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<table id="tabletxt" > <tr> <td > <p ><a name="0" id="0"></a></p> <p class="rougemaigre">Tendance &quot;New Age&quot;?</p> <p class="petitpetit">Version 1.02 - Chiangmai, mars 2011 </p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p class="rougemaigre centre">-2- L'&acirc;me des plantes</p> <blockquote> <p class="petit">Abstract: Couper une branche peut &ecirc;tre un viol ou un acte d'amour. On ne peut pas couper n'importe quelle branche ni la couper n'importe comment. Il y a dans le rapport &agrave; toute plante le germe d'un savoir neuf sur la gentillesse; la spiritualit&eacute; ne peut pas en faire l'&eacute;conomie... </p> </blockquote> <div class="just"> <p class="noirgras">Complicit&eacute;</p> <p>J'avais quinze-seize ans lorsqu'un ancien ermite, le p&egrave;re Hubert, m'enseignait un certain art de vivre qui &eacute;tait aussi un art de percevoir l'alt&eacute;rit&eacute; et la solidarit&eacute; des vivants:</p> <blockquote> <p class="ital">&quot;Un homme r&eacute;alis&eacute;, m'expliquait-il, ne souffre jamais de la solitude. Un seul brin d'herbe coinc&eacute;e entre deux briques &agrave; la fen&ecirc;tre grillag&eacute;e d'une cellule et un prisonnier attentif qui se passionnerait pour lui, feraient &agrave; la fois l'herbe et le prisonnier plus vigoureux, plus heureux...&quot; </p> </blockquote> <p>Ce que le p&egrave;re Hubert me disait par la force de son intuition et de son exp&eacute;rience, c'est que cette relation entre un &ecirc;tre v&eacute;g&eacute;tal et un &ecirc;tre humain est bien plus interactive que ce que la science d'aujourd'hui nous laisse entendre. Le p&egrave;re Hubert m'affirmait que la plante aim&eacute;e grandit mieux. En retour de l'affection qu'on lui porte elle nous rend une forme de paix. Elle r&eacute;&eacute;quilibre les rapports de douleurs et de joies. </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">Ce que le p&egrave;re Hubert me disait &agrave; propos des plantes serait donc, toutes proportions gard&eacute;es, l'&eacute;quivalent de ce que les p&eacute;diatres observent chez les enfants. Un b&eacute;b&eacute; qui n'est pas aim&eacute; va souffrir de ce qu'on appelle &quot;l'hospitalisme&quot; dont les sympt&ocirc;mes sont tr&egrave;s pr&eacute;cis&eacute;ment d&eacute;finis (les fameux balancements aux barreaux des lits, les retards staturo-pond&eacute;raux, etc.) &Agrave; l'inverse, l'enfant baign&eacute; d'amour va acqu&eacute;rir des avantages mentaux et physiques nets. </p> </blockquote> <p>J'ai pris cette croyance du p&egrave;re Hubert &agrave; mon compte et je suis devenu moi-m&ecirc;me un de ceux qui professent que nous sous-estimons la richesse des &eacute;changes entre les hommes et le monde v&eacute;g&eacute;tal. Mais je tiens &agrave; dire aussi que je n'ai pas attendu les le&ccedil;ons de l'ermite pour aimer les plantes. Avant de laisser la raison r&eacute;gulariser ma pens&eacute;e, l'enfant que j'&eacute;tais a toujours eu quelques v&eacute;g&eacute;taux parmi ses amis. J'ai ainsi quelques souvenirs pr&eacute;cis de rencontres programm&eacute;es dans mes loisirs d'enfants avec l'une ou l'autre plante. Il y avait des arbres bien s&ucirc;r, mais aussi de simples plantes rampantes, des herbes! </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">Ces rencontres &eacute;taient extr&ecirc;mement solennelles. &Eacute;trange d'ailleurs de devoir constater a posteriori que toutes ces rencontres devaient toujours avoir lieu en secret. Ces rencontres intimes avec mes amis du genre v&eacute;g&eacute;tal devaient toujours se vivre dans la solitude et &agrave; l'insu de tous. En fait, ce sens du secret, qui &eacute;tait bien plus qu'une peur de para&icirc;tre ridicule, ne m'a jamais quitt&eacute;. Il est toujours requis dans mes relations sensuelles importantes... </p> </blockquote> <p>Lorsque, plus vieux, je travaillais dans un mouroir de Tha&iuml;lande, j'avais encore quelques arbres parmi mes amis. L'un d'eux, un manguier avait une grande place dans mon coeur. Il aimait me consoler et me renforcir lorsque tout allait mal ou que je broyais du noir. J'allais donc r&eacute;guli&egrave;rement le voir l&agrave; o&ugrave; il &eacute;tait, c'est-&agrave;-dire dans un endroit d&eacute;sert. J'arr&ecirc;tais ma moto sur le bord du chemin et marchais lentement vers lui. Chaque pas me calmait un peu plus. Je me sentais toujours tr&egrave;s bien dans sa sph&egrave;re. Si j'entendais soudain qu'un v&eacute;hicule s'&eacute;tait engag&eacute; sur le sentier et d&eacute;boucherait bient&ocirc;t de derri&egrave;re un monticule en me livrant au regard d'un autre, je feignais devoir pisser ou revenir d'une plus longue ballade pour ne pas para&icirc;tre jouir d'une relation indue ou folle aux yeux des gens normaux. </p> <p>Plus r&eacute;cemment, &agrave; Chiangmai, j'eus une relation int&eacute;ressante avec un arbre &agrave; pain. Cette relation avait ceci de singulier que j'avais l'impression que c'est l'arbre surtout qui m'appelait avec force. Il me demandait d'ailleurs bien plus que ce que j'&eacute;tais en mesure de lui donner... Il &eacute;tait grand et beau. Il &eacute;tait d'un &acirc;ge m&ucirc;r, tr&egrave;s bien feuill&eacute;. Sa stature for&ccedil;ait l'admiration. Il produisait de nombreux gros fruits comestibles qui n'int&eacute;ressaient personne. </p> <p>Cet arbre &agrave; pains &eacute;tait surtout extr&ecirc;mement malmen&eacute; par une femme que je d&eacute;testais pour cette raison. Paresseuse entre toutes, elle br&ucirc;lait des feuilles mortes &agrave; son pied deux fois par semaine, esp&eacute;rant ainsi le tuer &agrave; la longue. Cette femme &eacute;tait responsable de l'entretien d'un petit parc et l'arbre lui donnait effectivement beaucoup &agrave; faire. Il laissait tomber &eacute;norm&eacute;ment de feuilles ainsi que ses grands fruits pourrissants puisque personne ne voulait les consommer (la consommation de ce fruit demande beaucoup de pr&eacute;parations). Le tronc l&eacute;ch&eacute; par le feu avait d&eacute;j&agrave; perdu le cinqui&egrave;me de sa chair lorsque j'ai rencontr&eacute; cet arbre pour la premi&egrave;re fois. J'avais beau demander &agrave; la dame d'en avoir piti&eacute;, j'avais beau la supplier de faire son feu bi-hebdomadaire ailleurs, elle continuait. J'enrageais et, surtout, je ressentais que cette plante souffrait. Des vers &eacute;normes attaquaient son bois affaibli. Je ne savais que faire. Je n'&eacute;tais apr&egrave;s tout qu'un &eacute;tranger louant une maison proche... </p> <p>Un jour, je me suis rendu compte qu'une plante forte germait dans le parterre de ma terrasse. Je la laissais vivre et grandir sans l'identifier jusqu'&agrave; ce qu'un Tha&iuml;landais qui s'en &eacute;tonnait me fasse remarquer l'improbable: c'&eacute;tait l'arbre bless&eacute; qui avait envoy&eacute; une racine jusqu'&agrave; ma terrasse pour y lancer un rejet puissant. Cet arbre qui certainement savait ma compassion, avait jug&eacute; bon de faire ce long d&eacute;placement sous la terre. Il pensait certainement qu'en envoyant son rejeton sous mon auspice, &agrave; cet endroit quelque peu insolite au regard des logiques botaniques, il aurait plus de chance d'&ecirc;tre correctement trait&eacute;. </p> <p>Quelques semaines plus tard, un faible vent a suffi pour briser le gros tronc &agrave; cinquante centim&egrave;tres du sol. Le g&eacute;ant s'est &eacute;croul&eacute; presque sans faire de bruit. C'est alors, en voyant les gros vers s'agiter dans sa chair d&eacute;chiquet&eacute;e, que j'ai pu mesurer toute l'ampleur de ce qu'avait &eacute;t&eacute; sa souffrance. Il ne restait en vie que quelques-uns de ces rejetons dont l'un avait &eacute;t&eacute; confi&eacute; &agrave; mes soins. </p> <p>La puissance des arbres semble li&eacute;e &agrave; leur &acirc;ge. Incontestablement les vieux arbres &laquo;donnent&raquo; beaucoup plus d'&eacute;nergie apaisante que les jeunes. Mais il n'y a pas que l'&acirc;ge qui importe. Les arbres sont eux-m&ecirc;mes des 'collecteurs', des 'concentrateurs' de forces telluriques pr&eacute;existantes l&agrave; o&ugrave; ils ont accept&eacute; de grandir... Toutes les esp&egrave;ces ne se valent pas et tous les lieux ne se valent pas pour la m&ecirc;me esp&egrave;ce. </p> <p>Il faut revenir &agrave; mon ami manguier de tout &agrave; l'heure parce que cet arbre m'a d&eacute;voil&eacute; le caract&egrave;re quasi objectif de cette aura apaisante que cette esp&egrave;ce est capable de produire. </p> <p>Pour aller travailler au mouroir, je devais passer tous les jours par un grand champ de ma&iuml;s, une plaine d'environ un kilom&egrave;tre carr&eacute; entour&eacute;e de petites montagnes rocailleuses. Quelques manguiers magnifiques &eacute;taient diss&eacute;min&eacute;s &ccedil;&agrave; et l&agrave;... L'un d'eux d&eacute;gageait un magn&eacute;tisme particuli&egrave;rement puissant qui me le fit aussit&ocirc;t distinguer des autres. Comme je l'ai d&eacute;j&agrave; dit, j'allais r&eacute;guli&egrave;rement m'apaiser contre lui avant ou apr&egrave;s le travail. Bien entendu, je pensais &ecirc;tre le seul &agrave; pouvoir jouir d'une telle complicit&eacute; avec cet arbre. Quelle fut alors ma surprise de remarquer un matin qu'un Tha&iuml;landais avait entour&eacute; son tronc d'une bande de tissus! </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">C'est une coutume dans ce pays que d'honorer les arbres particuli&egrave;rement vieux ou particuli&egrave;rement apaisants par un tel ruban. Tous les monast&egrave;res ont dans leur enceinte l'un ou l'autre arbre ainsi ceintur&eacute; et je soup&ccedil;onne m&ecirc;me qu'on ne puisse construire un nouveau monast&egrave;re que s'il pousse d&eacute;j&agrave; un tel arbre dans la proximit&eacute; imm&eacute;diate car ces arbres semblent tous plus vieux que les monast&egrave;res qui les h&eacute;bergent. </p> </blockquote> <p>J'&eacute;tais presque choqu&eacute; de savoir qu'un autre humain ressentait la m&ecirc;me chose que moi aupr&egrave;s de ce manguier-l&agrave;. Il y avait quelque chose de l'ordre de l'adult&egrave;re. Mais qu'importe ma jalousie; j'aimais comprendre par ce bandeau que ce que je ressentais n'&eacute;tait pas purement subjectif. Si je me sentais bien aupr&egrave;s de cet arbre, ce n'&eacute;tait pas parce que dans mon cheminement, un jour de tristesse ou d'angoisse j'aurais par hasard trouv&eacute; du repos sous son ombrage. Ce n'&eacute;tait pas une co&iuml;ncidence de ma vie qui g&eacute;n&eacute;rait sa valeur &agrave; mes yeux. J'avais &eacute;t&eacute; touch&eacute; par une &eacute;manation l&eacute;nifiante qu'un autre homme avait lui aussi ressentie. </p> <p>L'affaire ne s'arr&ecirc;te pas l&agrave;. Apr&egrave;s quelques ann&eacute;es d'heureuse complicit&eacute;, il s'est fait que l'arbre fut abattu par des pauvres gueux pour en faire du charbon de bois. Pour le coup, lorsque je l'ai vu au sol, j'ai failli pleurer malgr&eacute; la pr&eacute;sence de ces pauvres en train de le d&eacute;membrer. Ma tristesse a &eacute;t&eacute; &eacute;norme. Je me d&eacute;solais de cette mort plus encore que de celle de mes patients qui eux au moins trouvaient dans le tr&eacute;pas un soulagement. Je me d&eacute;solais aussi de comprendre que certains hommes, dont ces mis&eacute;rables charbonniers, &eacute;taient incapables d'entendre la voix des arbres par laquelle ils se seraient interdits au moins de couper celui-ci. </p> <p>Mais ensuite, repassant par le m&ecirc;me endroit, je me suis rendu compte qu'il y avait encore quelque chose de lui qui subsistait l&agrave; o&ugrave; il avait v&eacute;cu. Finalement, j'ai bien d&ucirc; me rendre &agrave; une analyse plus logique: ce que cet arbre m'avait donn&eacute;, il l'avait probablement lui-m&ecirc;me puis&eacute; en partie dans la terre. Il concentrait par ses racines des fluides dont il n'&eacute;tait pas &agrave; lui seul la cause. Il y avait eut complicit&eacute; de deux forces: celle de l'arbre et celle de la terre. L'arbre partit, le monde tellurique &agrave; lui seul, canalis&eacute; par les racines d&eacute;soeuvr&eacute;es &eacute;tait encore capable de m'interpeller. </p> <p>J'en suis arriv&eacute; &agrave; une telle conclusion suite &agrave; une autre co&iuml;ncidence tout &agrave; fait extraordinaire: un Allemand qui travaillait lui aussi comme volontaire au mouroir, devait prendre le m&ecirc;me chemin que moi pour rentrer chez lui. C'&eacute;tait, il faut le dire, un volontaire particuli&egrave;rement sensible, presque maladivement sensible. Un jour que je quittais le mouroir, je le vis seul et dans un &eacute;tat vaguement stuporeux &agrave; l'endroit pr&eacute;cis o&ugrave; le manguier avait v&eacute;cu. </p> <blockquote> <p>-<em> Mais qu'est-ce que tu fais l&agrave;?</em></p> <p>- <span class="ital">Tu ne sens pas qu'on est bien ici, qu'on est terriblement bien ici?</span> me r&eacute;pondit-il. </p> </blockquote> <p>Je lui racontai alors l'histoire du manguier coup&eacute; et de ses racines sous nos pieds... Je lui expliquais que la terre les utilisait encore pour nous envoyer ces fluides bienfaisants qu'il n'&eacute;tait effectivement pas le seul &agrave; ressentir.</p> <p align="center">*</p> <p>Toutes les esp&egrave;ces v&eacute;g&eacute;tales n'ont pas la m&ecirc;me puissance. C'est manifeste et cela me conduit &agrave; la derni&egrave;re le&ccedil;on de mon manguier. La le&ccedil;on a &eacute;t&eacute; lue quelques ann&eacute;es plus tard par la bouche de mon fils adoptif. Bountavie est &agrave; l'origine un enfant des tribus. Il conna&icirc;t donc des r&eacute;alit&eacute;s naturelles que l'on a oubli&eacute;es dans les agitations de la modernit&eacute;. J'&eacute;tais avec lui &agrave; Chiangmai devant un vieil arbre que des Tha&iuml;landais avaient honor&eacute; par un ruban de tissus couleur safran. Je lui parlais donc de cette tradition et lui demandais si dans sa tribu on honorait aussi des arbres. Il m'a dit que oui. Je n'ai pas vraiment compris si le respect que sa tribu accordait &agrave; ce genre d'arbre &eacute;tait ou n'&eacute;tait pas d&ucirc; &agrave; une influence de la culture tha&iuml;s. Il est probable que Bountavie fut incapable de r&eacute;pondre &agrave; cette question d'ailleurs. Mais il m'expliqua que ces arbres puissants que l'on honore dans sa tribu ne sont jamais des arbres fruitiers. Il ajoutait alors qu'il y avait une exception notoire: les manguiers...</p> <p>Bountavie m'a aussi parl&eacute; d'un autre fruitier, mais ce fruitier-l&agrave; est tout &agrave; fait &agrave; part dans les respects qu'on lui accorde. Cet autre fruitier est honor&eacute; dans toute cette partie de l'Asie. M&ecirc;me les pauvres charbonniers ne le coupent jamais celui-l&agrave; puisque le couper ce serait compromettre son propre karma. Il s'agit du <em>'ficus religiosum' </em>, ce figuier sous lequel le Bouddha re&ccedil;ut son illumination. </p> <p>Ce figuier est trop puissant! Pour les simples mortels, il est consid&eacute;r&eacute; comme pr&eacute;f&eacute;rable de ne jamais en avoir dans leur jardin. Il est dit que seuls les moines peuvent vivre dans sa proximit&eacute;; l'arbre apporterait plut&ocirc;t du malheur aux la&iuml;cs. Une maison qui toucherait ses racines n'est plus vendable en Tha&iuml;lande, et ce n'est pas &agrave; cause du risque que peut repr&eacute;senter ces grandes racines pour les fondations. Autrefois il n'y avait d'ailleurs pas de fondations aux maisons puisqu'elles &eacute;taient toutes b&acirc;ties sur pilotis. Les fondations, c'est l'affaire des monast&egrave;res justement, qui eux cherchent et v&eacute;n&egrave;rent ces figuiers...</p> <p>Le respect des vieux arbres en Tha&iuml;lande tourne parfois &agrave; la peur. Il est commun&eacute;ment admis que les esprits des morts aiment se r&eacute;fugier dans leurs branches. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les cr&eacute;matoires sont, comme les monast&egrave;res, presque toujours construits dans leurs proximit&eacute;s. Lorsqu'une famille qui vit pr&egrave;s d'un grand arbre subit quelques revers du destin, qu'elle endosse quelques grands malheurs, et souffre de mauvais r&egrave;ves, elle juge parfois pr&eacute;f&eacute;rable de couper le grand arbre, malgr&eacute; le respect qui lui est d&ucirc; et les risques karmiques... </p> <p>La science de ce qu'il faut faire ou ne pas faire avec ces g&eacute;ants de bois est tr&egrave;s compliqu&eacute;e et je ne pr&eacute;tends &eacute;videmment pas la d&eacute;tenir... </p> <p>Ces histoires de plantes magiques me conduisent tout naturellement au souvenir d'un centre de m&eacute;ditation au Sri Lanka o&ugrave; j'avais &eacute;t&eacute; initi&eacute; au <a href="../rel-bud/rel-bud-vipa-satipatthana-tab.htm#0" target="" >vipassana</a>. On y mangeait strictement sous le mode v&eacute;g&eacute;tarien bien entendu. La professeur de yoga qui g&eacute;rait l'intendance avait essay&eacute; de nous expliquer que par-del&agrave; les arguments nutritifs traditionnellement utilis&eacute;s par la m&eacute;decine contemporaine, tous les fruits ne se valaient pas. Certains fruits, telle la papaye par exemple, sont &laquo;vides&raquo; nous disait-elle. D'autres, telle la mangue sont &laquo;pleins&raquo;. Il fallait en tenir compte pour se constituer un r&eacute;gime v&eacute;g&eacute;tarien &eacute;quilibr&eacute;. </p> <p>&nbsp;</p> <p class="noirgras "><a name="conscience"></a>Conscience des plantes. </p> <p>Il est manifeste que la plante a une conscience d'elle-m&ecirc;me et de son environnement qui est bien plus complexe que ce que nous en disons habituellement. C'est la lenteur des rythmes v&eacute;g&eacute;taux qui nous aveugle. </p> <p>Certaines plantes &eacute;laborent des strat&eacute;gies de d&eacute;placement sophistiqu&eacute;es (direction de la tige, croissance orient&eacute;e de certaines racines par rapport &agrave; d'autres voire adaptation de la croissance &agrave; la volont&eacute; du jardinier...). Certaines plantes 'pensent' leurs r&eacute;serves nutritives au regard de l'&eacute;tat du milieu d'accueil pour d&eacute;cider en cons&eacute;quence de renoncer momentan&eacute;ment &agrave; produire des fruits, ...ou au contraire de produire beaucoup de fruits contre toute logique de disette, parce que l'environnement hostile ne laisse plus v&eacute;ritablement esp&eacute;rer une survie &agrave; moyen terme. Certaines plantes sont d&eacute;pressives et se taisent, alors que d'autres crient leur joie de vivre dans un environnement qui semble pourtant parfaitement identique; par-del&agrave; l'esp&egrave;ce, elles ont des caract&egrave;res individuels, des go&ucirc;ts personnels... </p> <p>Il y a dans la plante comme une int&eacute;gration mn&eacute;sique du pass&eacute;, une connaissance g&eacute;om&eacute;trique d'elle-m&ecirc;me, une conscience du voisinage vivant et surtout, une connaissance globale de son unit&eacute; par-del&agrave; le nombre de ses cellules. Ses innombrables cellules sont sous la gouvernance d'un 'quelque chose' qui int&egrave;gre les positions relatives des diverses parties de son corps et peut tr&egrave;s bien supporter -voire aimer!- des amputations massives sans y voir une atteinte &agrave; son identit&eacute; globale. On est en face d'une gouvernance 'centralis&eacute;e'. </p> <p>La science &agrave; beau ne pas rep&eacute;rer de syst&egrave;me nerveux dans son anatomie, la rose n'en a pas moins une conscience suffisante de sa propre globalit&eacute; pour r&eacute;organiser l'activit&eacute; de ses parties dans l'espace en fonction d'un bilan g&eacute;om&eacute;trique g&eacute;n&eacute;ral. Tailler un rosier correctement, c'est bien plus l'adopter que le sculpter. Le bon jardinier sait utiliser habilement cette conscience qu'a le rosier de sa propre unit&eacute; pour l'incliner &agrave; lui ob&eacute;ir mieux. Le bon jardinier sait que la plante se r&eacute;serve toujours une part d'initiatives personnelles, un degr&eacute; de d&eacute;sob&eacute;issance, une dose de myst&egrave;re, un peu d'alt&eacute;rit&eacute;... </p> <p>Cette conscience de la distribution spatiale de son propre corps et cette interactivit&eacute; avec son 'non-moi' est particuli&egrave;rement spectaculaire chez les plantes grimpantes. C'est un v&eacute;ritable d&eacute;lice de contemplatif que de les observer lorsqu'elles h&eacute;sitent et calculent encore leurs futures strat&eacute;gies de d&eacute;placement vers d'autres &ecirc;tres vivants. </p> <p>Il faut se m&eacute;fier des anthropomorphismes, mais il reste qu'il y a dans les r&eacute;actions des plantes quelque chose qui ressemble &agrave; une intelligence relationnelle...</p> <p align="center">*</p> <p>Tout cela serait sans importance &eacute;thique si nous n'&eacute;tions, dans le m&ecirc;me mouvement, invit&eacute;s &agrave; consid&eacute;rer que les plantes sont capables aussi de souffrir. Moi, je ens, je vis dans mon propre corps qu'une plante peut avoir mal et je m'en suis d&eacute;j&agrave; expliqu&eacute;. </p> <p>Ce que je sens et vis me fait croire que les souffrances v&eacute;g&eacute;tales ne ressemblent pas toujours &agrave; celles qui nous feraient souffrir nous. Couper une branche peut &ecirc;tre un viol ou un acte d'amour. C'est une question de mani&egrave;res et une question de choix. On ne peut pas couper n'importe quelle branche ni la couper n'importe comment. Il y a dans le rapport &agrave; toute plante le germe d'un savoir neuf sur la gentillesse; la spiritualit&eacute; ne peut pas en faire l'&eacute;conomie</p> <p>&nbsp;</p> <p class="noirgras"><a name="spiritualite"></a>La spiritualit&eacute;. </p> <p>Le christianisme ne parle pas beaucoup des plantes pour elles-m&ecirc;mes. Il semble tacitement accepter que la sph&egrave;re v&eacute;g&eacute;tale doive &agrave; la sph&egrave;re humaine une all&eacute;geance inconditionnelle, absolue... La plante, telle une esclave, doit nous ob&eacute;ir et il n'est que de notre caprice de d&eacute;cider de sa vie ou de sa mort. </p> <p>De 'notre' caprice?&nbsp; </p> <p class="vertmaigre"><em>&laquo;...Toute plante qui n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; plant&eacute;e par mon P&egrave;re c&eacute;leste sera d&eacute;racin&eacute;e...&raquo; (Mt15,13 Trad. NBS2002) </em></p> <p class="petitpetit centre" style="background-color: #99FFFF ">Autres traductions <a href="../rel-citationsbible/1tob-tab.htm#1513" target="" >TOB</a> - <a href="../rel-citationsbible/1sem-tab.htm#1513" target="" >Semeur</a> - <a href="../rel-citationsbible/1jer-tab.htm#1513" target="" >J&eacute;rusalem</a> - <a href="../rel-citationsbible/1ser-tab.htm#1513" target="" >Colombe</a> - <a href="../rel-citationsbible/1seg-tab.htm#1513" target="" >Segond</a> - <a href="../rel-citationsbible/1cho-tab.htm#1513" target="" >Chouraki</a> - <a href="../rel-citationsbible/1oty-tab.htm#1513" target="" >Osty</a> - <a href="../rel-citationsbible/1dei-tab.htm#1513" target="" >Deiss</a> - <a href="../rel-citationsbible/1yyy-tab.htm#1513" target="" >yyy</a> - <a href="../rel-citationsbible/1zzz-tab.htm#1513" target="" >zzz</a></p> <p >Que ce soit le P&egrave;re c&eacute;leste ou notre caprice n'y change pas grand-chose; le discours &eacute;vang&eacute;lique est tr&egrave;s dur pour le monde v&eacute;g&eacute;tal, et cela me choque parfois. </p> <p><span class="vertmaigre"><em>&laquo;...D&eacute;j&agrave; la hache est pr&ecirc;te &agrave; attaquer les arbres &agrave; la racine...&raquo; (Mt3,10<em> Trad. NBS2002)</em></em></span></p> <p class="petitpetit centre" style="background-color: #99FFFF ">Autres traductions <a href="../rel-citationsbible/1tob-tab.htm#0310" target="" >TOB</a> - <a href="../rel-citationsbible/1sem-tab.htm#0310" target="" >Semeur</a> - <a href="../rel-citationsbible/1jer-tab.htm#0310" target="" >J&eacute;rusalem</a> - <a href="../rel-citationsbible/1ser-tab.htm#0310" target="" >Colombe</a> - <a href="../rel-citationsbible/1seg-tab.htm#0310" target="" >Segond</a> - <a href="../rel-citationsbible/1cho-tab.htm#0310" target="" >Chouraki</a> - <a href="../rel-citationsbible/1oty-tab.htm#0310" target="" >Osty</a> - <a href="../rel-citationsbible/1dei-tab.htm#0310" target="" >Deiss</a> - <a href="../rel-citationsbible/1yyy-tab.htm#0310" target="" >yyy</a> - <a href="../rel-citationsbible/1zzz-tab.htm#0310" target="" >zzz</a></p> <p >Les maltraitances inflig&eacute;es au monde v&eacute;g&eacute;tal y sont le plus souvent cons&eacute;cutives &agrave; de vulgaires calculs utilitaires. Cette servilit&eacute; ou non-servilit&eacute; des plantes est un th&egrave;me r&eacute;current dans les m&eacute;taphores de J&eacute;sus. </p> <p class="vertmaigre">&laquo;...Tout arbre qui ne produit pas de beau fruit est coup&eacute; et jet&eacute; au feu...&raquo; (Mt7,19 <em> Trad. NBS2002)</em></p> <p class="petitpetit centre" style="background-color: #99FFFF ">Autres traductions <a href="../rel-citationsbible/1tob-tab.htm#0719" target="" >TOB</a> - <a href="../rel-citationsbible/1sem-tab.htm#0719" target="" >Semeur</a> - <a href="../rel-citationsbible/1jer-tab.htm#0719" target="" >J&eacute;rusalem</a> - <a href="../rel-citationsbible/1ser-tab.htm#0719" target="" >Colombe</a> - <a href="../rel-citationsbible/1seg-tab.htm#0719" target="" >Segond</a> - <a href="../rel-citationsbible/1cho-tab.htm#0719" target="" >Chouraki</a> - <a href="../rel-citationsbible/1oty-tab.htm#0719" target="" >Osty</a> - <a href="../rel-citationsbible/1dei-tab.htm#0719" target="" >Deiss</a> - <a href="../rel-citationsbible/1yyy-tab.htm#0719" target="" >yyy</a> - <a href="../rel-citationsbible/1zzz-tab.htm#0719" target="" >zzz</a></p> <p >Cette approche utilitariste est ipso facto impitoyable pour certaines 'esp&egrave;ces'&nbsp;(chardons, ivraies...) ou 'races' (s&eacute;lection...) v&eacute;g&eacute;tales: </p> <p><em class="vertmaigre">&laquo;...C&rsquo;est &agrave; leurs fruits que vous les reconna&icirc;trez. Cueille&ndash;t&ndash;on des raisins sur des &eacute;pines, ou des figues sur des chardons? Tout bon arbre produit de beaux fruits, tandis que l&rsquo;arbre malade produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, ni un arbre malade produire de beaux fruits. Tout arbre qui ne produit pas de beau fruit est coup&eacute; et jet&eacute; au feu....&raquo; (Mt7,16-18 <em> Trad. NBS2002)</em></em></p> <p class="petitpetit centre" style="background-color: #99FFFF ">Autres traductions <a href="../rel-citationsbible/1tob-tab.htm#0716" target="" >TOB</a> - <a href="../rel-citationsbible/1sem-tab.htm#0716" target="" >Semeur</a> - <a href="../rel-citationsbible/1jer-tab.htm#0716" target="" >J&eacute;rusalem</a> - <a href="../rel-citationsbible/1ser-tab.htm#0716" target="" >Colombe</a> - <a href="../rel-citationsbible/1seg-tab.htm#0716" target="" >Segond</a> - <a href="../rel-citationsbible/1cho-tab.htm#0716" target="" >Chouraki</a> - <a href="../rel-citationsbible/1oty-tab.htm#0716" target="" >Osty</a> - <a href="../rel-citationsbible/1dei-tab.htm#0716" target="" >Deiss</a> - <a href="../rel-citationsbible/1yyy-tab.htm#0716" target="" >yyy</a> - <a href="../rel-citationsbible/1zzz-tab.htm#0716" target="" >zzz</a></p> <p >Le contrat entre l'homme et certaines esp&egrave;ces v&eacute;g&eacute;tales oblige quelque peut l'homme: il devra travailler s'il veut r&eacute;colter des fruits. L'homme ayant travaill&eacute;, il est attendu de la plante qu'elle en fasse de m&ecirc;me! sinon? La hache et le feu... Pas de place ici pour les &eacute;tats d'&acirc;me. Pas de place pour la compassion, pas de prise en compte d'une quelconque souffrance. L'&eacute;thique n'est pas de mise; il n'y a qu'un vulgaire commerce d'int&eacute;r&ecirc;t avec des r&egrave;gles claires et nettes. </p> <p align="center" >*</p> <p>Les doux, les &laquo;New Age&raquo;, les panth&eacute;istes se dressent au fond de la salle et crient que J&eacute;sus n'autorise certainement pas la cruaut&eacute; vis-&agrave;-vis du monde v&eacute;g&eacute;tal; les plantes que le Christ cite et maltraite dans les Evangiles le sont toujours dans le cadre de m&eacute;taphores. Elles n'y jouent jamais leur propre r&ocirc;le! </p> <p>C'est souvent exact (pas toujours). Il n'emp&ecirc;che que ces m&eacute;taphores n'ont de pertinence que si le public de J&eacute;sus et J&eacute;sus lui-m&ecirc;me cautionnent tacitement un pr&eacute;suppos&eacute;: la souffrance des plantes soit n'existe pas soit n'est pas &agrave; prendre en consid&eacute;ration. </p> <p>Un bon jardinier qui a lu les Evangiles se l&egrave;ve &agrave; son tour et crie &agrave; l'autre bout de la salle qu'on ne peut passer sous silence la m&eacute;taphore du figuier st&eacute;rile qui pr&eacute;suppose piti&eacute; et patience. </p> <blockquote> <p class="ital">&quot;- Dans ce texte, un propri&eacute;taire terrien impitoyable r&eacute;clame la hache contre un figuier: </p> <blockquote> <p class="vertmaigre ital">&laquo;...Alors il dit au vigneron: 'Voil&agrave; trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n&rsquo;en trouve pas. Coupe&ndash;le donc: pourquoi occuperait&ndash;il la terre inutilement?'...&raquo; (Lc13,7 <span class="vertmaigre"><em> Trad. NBS2002)</em></span></p> <p class="petitpetit centre" style="background-color: #99FFFF ">Autres traductions <a href="../rel-citationsbible/3tob-tab.htm#137" target="" >TOB</a> - <a href="../rel-citationsbible/3sem-tab.htm#137" target="" >Semeur</a> - <a href="../rel-citationsbible/3jer-tab.htm#137" target="" >J&eacute;rusalem</a> - <a href="../rel-citationsbible/3ser-tab.htm#137" target="" >Colombe</a> - <a href="../rel-citationsbible/3seg-tab.htm#137" target="" >Segond</a> - <a href="../rel-citationsbible/3cho-tab.htm#137" target="" >Chouraki</a> - <a href="../rel-citationsbible/3oty-tab.htm#137" target="" >Osty</a> - <a href="../rel-citationsbible/3dei-tab.htm#137" target="" >Deiss</a> - <a href="../rel-citationsbible/3yyy-tab.htm#137" target="" >yyy</a> - <a href="../rel-citationsbible/3zzz-tab.htm#137" target="" >zzz</a></p> </blockquote> <p class="ital">&quot;Mais le vigneron qui a piti&eacute; ose r&eacute;pondre &agrave; son patron que de toute fa&ccedil;on ce n'est pas lui qui coupera... Mais en plus il plaide un sursis: </p> <blockquote> <p class="vertmaigre ital">&laquo;...Le vigneron lui r&eacute;pondit: 'Ma&icirc;tre, laisse&ndash;le encore cette ann&eacute;e, le temps que je creuse tout autour et que j&rsquo;y mette du fumier. Peut&ndash;&ecirc;tre produira&ndash;t&ndash;il du fruit &agrave; l&rsquo;avenir; sinon, tu le couperas!'...&raquo; (Lc13,8-9 <span class="vertmaigre"><em> Trad. NBS2002)</em></span></p> <p class="petitpetit centre" style="background-color: #99FFFF ">Autres traductions <a href="../rel-citationsbible/3tob-tab.htm#138" target="" >TOB</a> - <a href="../rel-citationsbible/3sem-tab.htm#138" target="" >Semeur</a> - <a href="../rel-citationsbible/3jer-tab.htm#138" target="" >J&eacute;rusalem</a> - <a href="../rel-citationsbible/3ser-tab.htm#138" target="" >Colombe</a> - <a href="../rel-citationsbible/3seg-tab.htm#138" target="" >Segond</a> - <a href="../rel-citationsbible/3cho-tab.htm#138" target="" >Chouraki</a> - <a href="../rel-citationsbible/3oty-tab.htm#138" target="" >Osty</a> - <a href="../rel-citationsbible/3dei-tab.htm#138" target="" >Deiss</a> - <a href="../rel-citationsbible/3yyy-tab.htm#138" target="" >yyy</a> - <a href="../rel-citationsbible/3zzz-tab.htm#138" target="" >zzz</a></p> </blockquote> <p class="ital">&quot;Le vigneron s'engage donc &agrave; investir de son propre temps, de son propre travail, de sa propre &eacute;nergie pour essayer de sauver l'arbre. C'est d'autant plus surprenant que ce n'est pas &agrave; un vigneron de s'occuper d'un figuier, et encore moins de le prot&eacute;ger lorsque l'on sait qu'un tel arbre pompe effectivement toute l'&eacute;nergie du sol jusque tr&egrave;s loin de son tronc &agrave; cause de ses racines &eacute;normes et agressives. Les vignes ne peuvent qu'en p&acirc;tir!&quot;</p> </blockquote> <p>Le jardinier a raison. Il est incontestable que dans cette parabole la plante n'est pas chosifi&eacute;e dans une logique de comptables. Il y est question d'une affection entre un homme, le vigneron, et un &ecirc;tre, le figuier, qui n'appartient pourtant ni &agrave; sa propre sph&egrave;re ni m&ecirc;me &agrave; la sph&egrave;re animale. Mais, h&eacute;las, on est encore dans une m&eacute;taphore; de la plante elle-m&ecirc;me il n'est pas vraiment question. </p> <blockquote> <p >&laquo;<span class="ital">- Et le liseron?</span>&raquo; ajoute alors le jardinier... </p> </blockquote> <p>Ah oui! La <a href="../rel-citationsbible/rel-ref-bi-providence-tab.htm#0" target="" >parabole de la Providence</a>! L&agrave; je m'incline! Contre celui qui ferait du 'P&egrave;re c&eacute;leste' un Dieu pragmatique et intransigeant, il y a effectivement, ce texte qui pour l'occasion parle bien de la plante pour elle-m&ecirc;me. Et quel texte! L'un des plus po&eacute;tiques, l'un des plus apaisants&nbsp;de la Bible! Dans cet Evangile la destin&eacute;e du liseron a beau &ecirc;tre le feu, et son statut hi&eacute;rarchique a beau &ecirc;tre clairement inf&eacute;rieur &agrave; celui de l'homme, Dieu l'aime assez pour l'habiller <span class="vertmaigre">'mieux que Salomon dans toute sa splendeur'</span>. Mais surtout, dans ce texte, le liseron n'est pas le symbole d'autre chose; il est une simple plante qui se donne pour telle afin d'&ecirc;tre compar&eacute;e. N'y a-t-il pas dans l'inutilit&eacute; de sa belle parure, dans cette d&eacute;licatesse, le signe po&eacute;tique d'une affection du P&egrave;re c&eacute;leste vis-&agrave;-vis des plantes? L'esprit de la lettre va dans ce sens et il faudrait de la mauvaise foi pour le nier. </p> <p>Me laissant donc porter par cette l&eacute;g&egrave;re brise plus positive (qui est si l&eacute;g&egrave;re qu'elle ne semble pouvoir gonfler les voiles que des &acirc;mes compliqu&eacute;es -pour ne pas dire tordues- comme la mienne), je me suis rendu compte que les Evangiles parlent r&eacute;ellement du monde des plantes, mais ne le laisse pas s'exprimer. Et s'ils ne le laissent pas s'exprimer, c'est peut-&ecirc;tre surtout &agrave; cause de notre incapacit&eacute; de l'entendre, car J&eacute;sus, lui, parle aux arbres! </p> <p>Dans les Evangiles, il y a comme les traces d'un myst&egrave;re derri&egrave;re le monde v&eacute;g&eacute;tal. Ce pourrait n'&ecirc;tre qu'une &eacute;nigme qui n'est pas encore &eacute;t&eacute; r&eacute;solue mais personnellement, je crois plus au myst&egrave;re: l'essence de chaque plante d&eacute;borderait donc toujours de ce que l'on en saurait. </p> <p>La premi&egrave;re plante qui intrigue dans le Nouveau Testament, c'est le figuier de Nathana&euml;l&nbsp;: </p> <blockquote> <p class="vertmaigre">&laquo;...Nathana&euml;l lui dit: D&rsquo;o&ugrave; me connais&ndash;tu? J&eacute;sus lui r&eacute;pondit: Avant que Philippe t&rsquo;appelle, quand tu &eacute;tais sous le figuier, je t&rsquo;ai vu. Nathana&euml;l reprit: Rabbi, c&rsquo;est toi qui es le Fils de Dieu, c&rsquo;est toi qui es le roi d&rsquo;Isra&euml;l. J&eacute;sus lui r&eacute;pondit: Parce que je t&rsquo;ai dit que je t&rsquo;ai vu sous le figuier, tu crois? Tu verras des choses plus grandes encore!<em>...&raquo; (Jn1,48-50 <em> Trad. NBS2002)</em></em></p> <p class="petitpetit centre" style="background-color: #99FFFF ">Autres traductions <a href="../rel-citationsbible/4tob-tab.htm#0148" target="" >TOB</a> - <a href="../rel-citationsbible/4sem-tab.htm#0148" target="" >Semeur</a> - <a href="../rel-citationsbible/4jer-tab.htm#0148" target="" >J&eacute;rusalem</a> - <a href="../rel-citationsbible/4ser-tab.htm#0148" target="" >Colombe</a> - <a href="../rel-citationsbible/4seg-tab.htm#0148" target="" >Segond</a> - <a href="../rel-citationsbible/4cho-tab.htm#0148" target="" >Chouraki</a> - <a href="../rel-citationsbible/4oty-tab.htm#0148" target="" >Osty</a> - <a href="../rel-citationsbible/4dei-tab.htm#0148" target="" >Deiss</a> - <a href="../rel-citationsbible/4yyy-tab.htm#0148" target="" >yyy</a> - <a href="../rel-citationsbible/4zzz-tab.htm#0148" target="" >zzz</a></p> </blockquote> <p>Je n'ai pas l'impression que J&eacute;sus ne cite l'arbre que pour localiser un &eacute;v&eacute;nement. Il me semble qu'il le cite aussi parce que l'&eacute;v&eacute;nement auquel ce passage fait allusion et qui n'est pas explicit&eacute; est vaguement li&eacute; &agrave; ce figuier. Nathana&euml;l et J&eacute;sus savent quelque chose que tous les autres -et en particuliers les &eacute;vang&eacute;listes- ne semblent pas capables de percevoir. Stricto sensu, ce n'est qu'une vague impression il est vrai et je me laisse peut-&ecirc;tre trop influencer dans cette lecture par mon environnement Bouddhiste qui, on le sait, fait du figuier un complice particulier du sage. Laissons donc l&agrave; le figuier de Nathana&euml;l. Et allons tout de go &agrave; l'autre figuier qui intrigue, <a href="../rel-citationsbible/rel-ref-bi-figuierdesech%20mt21-tab.htm#0" target="" >celui que J&eacute;sus a dess&eacute;ch&eacute;</a>. </p> <p>Il est difficilement contestable que cet arbre-ci soit cit&eacute; pour lui-m&ecirc;me et non pour servir une m&eacute;taphore comme Matthieu essaye de nous le faire croire. Il suffit de lire attentivement Marc pour ne plus pouvoir se satisfaire de l'interpr&eacute;tation trop simpliste de Matthieu. L'&eacute;pisode devient pour le coup pour le moins &eacute;nigmatique. </p> <p>Il y a eut quelque chose entre J&eacute;sus et ce figuier qui nous &eacute;chappe et qui semble avoir &eacute;chapp&eacute; aussi bien aux t&eacute;moins de l'&eacute;v&egrave;nement. Quelque chose d'important. Quelque chose qui fut terrible m&ecirc;me puisque l'&eacute;pisode se conclut par une v&eacute;ritable col&egrave;re de J&eacute;sus suivie d'une mise &agrave; mort. Avec J&eacute;sus, on &eacute;tait habitu&eacute; aux col&egrave;res, mais cette mise &agrave; mort... Cette affaire trouvera peut-&ecirc;tre une interpr&eacute;tation int&eacute;ressante dans l'avenir mais aujourd'hui, &ccedil;a cale! L'affaire a l'air plus complexe que ce que les facult&eacute;s d'ex&eacute;g&egrave;se contemporaines autorisent. </p> <p>Le figuier incrimin&eacute; ne portait pas de fruit au moment o&ugrave; J&eacute;sus d&eacute;sirait justement en consommer. J&eacute;sus s'en approche. Les autres restent probablement un peu en retrait... &Agrave; la suite de Matthieu, on aurait simplement envie de croire que c'est parce que ce figuier ne donnait pas de fruit que J&eacute;sus s'est f&acirc;ch&eacute;. L'issue th&eacute;orique serait alors une ridicule consigne morale de sup&eacute;rette: pas de fruit signifierait non-respect d'un devoir et donc punition. La cogn&eacute;e et le tronc, on avait d&eacute;j&agrave; entendu cela...</p> <p>Un tel jugement, sans mise en contexte, sans instruction n'est pas vraiment dans le style de J&eacute;sus. N'oublions pas qu'on n'est pas dans une parabole mais dans une action de terrain dont la faim de J&eacute;sus lui-m&ecirc;me fut la seule cause d&eacute;clar&eacute;e par les narrateurs. Cette mise &agrave; mort concr&egrave;te va contre l'esprit g&eacute;n&eacute;ral de l'Evangile. J&eacute;sus s'effor&ccedil;ait habituellement de promouvoir le pardon, l'amour inconditionnel. Il nous manque des donn&eacute;es...</p> <p>On peut r&eacute;sumer le paradoxe du figuier dess&eacute;ch&eacute; de la mani&egrave;re suivante: l'<a href="../rel-citationsdicos/rel-ref-dicoperso.htm#hermeneutique" target="" >herm&eacute;neutique</a> &eacute;vang&eacute;lique nous dit que J&eacute;sus est par excellence celui qui lie la faute morale &agrave; un choix, &agrave; une libert&eacute; sous-jacente. Or si on lit attentivement les deux versions de cet &eacute;pisode, on remarque que Marc a une petite phrase assassine qui nous d&eacute;sarme totalement: le figuier n'avait pas de fruit parce que ce n'&eacute;tait pas la saison des figues! Le petit cours de morale que Matthieu construisait autour de l'&eacute;v&eacute;nement pour essayer de r&eacute;cup&eacute;rer la sauce serait caduque si Matthieu n'avait pr&eacute;alablement pris soin d'omettre de nous rapporter ce d&eacute;tail embarrassant. </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">Ce petit mensonge par omission est d'ailleurs &agrave; mon sens d'une importance d&eacute;cisive pour une tout autre raison: il est peut-&ecirc;tre la preuve intra-scripturaire la plus puissante de la r&eacute;alit&eacute; historique de l'&eacute;v&eacute;nement et par l&agrave;-m&ecirc;me de l'existence historique de J&eacute;sus. Si les Evangiles relataient une fable, ils n'encombreraient pas le texte d'une telle &eacute;pine. Les historiens savent aujourd'hui qu'en g&eacute;n&eacute;ral la difficult&eacute; de leur m&eacute;tier vient de ce que les rapporteurs de ces &eacute;poques, qui sont anim&eacute;s par des motivations plus apolog&eacute;tiques qu'historiques, cachent ce genre de d&eacute;tails. Les historiens contemporains sont du coup en permanence &agrave; l'aff&ucirc;t de ce genre de n&eacute;gligences de certains apologistes. Ces n&eacute;gligences sont en quelque sorte les garants d'une v&eacute;rit&eacute; historique qui d&eacute;borde du texte lui-m&ecirc;me, ind&eacute;pendante des go&ucirc;ts, de la volont&eacute; et de l'engagement du narrateur. M&ecirc;me une trace grav&eacute;e dans la pierre ne peut valoir cette preuve-l&agrave; aux yeux de l'intellectuel moderne puisqu'on grave aussi bien des purs mythes dans la pierre. </p> </blockquote> <p>Pour contourner la difficult&eacute;, Luc et Jean qui n'&eacute;criront que beaucoup plus tard, tairont purement et simplement l'&eacute;pisode. Mais l'&eacute;v&egrave;nement avait d&ucirc; tant surprendre les contemporains de J&eacute;sus, &agrave; cause du cot&eacute; spectaculaire du miracle et peut-&ecirc;tre &agrave; cause aussi de son c&ocirc;t&eacute; difficilement justifiable, que Mathieu et Marc n'ont pas voulu ou pas pu le passer sous silence &agrave; l'&eacute;poque o&ugrave; ils &eacute;crivaient. </p> <p>Une fois encore, comme avec l'affaire de Nathana&euml;l, on sent bien qu'il nous manque une pi&egrave;ce dans le puzzle; l'&eacute;pisode du figuier dess&eacute;ch&eacute; n'est pas 'complet'. Il y a eut entre une plante et J&eacute;sus quelque chose de plus, qui n'appartient pas encore au domaine de notre entendement mais qui au moins personnalise une plante assez cons&eacute;quemment pour l'obliger... On est devant la sentence de mort prononc&eacute;e par J&eacute;sus dans une logique sinon '&eacute;thique' au moins 'hygi&eacute;nique'. In fine notre ignorance des motivations de J&eacute;sus et l'ampleur ponctuelle de sa col&egrave;re nous invitent &agrave; consid&eacute;rer que le but n'est pas ici de nous dire que les plantes ne m&eacute;ritent pas le respect mais qu'au contraire elles appartiennent comme l'homme &agrave; un projet interactif de Dieu. Certaines d'entre elles existent d'une mani&egrave;re responsable aux yeux de Dieu et cela me suffit: les doux, la tendance 'New Age' et les bons jardiniers ont ici une porte grande ouverte pour sp&eacute;culer. </p> <p>Cette porte encore grande ouverte, ainsi que l'amour trans-esp&egrave;ces du P&egrave;re dans la parabole de la Providence invitent le chr&eacute;tien &agrave; &ecirc;tre doux m&ecirc;me vis-&agrave;-vis des plantes, qu'elles soient ou non capables de souffrir. Simultan&eacute;ment, l'ambigu&iuml;t&eacute; des autres textes &eacute;vang&eacute;liques sur ce sujet nous interdit la niaiserie: la douceur vis-&agrave;-vis des plantes est hi&eacute;rarchiquement inf&eacute;rieure &agrave; l'utilit&eacute; que nous pouvons en tirer. Dans le christianisme, il n'y a pas lieu de reconna&icirc;tre &agrave; la plante la libert&eacute; des oiseaux dans le ciel. </p> <p align="center">*</p> <p>Puisse l'&acirc;me des grands arbres nous pardonner les immenses d&eacute;forestations. Et puisse le roseau pardonner &agrave; quelques soldats romains de l'avoir utilis&eacute; pour humilier le Christ. Puisse le bois nous pardonner l'iniquit&eacute; de nos syst&egrave;mes judiciaires... Regardons mieux. Soyons plus attentifs. Notre cruaut&eacute; vis-&agrave;-vis des plantes entre aussi dans ces mar&eacute;cages-l&agrave;. On est tous bourreau un jour ou l'autre sans le vouloir. </p> <p>&nbsp;</p> <p>paul yves wery - Chiangmai - mai 2008 </p> <p class="petitpetit">Version 1.02 - Chiangmai, mars 2011 </p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div class="petit centre"> <p ><a href="rel-spirit-amebetes-tab.htm#0" target="" >L'&acirc;me des b&ecirc;tes </a> </p> <p ><a href="rel-spirit-amepierres-tab.htm#0" target="" >L'&acirc;me des pierres</a> </p> <p >&nbsp;</p> <p >&nbsp;</p> </div> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <!--__comoun tao__--> <div class="centre petit "> <p>*********************</p> <p><a href="../../index-religion.htm" target="">Menu (Fr)</a> - <a href="../../index-religion-en.htm" target="">Menu (En)</a> </p> <p><a href="../../index.htm" target="">Accueil - Welcome</a></p> <p>*********************</p> <p><a href="../../Links/links-intro-yves.htm" target="" >Webmaster</a> - <a href="../rel-liens/rel-contact%20stylite.htm" target="" >Contact</a></p> <p><a href="../../index.htm" target="">www.STYLITE.net</a> - <a href="../../index-aids-hospice.htm" target="">www.AIDS-HOSPICE.com</a> - <a href="../../index-prevaids.htm" target="">www.PREVAIDS.org</a></p> </div> </td> </tr> </table>