Le temps a presque tout brûlé. Ce qu'il me reste de peines ne grandit plus. J'ai peut-être déjà atteint ce seuil à partir duquel la douleur commence à perdre du terrain.

Le grand âge refroidit tout. Après mes désirs, même mes sens me quittent.

Mais plus aucun vide ne s'ajoute au vide. Une sagesse qui a la douceur d'une intuition me glisse entre les neurones de plus en plus raides que je dois laisser faire...

"- Marche vers la paix du vieil arbre! Jette tes branches sèches! Je ne veux que ton essence! De tes gestes, je n'ai que faire!"

J'entendais aux musiques de la vie des harmoniques qui échappent aujourd'hui à mes vieilles oreilles. Mais de cette musique, les contrepoints et les digues de silence enfin me disent, me chantent, de sublimes poèmes qu'aucun enfant ne pouvait entendre.

Il peut aussi être bon de vieillir. Pardonne-moi, Dieu d'Amour, de ne pas l'avoir toujours accepté.

Je perçois moins mais je sais mieux ce que je perçois encore. Quelque chose grandit encore. L'apparence est en déroute.

Merci Dieu d'Amour.

Ne tarde plus à venir me prendre contre Toi.

J'ai de plus en plus soif de la paix des vieux arbres.