Souvent il est dit que c'est l'Evangile de Marc qui nous offre la spontanéité d'une simple chronique. Marc a effectivement une approche très "journalistique" des évènements, dans le sens le plus moderne du mot. Mais je profite de l'occasion offerte pour ajouter à cette très juste approche de Marc, qu'il y a en Jean aussi quelques passages «journalistiques». Le problème avec Jean, c'est que ses textes plus spontanés (arrestation au Mont des Oliviers, épisode de l'instruction chez Ann avec l'introduction et puis la trahison de Pierre, épisode de l'aveugle né Jn9...) sont sinon contaminés par quelques corrections manifestement postérieures au premier récit en tout cas noyés dans une série d'autres récits plus tardifs qui sont eux très stigmatisés par des soucis d'édification ou de théologie destinés à nourrir un auditoire déjà croyant... On imagine sans difficulté, comme Boismard et quelques autres spécialistes l'ont bien développé, que ce fut le même Jean mais avec trente ans et puis soixante ans de plus qui a repris des esquisses de récits qui, à mon humble avis, étaient surtout ses souvenirs d'enfance.

A propos du caractère infantile de quelques passages du quatrième Evangile, (traitement de l'onction de Béthanie et de la colère consécutive de Judas, étrange sélection des minutes de l'interrogatoire chez Ann...), voir l'étude dédiée publiée sur ce site.

 

paul yves wery - Chiangmai, juillet 2012