<table id="tabletxt" > <tr> <td ><p ><a name="0" id="0"></a></p> <p class="rougemaigre centre">Le pape, les pr&eacute;servatifs et le SIDA. </p> <p class="centre" >&nbsp;</p> <div class="just"> <p >Je n'arrive pas &agrave; comprendre ces furieuses passions orient&eacute;es contre le pape chaque fois qu'il rappelle &agrave; ses ouailles le contenu du code moral sexuel catholique. Ou plut&ocirc;t, je crains trop bien comprendre ce qu'il y a derri&egrave;re ces jeux d'indignations: de la mauvaise foi! </p> <p >Nul n'est tenu d'&ecirc;tre catholique, chacun a le droit de l'&ecirc;tre. C'est au public de juger s'il faut oui ou non tenir compte des convictions catholiques mais le public n'a pas &agrave; reprocher au pape d'exprimer son avis. Si un certain journalisme veut commenter les &eacute;dits pontificaux, il est en droit de le faire bien s&ucirc;r, mais alors, qu'il &eacute;tudie un peu mieux le dossier car ce qui semble de la mauvaise foi (voire un cynique travail de d&eacute;sinformations) au premier regard pourrait aussi n'&ecirc;tre que de la b&ecirc;tise. </p> <p>&nbsp;</p> <p>Reprenons le probl&egrave;me &agrave; la racine. </p> <p>-1- Premi&egrave;re &eacute;tape: </p> <blockquote> <p>Pour d&eacute;terminer ce qui est bien et ce qui est mal soit je consulte un <span class="gras">code</span> (ensemble de lois) soit je consulte ma <a href="../rel-citationsdicos/rel-ref-dicoperso.htm#consciencemorale" target="" >conscience morale</a>. Le <span class="gras">code moral</span> est un ensemble de r&egrave;gles morale plus ou moins conventionnelles, plus ou moins instinctives, plus ou moins arbitraires, plus ou moins n&eacute;cessaires qui est r&eacute;dig&eacute; par un pape, un savant, un gourou, un Dieu, ...mais pas par moi! La <span class="gras">conscience morale</span> par contre est tout &agrave; fait personnelle. Elle est, tout comme le code, susceptible de m'indiquer le bien qu'il faut faire et le mal qu'il ne faut pas faire, mais &agrave; partir de principes qui se situent dans l'intimit&eacute; de mon coeur. </p> </blockquote> <p>-2- Deuxi&egrave;me &eacute;tape: </p> <blockquote> <p>Constater que les codes (civil, religieux, d&eacute;ontologiques, etc.), s'ils ont en g&eacute;n&eacute;ral quelques accents moraux, ne disent pas toujours la m&ecirc;me chose que <span class="gras">ma</span> conscience morale. </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">Les codes interdiraient tous le meurtre, que la conscience individuelle du docteur X pourrait, par exemple, lui ordonner de tuer un canc&eacute;reux qui souffre atrocement et qui est de toute fa&ccedil;on condamn&eacute; &agrave; tr&egrave;s court terme. </p> </blockquote> </blockquote> <p>-3- Troisi&egrave;me &eacute;tape:</p> <blockquote> <p>Ne pas ob&eacute;ir aux ordres de la conscience morale provoque une souffrance d'un type tr&egrave;s particulier. On parle de &laquo;remords&raquo;, de &laquo;mauvaise conscience&raquo;, de &laquo;regrets&raquo;, de &laquo;sentiment de culpabilit&eacute;&raquo;, etc.). M&ecirc;me si le vocabulaire utilis&eacute; pour en parler est parfois plurivoque, il ne faut pas confondre cette souffrance-l&agrave; avec ce que l'on &eacute;prouve apr&egrave;s avoir commis une erreur, un mauvais choix, une mauvaise &eacute;valuation. </p> <p>Il y a dans l'humanit&eacute; des genres d'hommes qui souffrent plus que d'autres lorsqu'ils d&eacute;sob&eacute;issent &agrave; leur conscience. </p> <blockquote> <p><span class="turquoisemaigre">Ceux que les psychologues appellent les &laquo;obsessionnels&raquo; ont tendance &agrave; souffrir plus qu'ils ne devraient de leurs petites fautes morales. Les psychopathes par contre ne ressentent jamais cette souffrance au point que l'on se demande parfois s'ils ont une conscience morale</span>. </p> </blockquote> <p>Le non-respect d'une loi d'un code ne provoquera syst&eacute;matiquement cette douleur que dans la mesure ou la conscience morale n'a pas encore pu s'autonomiser par rapport &agrave; ce code (enfants, adolescents et adultes immatures). </p> <p>Un code (civil, religieux, d&eacute;onthologique, etc.), m&ecirc;me s'il est parfois solennellement appel&eacute; &laquo;code moral&raquo; ne sera de fait r&eacute;ellement v&eacute;cu comme &quot;moral&quot; que dans la mesure o&ugrave; il est susceptible d'interagir avec les consciences morales individuelles et susceptible donc de provoquer des douleurs morales en cas de d&eacute;sob&eacute;issance. Br&ucirc;ler un feu rouge (code civil) peut tr&egrave;s bien susciter une intrigue morale, un probl&egrave;me de conscience morale. Invers&eacute;ment, &ecirc;tre m&eacute;chant (code moral) peut tr&egrave;s bien ne pas susciter un sentiment de culpabilit&eacute; morale... </p> <p>&nbsp;</p> </blockquote> <p>-4- Quatri&egrave;me &eacute;tape:</p> <blockquote> <p>En cas de contradiction entre un ordre donn&eacute; par un code et un ordre donn&eacute; par la conscience, il faut bien choisir car ne pas le faire est aussi un choix. Il y a donc une hi&eacute;rarchie &agrave; &eacute;tablir entre conscience et codes. En cas de contradiction, faut-il ob&eacute;ir &agrave; la loi ou &agrave; la conscience?</p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre"> Bouddha et J&eacute;sus r&eacute;pondent sans ambigu&iuml;t&eacute; que la conscience pr&eacute;vaut sur les codes. (Ce serait plut&ocirc;t l'inverse dans l'Hindouisme et dans l'Islam? A voir...)</p> </blockquote> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <p>-5- Cinqui&egrave;me &eacute;tape:</p> <blockquote> <p>Le Catholique a encore un petit &laquo;d&eacute;tail&raquo; anthropologique &agrave; relever&nbsp;s'il veut comprendre pourquoi son pape s'acharne &agrave; &ecirc;tre aussi bavard: <span class="gras">c'est toujours le code qui crie d'abord&nbsp;&laquo;Hol&agrave;!&raquo; et c'est ensuite que la conscience morale se met &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir et parfois &agrave; nuancer ce que le code affirme d'une mani&egrave;re p&eacute;remptoire</span>. La conscience morale ne calcule le bien et le mal que dans le cas o&ugrave; le code moral a &eacute;t&eacute; enfreint ou risque de l'&ecirc;tre. Cela veut simplement dire que la conscience d'un homme moralement m&ucirc;r &agrave; beau &ecirc;tre une expression de son autonomie par rapport au code, elle n'en est pas moins fille du code! </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre"><em>Manger une saucisse de porc lorsqu'on est affam&eacute; ne pose un probl&egrave;me de conscience que pour le musulman ou pour le juif dont les codes moraux/religieux/civils respectifs en interdisent la consommation. Le Chr&eacute;tien, lui, se mettra &agrave; table sans faire travailler sa conscience pr&eacute;alablement. On peut d&eacute;j&agrave; faire remarquer que si les chr&eacute;tiens n'ont plus exactement la m&ecirc;me sensibilit&eacute; morale que leurs a&iuml;eux Juifs (et donc que J&eacute;sus lui-m&ecirc;me) c'est parcequ'ils ont modifi&eacute; le code (le premier concile de J&eacute;rusalem est vraiment <a href="rel-eth-bulle-taboualimentaire-tab.htm#0" target="" >embl&eacute;matique</a> &agrave; cet endroit).</em></p> <p class="turquoisemaigre">&nbsp;</p> </blockquote> </blockquote> <p align="center">*** </p> <p>&nbsp;</p> <p>Si ce qui vient d'&ecirc;tre dit est assum&eacute;, on comprendra ais&eacute;ment qu'un Catholique reste catholique s'il d&eacute;sob&eacute;it au pape (au code que le pape &eacute;dicte), pourvu qu'il ne se mette pas en contradiction avec sa propre conscience morale. Le Juif J&eacute;sus lui-m&ecirc;me n'a-t-il pas r&eacute;guli&egrave;rement enfreint le code Juif alors qu'il n'a jamais d&eacute;menti <a href="../rel-citationsbible/rel-ref-bi-loidepassee%20mt5-tab.htm#0" target="" >sa jud&eacute;&iuml;t&eacute;</a>? </p> <p>Puisque de toute fa&ccedil;on c'est la conscience qui a le dernier mot dans la pratique morale catholique, puisque par-del&agrave; son r&ocirc;le dans la sexualit&eacute; le pr&eacute;servatif est aussi une protection contre le SIDA, pourquoi le pape ne se contente-t-il pas de se taire? Pourquoi ne se contente-t-il pas d'inciter ses ouailles &agrave; donner la priorit&eacute; &agrave; la conscience sur le code (comme toute la machine catholique tente de le faire, quoi qu'on en dise, depuis deux mill&eacute;naires)? </p> <p>On ne peut comprendre cela qu'en essayant de deviner ce qui se passerait s'il n'y avait pas de code en sexualit&eacute; (ici, on ne prendra pas le viol en consid&eacute;ration car alors ce serait davantage la violence que la sexualit&eacute; qui serait mise sur la sellette). </p> <p>Depuis au moins cinq cents ans et d'une mani&egrave;re plus radicale depuis cinquante ans, le code moral naturel (c'est-&agrave;-dire le code moral qui semble s'imposer par consensus, parfois sans m&ecirc;me qu'on doive l'&eacute;crire ou le dire) distingue de plus en plus nettement la sexualit&eacute;, la f&eacute;condit&eacute;, la conjugalit&eacute; et l'affection. Depuis vingt-cinq ans, <a href="../rel-spir/rel-spirit-genre-tab.htm#0" target="" >le genre</a> lui-m&ecirc;me est en train de prendre son autonomie dans le champ du sexuel! En pratique, cela signifie que depuis en gros cinq-cents ans, mais surtout depuis cinquante ans, les questions de bien et de mal qui peuvent se poser dans le champ du sexuel deviennent de plus en plus pointues et nos anc&ecirc;tres auraient eut bien du mal parfois &agrave; comprendre la nature m&ecirc;me de ces questions. </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">Aujourd'hui encore, <a href="../rel-bud/rel-bud-symbole%20et%20langage-tab.htm#0" target="" >l'autonomie symbolique</a> du genre dans la sph&egrave;re sexuelle est tr&egrave;s loin d'&ecirc;tre per&ccedil;ue et comprise par tout le monde. Les questions que cette autonomie soul&egrave;ve semblent encore sp&eacute;cieuses voire folles pour beaucoup. Les suggestions ou les revendications qui en d&eacute;coulent leur semblent absolument incompatibles avec le r&eacute;el (trans-genre, p&eacute;dophilie/g&eacute;rontophilie, sadomasochisme, homosexualit&eacute;... ) </p> </blockquote> <p>Ce qui est tout &agrave; fait remarquable c'est que pas mal de ces nouvelles mani&egrave;res de percevoir les probl&egrave;mes n'appartiennent pas spontan&eacute;ment &agrave; la sph&egrave;re morale. Certaines questions sexuelles &laquo;classiques&raquo; ont &eacute;t&eacute; tellement d&eacute;natur&eacute;es par les technologies et les nouveaux modes d'organisation sociale qu'elles sortiraient purement et simplement du champ de la morale naturelle s'il n'y avait des codes pour tenter de les y ramener. Ainsi en est-il de la recherche d'optimisation du plaisir par exemple, du contr&ocirc;le m&eacute;dical de la f&eacute;condit&eacute;, de la pratique sexuelle pr&eacute;conjugale, voire certaines questions de genre... En d'autres mots, qu'un homme cherche &agrave; donner plus de plaisirs &agrave; sa femme pendant les relations sexuelles ne provoque plus spontan&eacute;ment une question d'ordre moral (<a href="../rel-spir/rel-spirit-genre-bulle-histoirepechechair-tab.htm#0" target="" >l'histoire</a> nous montre qu'il n'en fut pas tout le temps ainsi!). Cet effort pour donner plus de plaisir ne suscite plus aucune mauvaise conscience. C'est exactement comme si, disposant de quelques aliments et condiments dans mon frigo, je cherchais &agrave; bien manger plut&ocirc;t que simplement manger; cela non plus ne remue pas spontan&eacute;ment ma conscience morale. </p> <p>Si maintenant un ordre exog&egrave;ne prononc&eacute; par un pape, un m&eacute;decin ou un &laquo;Leader Maxima&raquo; me dit tous les jours que le plaisir sexuel est immoral et que manger sans prendre le temps de faire de bons repas avec ce qu'on a re&ccedil;u de la providence c'est aussi immoral, il est clair que je vais finalement un jour ou l'autre me poser en conscience la question de savoir si je peux ou dois continuer &agrave; &laquo;perdre mon temps&raquo; pour que ma femme jouisse plus ...ou &laquo;perdre mon temps&raquo; &agrave; me mijoter de bons petits plats. Ce remuement de conscience ne pr&eacute;sume pourtant pas de ce que, <span class="ital">in fine</span>, ma conscience m'ordonnera; si je suis un homme m&ucirc;r, ma conscience morale est en mesure de prendre ses distances par rapport aux codes en vigueur dans ma communaut&eacute; de vie. Il reste donc possible que je n'&eacute;prouve aucun sentiment de culpabilit&eacute; alors m&ecirc;me que je d&eacute;ciderais de continuer &agrave; d&eacute;sob&eacute;ir au code (pourvu que j'ob&eacute;isse vraiment &agrave; ce que ma conscience me dicte). </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre"><em>Remarquons tout de m&ecirc;me que le statut mental de l'homme qui agit sans avoir fait travailler sa conscience et celle de l'homme qui a fait travailler sa conscience n'est pas identique, qu'ils agissent ou non de la m&ecirc;me mani&egrave;re. Le plaisir sexuel qui transgresse un code n'est pas tout &agrave; fait identique au plaisir qui ne le transgresse pas. Le bon petit plat que je ne mijote pas malgr&eacute; les recommandations de ma conscience me fera peut-&ecirc;tre regretter de n'avoir pas su accorder la juste valeur aux simples choses de la vie quotidienne ou d'avoir m&eacute;sestim&eacute; le travail de mes camarades fermiers, etc. </em></p> <p class="turquoisemaigre">&nbsp;</p> </blockquote> <p class="centre">***</p> <p>&nbsp;</p> <p>O&ugrave; en est le code naturel des peuples d'Occident en mati&egrave;re de sexualit&eacute;? </p> <p>Il ne faut pas &ecirc;tre bien savant ni fr&eacute;quenter tous les jours les &quot;<span class="ital">underground</span>&quot; de New York pour constater qu'&agrave; peu de choses pr&egrave;s, tout ce qui appartient au champ du sexuel a irr&eacute;sistiblement tendance &agrave; quitter le champ de la morale pour rejoindre une sph&egrave;re amorale comme celle de l'alimentation ou celle de la reproduction du corps nu dans l'art. (Il n'est m&ecirc;me pas compliqu&eacute; d'en comprendre les raisons: la technologie et l'organisation sociale d&eacute;placent les toxicit&eacute;s, les risques, les cons&eacute;quences...) Le plaisir sexuel devient donc une forme particuli&egrave;re de 'gastronomie &agrave; deux'. </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre petitpetit">Au d&eacute;but de l'&eacute;pid&eacute;mie du SIDA, le monde fut stup&eacute;fait de constater que les homosexuels de New York ou de Los Angeles non seulement &eacute;taient nombreux mais avaient aussi en moyenne plus de cinquante partenaires diff&eacute;rents par an. Je n'&eacute;prouve aucune sympathie ni pour l'&eacute;pid&eacute;mie du SIDA ni pour l'<a href="../rel-exeg/rel-exeg-salomon-tab.htm#0" target="" >&eacute;tique de la transparence</a> en mati&egrave;re de pratiques sexuelles, mais je reconnais avoir appr&eacute;ci&eacute; que le SIDA ait pu enfin r&eacute;v&eacute;ler &agrave; tous quelques non-dits. Ce que le SIDA a mis au grand jour un peu partout dans le monde nous a tous oblig&eacute; &agrave; r&eacute;&eacute;valuer ce que nous croyions savoir de la bonne conscience des &laquo;masses silencieuses&raquo; (&laquo;les autres&raquo; dit-on lorsque l'on veut r&eacute;solument ne pas &ecirc;tre confondu avec cette 'p&egrave;gre' qui vit sous d'autres r&egrave;gles sa sexualit&eacute; &agrave; Los Angeles, en Afrique, en Inde...). On ne pouvait plus continuer &agrave; &eacute;dicter impun&eacute;ment des codes, des d&eacute;ontologies ou des protocoles judiciaires sans &eacute;valuer d'abord plus justement la norme, les 'marginalit&eacute;s' et les inclinations r&eacute;elles des masses silencieuses. Ce silence convenu qui a dur&eacute; des si&egrave;cles &agrave; propos de la dissociation entre le sexe, le genre, la f&eacute;condit&eacute;, la conjugalit&eacute; et l'affection, n'&eacute;tait-il pas finalement l'effet d'une forme de tyrannie exerc&eacute;e par une classe dirigeante peu &eacute;coutante et peu charitable qui r&eacute;digeait un peu trop &agrave; la l&eacute;g&egrave;re ses codes moraux? </p> </blockquote> <p>Vient maintenant la vraie question: est-ce que cette sexualit&eacute; amorale que, par exemple, les ghettos gays de l'Occident vivent d&eacute;j&agrave; 'de fait' est vraiment une proposition &eacute;thique acceptable pour le monde? Peut-on encourager de retirer toutes les pratiques sexuelles non-violentes des codes civils, p&eacute;naux, d&eacute;ontologiques voire religieux? </p> <p>La r&eacute;ponse ne va pas de soi, mais si elle est n&eacute;gative, il faudra bien que le pape au moins (qui d'autre pourrait le faire?) continue de harceler ses ouailles avec ses interdits sans quoi la sexualit&eacute; continuera &agrave; se retirer du champ de la morale 'naturelle'. </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">Encore une fois n'allons pas mal comprendre l'enjeu. Il est certain que ce n'est pas un code qui emp&ecirc;chera un mari de tromper sa femme! Mais &agrave; cause du code, peut-&ecirc;tre le fera-t-il en mauvaise conscience et c'est l&agrave; ce qui est important au niveau d'une soci&eacute;t&eacute;. Monsieur X cache son adult&egrave;re et, pour &eacute;viter le bl&acirc;me de tout le village, il veille &agrave; ce que sa femme 'officielle' continue &agrave; &ecirc;tre bien nourrie et v&ecirc;tue ainsi que ses enfants. Qui osera condamner cet hypocrite compromis sinon les nantis des pays riches ou les femmes et les enfants sont prot&eacute;g&eacute;s par un syst&egrave;me de rentes alimentaires, un enseignement gratuit, une s&eacute;curit&eacute; sociale efficace. </p> </blockquote> <p>Face au rouleau compresseur de la culture occidentale et tenant compte des retards de l'organisation de la protection sociale des femmes et des enfants dans les pays non-occidentaux, le pape est convaincu, &agrave; tord ou a raison, qu'une sexualit&eacute; amorale est dangereuse. Il pense donc devoir et pouvoir limiter la casse en maintenant tant bien que mal la sexualit&eacute; dans le champ de la morale. </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">Pas question ici d'entrer dans les finasseries qui voudraient que, par exemple, la contraception rigoureusement limit&eacute;e au cadre intraconjugal favoriserait la cimentation du couple car il est surtout manifeste et urgent de constater que la contraception simplifie les relations &laquo;ill&eacute;gitimes&raquo;. C'est aux consciences individuelles d'&eacute;tablir les finasseries au cas par cas. Cette lecture 'j&eacute;suitique' du code &eacute;tait d'ailleurs encore possible apr&egrave;s la publication de 'Gaudium et Spes' (VaticanII). C'est l'encyclique 'Humanae vitae' qui a d&eacute;finitivement fait tomber le couperet et oblig&eacute; tout Catholique consciencieux de faire travailler sa conscience pour d&eacute;cider si oui ou non il peut utiliser une m&eacute;thode contraceptive en intra-conjugal. </p> </blockquote> <p>Tous les efforts du pape consisteront &agrave; contrer le courant de d&eacute;moralisation qui est en cours. Il se sent oblig&eacute; en conscience de proclamer avant tout et &agrave; tout bout de champ l'union sacr&eacute;e (et contre-nature) entre la f&eacute;condit&eacute;, la conjugalit&eacute;, et le plaisir sexuel. Il doit donc dire et r&eacute;p&eacute;ter ce qui ne pla&icirc;t &agrave; personne: condamner en bloc tout ce qui pourrait directement ou indirectement mettre en p&eacute;ril cette union sacr&eacute;e. Pas de place donc pour la contraception (y compris le pr&eacute;servatif!), la sodomie, l'onanisme, l'&eacute;changisme, l'adult&egrave;re... Pas de place, sinon celle que chaque individu se cr&eacute;era par sa propre conscience morale bien-s&ucirc;r! Le pape n'ira jamais jusqu'&agrave; vouloir se substituer &agrave; la conscience morale individuelle (et sur ce point, pas une seule bavure dans les &eacute;dits pontificaux!). </p> <p>Le pape croit ainsi pouvoir renforcer la famille, seule alternative valable &agrave; une s&eacute;curit&eacute; sociale digne de ce nom! Son combat est tellement path&eacute;tique qu'il en devient presque beau!</p> <p>&nbsp;</p> <p class="centre">***&nbsp; </p> <p>&nbsp;</p> <p>Y a-t-il vraiment danger pour la famille lorsque la fid&eacute;lit&eacute; sexuelle est en p&eacute;ril? Rien n'est moins s&ucirc;r &agrave; mes yeux mais j'ajoute ici que cela d&eacute;pend de la soci&eacute;t&eacute; dans laquelle on se trouve et du niveau de maturit&eacute; morale/intellectuelle/sociale des partenaires. Personne ne niera, pas m&ecirc;me les psychologues fran&ccedil;ais, que le plaisir sexuel est une colle puissante pour unir les &eacute;poux mais qu'il pourrait aussi &ecirc;tre juste l'inverse d&egrave;s qu'il devient trop facilement accessible hors de la conjugalit&eacute;! </p> <p>Les papes avec leurs arm&eacute;es de confesseurs sont certainement mieux inform&eacute;s que la plupart d'entre nous &agrave; propos du danger r&eacute;el que repr&eacute;sente le d&eacute;sir sexuel d&eacute;brid&eacute; pour la stabilit&eacute; familiale aux Philippines ou en Inde (...). En tout cas, depuis la publication de '<span class="ital">Humanae vitae</span>' leurs engagements furent clairs et unanimes et ils combattent ardemment (plus ou moins adroitement) toutes formes de sexualit&eacute; amorale! Cet engagement cessera-t-il lorsqu'on pourra consid&eacute;rer les femmes et les enfants mieux prot&eacute;g&eacute;s des instabilit&eacute;s familiales dans la plus grande part de la sph&egrave;re catholique? Probablement. La pression de la nature est tellement forte qu'elle en prend des accents proph&eacute;tiques! En dehors des arguments sociologiques, il n'y a en effet <a href="../rel-spir/rel-spirit-genre-tab.htm#defchastete" target="" >pas grand-chose</a> pour soutenir la prise de position pontificale en mati&egrave;re sexuelle. Difficile de trouver des arguments vraiment solides du c&ocirc;t&eacute; de la th&eacute;ologie et des &Eacute;vangiles pour maintenir la sexualit&eacute; dans le champ de la morale. </p> <p>Personnellement, j'ai tendance &agrave; croire qu'il est souhaitable pour l'humanit&eacute; de rompre le lien entre la conjugalit&eacute; et la sexualit&eacute;. Au XXIe si&egrave;cle, dans le nouvel ordre mondial, ce serait justement un moyen de mieux prot&eacute;ger l'union des couples contre les variations de l'intensit&eacute; et des caract&eacute;ristiques du d&eacute;sir chez l'un ou l'autre des deux conjoints. Dans les plus beaux couples que je connaisse, les partenaires sont en mesure d'accepter des activit&eacute;s sexuelles extra-conjugales pour assurer une stabilit&eacute; conjugale d'une nature nettement plus &eacute;lev&eacute;e. C'est devenu possible entre autres par le contr&ocirc;le de la f&eacute;condit&eacute; et par le rel&egrave;vement du niveau de l'&eacute;ducation. </p> <p>Maintenant je suis le premier &agrave; reconna&icirc;tre aussi que ce qui est devenu possible chez nous ne l'est pas devenu sans faire de la casse. Ce ne fut pas trop grave dans notre soci&eacute;t&eacute; qui a su se construire des parapets relativement bons (s&eacute;curit&eacute; sociale, &eacute;cole gratuite, rentes alimentaires...). </p> <p>Ma conviction, c'est qu'il faut malgr&eacute; tout aller de l'avant; <span class="ital">in fine</span> c'est bel et bien encourager une forme plus &eacute;lev&eacute;e de la conjugalit&eacute;. Il faut avoir le courage de dire que la sexualit&eacute; n'est que la sexualit&eacute;, nonobstant Freud et sa clique, nonobstant les &eacute;normes plaisirs vitamin&eacute;s que nous en tirons tous, nonobstant les puissantes motivations altruistes qu'elle peut indirectement stimuler. &Agrave; bien y regarder, m&ecirc;me s'il n'y a pas incompatibilit&eacute; franche, Eros fragilise plus qu'il ne renforce <a href="../rel-spir/rel-spirit-erosphileagape-tab.htm#0" target="" >Philia</a> (la cohabitation entre Eros et Agap&ecirc; est plus facile!). Or Philia, c'est tout de m&ecirc;me l'id&eacute;al conjugal par excellence! </p> <p>Je suis personnellement exasp&eacute;r&eacute; bien moins par le rappel intempestif du code par le pape que par cette mielleuse apologie de la sexualit&eacute; qu'ils aiment parfois ajouter en bas de page depuis une cinquantaine d'ann&eacute;es, comme pour se faire pardonner leurs intransigeances en mati&egrave;re de code. &Agrave; lire et entendre ces addenda inutiles et vaguement faux, on pourrait presque croire qu'en fin de compte, la sexualit&eacute; est a ce point essentielle pour vivre bien son couple que simplement vieillir est une catastrophe! M&ecirc;me dans '<span class="ital">Humanae Vitae</span>' ce type de discours dissonant est pr&eacute;sent. C'est bien l&agrave; que les papes manquent de virilit&eacute;!</p> <p>&nbsp; </p> <p class="centre">***</p> <p>&nbsp;</p> <p>En tant que Chr&eacute;tien, ai-je vraiment le droit de critiquer les prises de positions du pape au nom du refus de ma petite personne de faire un petit travail de conscience pour me d&eacute;barrasser des petites culpabilit&eacute;s que ce pape pourrait faire na&icirc;tre en moi si je n'y suis pas attentif? </p> <p>Quel &eacute;gocentrisme! Quelle pr&eacute;tention! Serais-je donc aveugle aux inconv&eacute;nients que peut entra&icirc;ner une sexualit&eacute; amorale chez ceux qui par leur naissance et leur fortune ont eu moins de chance que moi dans un village philippin, une favela br&eacute;silienne ou une hutte africaine? (Ce sont pourtant bien eux qui forment l'essentiel du contingent catholique!) </p> <p>Est-ce vraiment &agrave; moi, dans mon sofa parisien, d'estimer que le Philippin, le Br&eacute;silien ou l'Africain ne souffrira pas directement ou indirectement d'une dissociation morale compl&egrave;te de la sexualit&eacute; et de la f&eacute;condit&eacute;?</p> <p>Est-ce au nom de la haine de l'hypocrisie et au nom du sacro-saint <a href="../rel-exeg/rel-exeg-salomon-tab.htm#0" target="" >culte de la transparence</a> que je dois, toujours de mon sofa, nier l'importance sociale de ce probl&egrave;me de conscience cr&eacute;&eacute; par le pape d&egrave;s que le sexuel se lib&egrave;re des contraintes conjugales? </p> <p>Des femmes et des enfants ne seront-ils pas les premi&egrave;res victimes de la d&eacute;moralisation de la sexualit&eacute;? Elles et ils le sont d&eacute;j&agrave;!</p> <p>&nbsp;</p> <p class="centre">***</p> <p>&nbsp;</p> <p>Le probl&egrave;me c'est qu'on ne fait pas de fum&eacute;e sans feu en la mati&egrave;re! Le pape ne peut pas s'adresser diff&eacute;remment au Catholique vautr&eacute; dans son sofa de Versailles et au Catholique assis sur un bidon &agrave; Queson-city dans la banlieue de Manille. Le syst&egrave;me m&eacute;diatique ne le permet plus. C'est donc &agrave; chacun de nous d'entendre et d'analyser les encycliques et autres hom&eacute;lies pontificales pour d&eacute;cider ensuite, en conscience, ce qu'il en fera, en fonction de son propre niveau de richesse, de son propre niveau de s&eacute;curit&eacute;, de son propre niveau intellectuel, de son propre environnement social, de son propre niveau d'&eacute;ducation... </p> <p>Qu'un journaliste fran&ccedil;ais &eacute;tale ses convictions dans un quotidien fran&ccedil;ais, passe encore. Mais qu'il d&eacute;nonce de son sofa une hypoth&eacute;tique influence ravageuse du discours pontifical sur les masses africaines... Non! ...Pour qui se prend-t-il? </p> <p>Le SIDA? </p> <p>Allons! allons! Ne nous couvrons pas de ridicule; tous ceux qui travaillent vraiment sur le terrain du SIDA savent aussi que ceux qui n'ont quasi jamais le SIDA en Afrique, ce sont les 'Adventistes du Septi&egrave;me Jours', les 'T&eacute;moins de J&eacute;hovah', les Musulmans et autres adeptes de religions o&ugrave; l'on est autrement stricts en mati&egrave;re de moeurs! Il ne s'agit pas de parler de capotes chez ces gens-l&agrave; pour qui les laxistes sont justement, par excellence, les Catholiques et les Anglicans (les Ath&eacute;es n'existent pas par-l&agrave;, ou si peu!). Les Catholiques, selon eux, tergiversent beaucoup trop autour des lois au nom d'une soi-disant conscience morale individuelle! </p> <p>Voil&agrave; que la question de fond se d&eacute;place. </p> <p>Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs; la morale sexuelle passe avant la morale du SIDA. Pour tout un chacun, il est bien plus lourd moralement de tromper sa femme que de mettre une capote lorsqu'on la trompe. C'est tr&egrave;s bien ainsi et il faut que cela reste ainsi. Qui franchit la Manche &agrave; la nage ne craint pas de traverser la Seine: s'il a le culot de tromper sa femme, rassurez-vous, il aura aussi le culot de mettre une capote. Il ne faut pas prendre tout le monde pour des imb&eacute;ciles. Et s'il ne la met pas, ce ne sera pas &agrave; cause du pape, mais &agrave; cause d'autre raisons moins avouables et avou&eacute;es comme la crainte de l'impuissance, l'alcool, l'ignorance, l'imb&eacute;cillit&eacute;, (...) bref tout sauf de la morale! </p> <blockquote> <p class="turquoisemaigre">L'inaccessibilit&eacute; de la capote m&eacute;rite tout de m&ecirc;me une note particuli&egrave;re: en cas d'inaccessibilit&eacute;, le tr&egrave;s catholique gouvernement des Philippines, le trop catholique pharmacien ou g&eacute;rant d'une surface commerciale, le pseudo-catholique directeur d'&eacute;cole (qui refuse le distributeur) seraient tous clairement coupables aux yeux du pape et aux yeux de Dieu puisqu'ils favoriseraient ainsi le meurtre par virus chez les non-Catholiques ou chez les Catholiques dissidents! </p> </blockquote> <p>Il faudra bien un jour que les Fran&ccedil;ais admettent qu'en certains lieux et pour quelques temps encore, h&eacute;las, la morale est toujours une pr&eacute;vention plus efficace que la technologie contre le SIDA. Je me souviens que trop, alors que je travaillait dans une salle africaine, d'un Adventiste du Septi&egrave;me Jour qui ricanaient d'un Catholiques agonisant: </p> <blockquote> <p><span class="ital">&laquo;...Chez nous, pas de SIDA!&raquo;</span>, criait-il.</p> <p>&nbsp;</p> </blockquote> <p class="centre">***</p> <p>&nbsp;</p> <p>J'ai envie de terminer cette r&eacute;flexion par un petit jeu qui devrait permettre &agrave; mon lecteur de se mesurer &agrave; sa propre ma&icirc;trise de la sociologie du SIDA. Au moins l'exercice aura-t-il le m&eacute;rite de faire sentir au non-professionnel la complexit&eacute; du sujet...</p> <p>Supposons que le poster ci-dessous soit affich&eacute; en grand sur la fa&ccedil;ade d'une &eacute;glise au centre d'une ville. Sur quel groupe de personnes ce poster aura-t-il un effet pr&eacute;ventif? Dans quel groupe ne sera-t-il pas m&ecirc;me compris? </p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p class="petitpetit">(Attention, la question en &eacute;pid&eacute;miologie n'est pas tant de savoir si le poster dit vrai que de savoir s'il risque de faire &eacute;voluer ceux qui ont encore des attitudes &agrave; risques.)</p> <p>&nbsp;</p> </blockquote> <p class="centre"><img src="../../aidspreventionpro/19-web-sin-11bis-en-txtobjet.jpg" width="428" height="606" border="1" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>Chiangmai, ao&ucirc;t 2009</p> <p class="petitpetit">Version 1.02 - Septembre 2010 </p> <p class="petitpetit">Version 1.03 - Janvier 2011 </p> <p>&nbsp;</p> <p>NB</p> <p>J'invite mon lecteur &agrave; entrer dans une analyse plus pointue de la morale en g&eacute;n&eacute;ral et de la morale chr&eacute;tienne en particulier <a href="rel-eth-maturite-tab.htm#0" target="" >en cliquant ici</a>. (l'article est long et parfois compliqu&eacute;).</p> </div> <!--__comoun tao__--> </td> </tr> </table>