secret. Ce sont des chapiteaux dont les motifs datent du tout premier temps de 1'éclosion de l'art roman, donc du X°, XI° siècle. Plus tard, un peu plus tard, un siècle, deux siècles plus tard, on a commencé à y figurer des animaux ou des hommes. C'était très bien, c'est aussi une puissance symbolique extrêmement puissante, mais c'est déjà une évolution.

            Ici, c'est quelque chose d'extrêmement simple. Les chapiteaux représentent de façon stylisée des fleurs, des feuilles, des plantes qui ont, je dirais, des vertus purgatives, des vertus de la purification de la personne, non seulement du coeur mai~ aussi de la chair.

            Et c'est cela que nous ne devons jamais oublier. Nous devons être purifiés jusque dans notre chair. Cette chair, notre chair charnelle doit devenir un peu comme le miroir de notre chair spirituelle.

            Cela ne veut pas dire que nous ne commettrons plus de péchés. Ce n'est pas possible, le péché fait partie de notre état actuel, aussi de notre structure humaine puisque nous sommes des êtres blessés. Mais il y a toujours une possibilité de guérison et cela nous est figuré dans ces chapiteaux.

            Toutes ces fleurs et ces plantes ont une signification bien précise et, encore une fois, il faudrait avoir beaucoup de temps devant soi. Il existe des ouvrages spécialisés qui nous en détaillent les vertus.

 

            Il y a aussi d'autres chapiteaux qui figurent 1'enchevêtrement du bien et du mal. C'est lorsque vous voyez ces spirales. Et ça nous montre que dans le concret de notre vie, ce n'est jamais parfaitement bien, ce n'est jamais tout à fait mal. Nous sommes dans un monde extérieur et intérieur qui est un mélange de lumière et de ténèbres.

 

            C'est donc cette lutte apocalyptique - appelons-la ainsi - dont nous sommes les témoins, et les supports, et les acteurs entre la lumière et les ténèbres, entre le bien et le mal. Mais nous savons que la victoire est déjà acquise dans la résurrection du Seigneur Jésus qui a été écrasé par la malice, par le mal, mais qui n'a pas pu être vaincu et qui resurgit vivant alors qu'il avait déjà goûté la mort.

 

            Il y a aussi, vous pouvez le voir, ce qu'on appelle des quartiers de noblesse. Eh bien, cela signifie que servir le Seigneur Jésus, c'est être roi. La vie chrétienne, la vie monastique sont des états de haute noblesse. Pourquoi ? Parce qu'elles sont de nature divine même si elles sont pleinement incarnées.

            Les rois de la terre sont néant. Mais celui en qui le Seigneur Jésus, le Roi du cosmos triomphe, celui-là, il est assuré d'exercer une royauté éternelle. Les moines et les moniales sont des princes et des princesses du Royaume de Dieu, les chrétiens et les chrétiennes aussi. C'est cela qui nous est signifié.

            Enfin, je dis ça, mais on pourrais les passer chacun en revue et on trouverait ainsi un enseignement, une catéchèse, des homélies muettes mais vraiment expressives.

 

            Maintenant il y a une fleur qui est très belle et qui ne peut pas échapper à notre regard. C'est la rosace du labyrinthe. Voyez-vous çà ! Il y a une rosace, une rosace qui compte six lobes, pas sept mais six parce que à l'endroit du septième, c'est l'entrée dans le coeur du labyrinthe.

            Il s'agit là d'une stylisation de la rose mystique, la rosa mystica des litanies, la rose mystique qui est la Vierge Marie. Donc, tout au coeur de la Trinité, de cet abîme de miséricorde qu'est Dieu, il y a la Vierge Marie. Et au coeur de la Vierge Marie qui est Mère de l'église, il y a la Jérusalem nouvelle, il y a le Royaume de Dieu.

            C'est donc en traversant tous les mystères de la Trinité qui est amour miséricordieux qu'on arrive, disons, à la perle de ce mystère qu'est la Vierge Mère, la Vierge Marie. Et en elle alors, dans son sein, on découvre la Jérusalem nouvelle, le Corps du Christ ressuscité, le grand Corps mystique dont nous sommes les cellules.

 

            Donc voyez un peu tout ce qu'on peut et qu'on doit découvrir si, comme le dit Saint Benoît à ses disciples, si on a le coeur pur, si on a un regard de lumière qui peut voir ces mystères.

            Sinon, ce n'est rien du tout, ce ne sont que des cailloux. Voyez , Donc, prenons bien garde !

 

            Maintenant, si nous voyons l'ensemble de l'église, nous pouvons remarquer qu'il est ainsi un temple adapté à ce que nous sommes à la fois pécheurs et à la fois saints. C'est un vêtement à la mesure de notre corps. Il n'y a pas d'éléments étrangers. C'est quelque chose, je dirais, qui sonne vrai.

            Si bien que ce temple et nous, nous sommes un grâce aux symboles qui sont partout présents et au nombre d'or. Nous sommes, nous, je l'ai expliqué autrefois, construits sur le nombre d'or et ce bâtiment est construit sur le nombre d'or. Il y a donc vraiment une synthèse entre lui et nous de manière à constituer une unité. C'est pour ça que, plusieurs me l'ont dit, quand on est là on se sent bien, même comme ça parce que il y a une unité entre 1'édifice et l'édifice que nous mêmes sommes.

 

            Il exprime aussi que nous devons devenir un Corps spirituel que nous pouvons voir là symboliquement exprimé dans la pierre et le bois. Pas dans du platique parce que le plastique est quelque chose qui a été combiné par l'homme ; tandis que la pierre et le bois sont des éléments naturels qui ont été combinés par Dieu. Il y a, voyez, des exigences de vérité qui sont poussées très loin.

           

            Si bien que nous sommes, nous, chacun d'entre nous et nous ensemble, nous sommes le véritable temple de Dieu, le véritable temple de l'Esprit, le véritable Corps du Christ. Et cela nous sera sans cesse rappelé au cours de la dédicace.

 

Chapitre : Symbolisme de l’église.               12.07.93.

      5. La cathèdre.

 

Mes frères, ma sœur,

 

            Je vais ce matin débattre devant vous d'une question qui flotte dans mon esprit depuis avant la consécration de notre église et dont quelques-uns d'entre vous m'avaient déjà entretenu.

            Et cette question, la voici : la cathèdre qui se trouve derrière l'autel doit-elle être occupée par le Président de l'assemblée ou doit-elle rester vide ?

            Il y a deux façons d'envisager ce problème. Je m'en vais vous les présenter l'une après l'autre.

 

            En principe, elle doit rester vide. Pourquoi ? Mais parce que elle est déjà occupée. Elle est occupée par le Christ vainqueur du mal et de la mort, par le Christ qui est le juge de l'univers. Elle est le signe visible d'une présence invisible.

            Si elle est occupée par le Christ, même en dehors de la célébration. Personne ne peut y prendre place. Les yeux de la foi y contemplent le Christ dans sa beauté de ressuscité et dans la gloire de sa miséricorde.

            Car s'il est un juge, il est un juge compatissant. Il siège devant l'autel de son sacrifice, lui qui a aimé les hommes jusque là, jusqu'au bout.

 

            Seul peut prendre place dans ce siège celui qui est l'icône du Christ, de notre Père, c'est à dire l'évêque dont la mission est d'ordre sacramentel. Il est le successeur des apôtres, il est vraiment parmi nous le Christ en personne, toujours naturellement au regard de la foi.

            En dehors de la foi, rien n'existe naturellement ; en dehors de la foi nous sommes plongés dans la chair, dans des raisonnements d'ordre charnel. Et alors, nous sommes perdus.

 

            Donc, le siège ne reste pas vide dans l'attente du Messie comme c'est le cas pour le judaïsme, le Christ y est présent dans l'éclat de sa royauté. Sur le dos du siège est imprimé la lettre omega qui signifie que tout est accompli. Et chaque Eucharistie n'est pas une nouvelle étape sur la route du royaume.

            Non, 1'Eucharistie est la parousie de 1'eschaton, elle est la parousie du dernier jour : tout est accompli. Mais ici au plan de notre durée à nous, il y a encore un cheminement à accomplir. Dans la réalité de la foi - encore une fois - tout est accompli, tout est achevé.

            Alors, laisser le siège vide de toute présence humaine, c'est proclamer le mystère du salut et de son accomplissement, c'est faire œuvre de vérité et de beauté. Voilà donc une première approche, mais il y en a une autre.

 

            La véritable présence du Christ dans l'église, c'est l'autel consacré et, comme le frère Gilbert nous l'a bien expliqué, l'autel qui est le trône du Christ, l'autel qui est son tombeau, l'autel qui est la table où il se donne en nourriture, l'autel qui est la croix de son sacrifice, l'autel qui est le Christ lui-même.

 

            Il est certain - et nous ne devons pas y revenir - que le Christ occupe aussi symboliquement, mystiquement le siège et que il est rendu visible par l'évêque quand celui-ci est présent. Mais le prêtre, lui, qui préside l'assemblée agit in persona Christi, il agit en lieu et place du Christ.

            C'est la personne du Christ qui agit en lui. Il agit in persona Christi à un rang subalterne certes, mais bien réellement en vertu de l'ordination qu'il a reçue, en vertu du sacrement qu'il a reçu lui-même des mains de l'évêque.

            Le prêtre a donc le droit d'occuper ce siège qui lui revient en vertu de la mission dont il est investi. Il a le droit de l'occuper de manière à s'acquitter correctement de sa mission de représentant du Christ.

 

            Voilà donc deux visions, deux réalités qui comme vous le voyez ont plusieurs facettes. Les deux optiques se valent. Elles sont en balance. On peut sentimentalement, spirituellement être porté vers une plutôt que vers l'autre. Mais attention ! Si nous célébrons, nous présidons l'assemblée assis sur ce siège, nous ne devons pas en faire du triomphalisme....

 

Les symboles de notre église.                     10.09.95

6. La croix de l'ambon. [2]

 

Mes frères,

 

Sur les feuillets mis à votre disposition pour mieux suivre les lectures de ce dimanche, vous avez constaté qu'on a reproduit l'ambon de cette église, ce lieu d'où l'évangile est proclamé à chaque célébration liturgique. Une grande croix latine est le motif central de cet ambon. Ceci est bien normal puisqu'il doit y avoir un lien étroit entre le mobilier d'une église et sa fonction liturgique, en l'occurrence ici, l'annonce de L'Evangile dont la croix est le symbole. Cet ambon est l'exacte reproduction de l'ambon d'un monastère du VII ème siècle, retrouvé au début de ce siècle et restauré en 1963.

 

Pour bien comprendre la sculpture de la plaque de cet ambon, il faut l'analyser à partir d'un détail : il faut regarder en dessous de la croix et remarquer les trois traits verticaux qui se dégagent de celle-ci. Ces traits sont l'esquisse d'une hampe, c'est-à-dire d'un manche qui sert à élever et à porter la croix. (La croix de l'autel qui est devant vous est, elle aussi, élevée et portée sur une hampe). Sur la plaque de cet ambon, les artistes ont donc voulu résumer tous les évangiles en représentant l'exaltation, l'élévation de la sainte croix. La hampe de cette croix, dont on ne voit que la partie supérieure, est tellement grande qu'elle élève la croix au-dessus de tous les arbres, figurés par deux palmiers, dont les sommets arrivent à peine à frôler les bases de la croix.

 

La croix exaltée et élevée est toujours la croix glorieuse. Elle n'est plus un arbre qui donne la mort, mais elle est un arbre de vie et c'est pour cette raison qu'un arbre est sculpté dans la branche verticale de la croix. La croix est tellement glorieuse, qu'en son centre, on ne voit plus la couronne d'épines, mais une rosace symbolisant le visage glorieux de Jésus. Les épines disparaissent pour laisser place à la rose. La rose éclôt sur la croix. Le visage de Jésus est "la Rose resplendissante" dit la liturgie arménienne.

 

Frères et sœurs, l'évangile de ce dimanche vient de nous parler de la croix qu'il faut porter. L'Eglise est un peuple en marche vers le Royaume, l'Eglise est une immense procession qui s'avance dans le monde. Chacun de nous est appelé à être le porte-croix à la tête de cette procession. C'est la croix glorieuse que nous devons porter et élever. Cette croix est chargée d'un poids énorme de gloire et il peut arriver que nos mains défaillent et que nos genoux chancellent lorsqu'il s'agit d'élever et de porter la croix. Nous ne pouvons cependant jamais renoncer à notre mission de porte­-croix : ce serait nier notre identité de chrétiens. Nous ne pouvons jamais nous estimer trop faibles pour porter la croix du Sauveur. En effet, dans l'Église en pèlerinage, Dieu a prévu ces haltes bienfaisantes que sont les Eucharisties dominicales. Là, nos forces se refont et notre courage reprend vigueur. Amen.

 

Les symboles de notre église.                    17.09.95.

      7. La croix du tympan.

 

Mes frères, [3]

 

            Dimanche dernier, au cours de l’homélie, Père Gilbert nous a dévoilé le symbolisme de la croix qui orne l’ambon à partir duquel est proclamée chaque jour la Parole du Christ.

            Mais il y a encore une autre croix qui mérite d’être contemplée, une croix dont le symbole est parfaitement en consonance avec la solennité d’aujourd’hui. C’est la croix qui est scellée dans le tympan de notre église. C’est une croix très ancienne, une croix celtique que nous avons découverte.

 

            Si vous observez cette croix, vous remarquerez qu’elle est formée de douze petits cercles. Douze, d’abord, qui est le chiffre de la perfection absolue ; douze, trois multiplié par quatre, qui signifie l’union la plus intime qui soit entre la terre et le ciel, entre Dieu et l’homme, cette perfection qui a été réalisée en la personne du Christ Jésus, le Verbe incarné.

            Ces douze petits cercles sculptés sont comme douze joyaux ou comme douze points lumineux qui rayonnent sur les quatre coins de la terre le mystère du Verbe incarné, le mystère du Christ qui a voulu partager notre condition, qui a permis aux hommes de se saisir de lui pour le rejeter au loin, pour le crucifier et le mettre à mort. Mais ce Jésus qui est ressuscité, en ressuscitant élève la chair humaine et le cosmos entier jusqu’à l’intérieur de la Sainte Trinité. Et ce mystère de salut et de gloire est proclamé dans le monde entier par les douze apôtres qui sont les douze lumières. Et c’est sur ces douze apôtres, sur le fondement de ces douze qu’est construite l’Eglise de Dieu, qu’est construite notre Eglise.

           

            Lorsque donc nous voyons cette croix, nous savons que nous pénétrons à l’intérieur d’un sanctuaire qui figure la grande Eglise du Christ construite sur le fondement inébranlable de douze apôtres, sur la foi de douze hommes.

            Et de plus, ce chiffre douze signifie également la totalité des hommes qui sont assumés dans le Christ et conduits en Dieu, totalité des hommes qui est figurée par les douze tribus d’Israël dont la plénitude est l’Eglise et est l’humanité entière. Voilà donc pour cette croix.

 

            Au dessus de la porte, vous remarquerez deux astres, car ce sont des astres, deux soleils ; et en dessous des bras de la croix, vous remarquerez deux spirales.

            Ces deux astres, ces deux soleils, ces deux lumières représentent la divinité et l’humanité du Christ, sa nature divine et sa nature humaine indissolublement liées sans confusion ni fusion. Dieu est homme dans l’unique personne du Verbe incarné.

            Et c’est ce Dieu homme qui est crucifié, qui est présent sur cette croix même si le corps ne s’y trouve pas. Ce qui est mis en relief ici, c’est la croix, la croix glorieuse qui est le trône du verbe incarné, un trône que nous ne devons pas fuir.

            Et si nous recevons la grâce d’être élevés à notre tour sur ce trône par toutes sortes d’épreuves, nous devons en être fiers. C’est un cadeau extraordinaire que nous recevons.

 

            En dessous des bras de la croix, il y a deux spirales. Ces spirales figurent deux serpents. L’un, le plus grand des serpents, est le monstre qui figure le mal, le mal absolu, le mal qui dès l’origine a corrompu la nature de l’homme et l’a précipité dans la désobéissance et le péché.

            L’autre spirale, un peu plus petite, figure aussi un serpent, mais l’autre serpent. C’est le serpent qui donne vie. C’est le serpent qui a été, sur l’ordre de Dieu, façonné par Moïse et dressé au sommet d’un poteau.

            Nous avons donc là le rappel de l’ambivalence que le Christ lui-même va nous rappeler aujourd’hui : Comme le serpent a été élevé par Moïse dans le désert, ainsi le fils de l’homme va être élevé sur la croix. Donc, ce qui a l’origine donne la mort, le serpent, par un renversement total, devient la source de la vie. Mais le serpent nouveau tordu sur la croix, c’est le Christ.

 

            Le mystère qui est donc figuré au tympan de notre église est donc le mystère célébré à l’intérieur du sanctuaire. Lorsque nous entrons, que nous franchissons la pierre de seuil, que nous nous découvrons dans l’église, nous savons que nous ne sommes plus dans le domaine profane. Nous sommes entrés à l’intérieur du sacré et d’un sacré qui se saisit de nous et qui va nous transfigurer.

            Car nous qui sommes vendus au péché, nous qui sommes blessés par le péché, nous allons découvrir à l’intérieur du sanctuaire, grâce au sacrifice qui y est célébré, nous allons y retrouver la vie. Mais non pas une vie condamnée à s’étioler et à disparaître, non, mais une vie qui est impérissable, une vie qui est éternelle, une vie qui est jaillissement perpétuel de nouveauté.

 

            Voilà, mes frères, le symbole de cette croix. Vous voyez que c’est extrêmement riche. Rappelons-nous ce que nous entendons lire au réfectoire, où l’église romane, est-il dit, est le lieu d’une rencontre entre l’homme et Dieu. Et c’est bien vrai ! A l’intérieur de l’église, il y a encore une quantité d’autres symboles. Mais voilà, ce sera peut-être un jour l’occasion aussi de les élucider.

            Mais même si nous n’en avons pas parfaitement conscience comme je viens de l’analyser maintenant, à notre insu ils agissent sur nous parce que ils sont comme un vêtement qui s’adapte à notre personne et qui, au lieu de la brûler comme la tunique de Neptus, transforment notre chair, la purifie et devient pour elle promesse d’éternité.

            Eh bien voilà, mes frères, pensons à tout cela aujourd’hui, si vous le voulez bien, à l’occasion de la solennité si belle de la Sainte Croix. Et, comme je le disais il y a un instant, si cette croix se présente à nous, ne prenons pas la fuite. Restons ferme dans notre foi et sachons que par elle, et au-delà d’elle, il y a la résurrection et la vie éternelle.

 

 

Table des matières des symboles de notre église :

 

Chapitre : Symbolisme de l’église.         23.05.93. 1

1. Le labyrinthe. 1

Chapitre : Symbolisme de l’église.         13.06.93. 3

2. Le narthex. 3

Mes frères, 3

Chapitre : Symbolisme de l’église.               20.06.93. 5

3. Les colonnes, les cintres et le labyrinthe. 5

Ma sœur, mes frères, 5

Chapitre : Symbolisme de l’église.               27.06.93. 7

4. Les chapiteaux, la rosace du labyrinthe. 7

Chapitre : Symbolisme de l’église.               12.07.93. 9

5. La cathèdre. 9

Mes frères, ma sœur, 9

Les symboles de notre église.                     10.09.95. 11

6. La croix de l'ambon. 11

Les symboles de notre église.                    17.09.95. 12

7. La croix du tympan. 12

Table des matières des symboles de notre église :. 14

 



[1] Voir 23.05.93 page 112

[2] Extraits de l’homélie du Père Gilbert le dimanche 10 septembre 1995

[3] Voir aussi le 23.05.93 * 13.06.93 * 20.06.93 * 27.06.93 * 12.07.93.